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Au rive gauche
31 juillet 2011

"Vanitas vanitatum et omnia vanitas" (Ecclésiaste)

vos_jours_comptes_livre"Pendant mille ans, coupés d'un unique interrègne, la Hongrie et la Transylvanie - trois fois la taille du pays de Galles - ont été gouvernées par les Magyars...
Les anciens propriétaires terriens, de vieille culture hongroise, se sentaient à la fois violentés et abandonnés par l'histoire...
L'étranger de passage aurait été bien en peine de percevoir ne fût-ce que l'ombre de la détresse qui alors planait sur les lieux. Ne survit en moi que le souvenir d'une douceur infinie... Depuis l'arrivée des Magyars il y a dix siècles, les Bánffy comptaient parmi les grands noms qui avaient présidé aux destinées de la Hongrie et de la Transylvanie, et sur bien des murs on peut les voir représentés, dolman jeté sur l'épaule, en tunique de brocart, ceints d'un cimeterre orné de pierreries et coiffés du kalpag de fourrure dont les plumes semblent s'échapper vers le ciel comme des jets de vapeur...
Les hommes de ce temps-là, fussent-ils atteints de myopie, avaient décidé de jeter leurs lunettes aux orties pour les remplacer par d'élégants monocles. C'étaient les mêmes gandins huppés qui, ailleurs, avaient inspiré les dessins de Spy ou de Du Maurier, dont les femmes avaient retenu le pinceau de Boldini ou de Helleu... Chaque nuit l'un ou l'autre perdait au jeu quelques centaines d'hectares de forêts. A l'aube, les amants de ces dames se glissaient hors des draps froissés du lit à baldaquin et filaient discrètement par quelque porte dérobée. Puis on se battait en duel — c'était encore le cas à l'époque où je me trouvais là. La place que tenait alors la politique n'était pas sans rappeler l'heureux temps des romans de Trollope et de Disraeli. Les plaines au loin étaient agitées de mirages, parcourues de chevaux sauvages, des processions effilochées d'oiseaux migrateurs traversaient le ciel. Aussi bizarre que cela paraisse, même si les forêts regorgeaient d'ours et de loups, même si leurs solitudes abritaient buffles en liberté et lilas sauvages, cette campagne transylvaine n'était pas sans me rappeler le climat des récits de Thomas Hardy. 
Bánffy, on le verra bientôt, est un conteur-né. Il s'entend à convoquer tous les démons de l'intrigue, du crime, de l'imbroglio politique et de la passion amoureuse... Il est clair que l'auteur y a mis sa vie, et toute la pénétration d'un esprit hors du commun..." (Extraits de la préface de Patrick L. Fermor)

mission_filmTandis que j'évoquais la possibilité de l'inexistence d'un dieu quelconque avec un ancien de mon village dernièrement, il me rétorqua tout de go" mais pourquoi donc les hommes auraient-ils construit tant de cathédrales, si dieu n'existait pas?". Évoquant sans doute par là le fait que la foi déplace les montagnes, je supposai ! Sans chercher à aller plus avant, je n'insistai pas. Et puis, on a les preuves qu'on peut, me disais-je ! 
Bref, l'oppression n'est pas un vain mot. Dans le sens que lui donne Rousseau, à savoir que : "les citoyens ne se laissent opprimer qu'autant qu'entraînés par une aveugle ambition, et regardant plus au-dessous qu'au-dessus d'eux, la domination leur devient plus chère que l'indépendance, et qu'ils consentent à porter des fers pour en pouvoir donner à leur tour". 
C'est ainsi que la religion devient l'idéologie idéale de l'opprimé. Alors qu'elle n'est tout au plus que la traduction sublimée d'une sujétion qui, elle, n'a rien de divin, tout au contraire. Laquelle illusion pourrait n'être au fond et essentiellement qu'une nécessité psychologique inconsciente ! Méprise vieille comme la nuit des temps, il nous est particulièrement difficile; si ce n'est impossible d'en apercevoir le début. 
Tandis que sa fonction civilisatrice autrefois, de même que son utilisation à des fins mercantiles depuis toujours par les plus puissants, nous sont bien connues aujourd'hui. Et si nous n'avions qu'un mot pour désigner l'origine de ce besoin de nous rassurer à si peu de frais, force nous serait de dire : La mort ! Synonyme de néant. Ce, d'autant plus qu'elle nous est promise très tôt au cours de notre courte existence. 
C'est cette peur endémique que tous les clergés de la terre entière exploitent et usent encore jusqu'à la corde. Jusqu'à la colonisation elle-même qui pour ses besoins avançait le visage masqué, dissimulée derrière quelques missions évangéliques. La corruption puis, si besoin était, la politique de la canonnière s'y substituait toutefois et parachevait le travail,. 
On peut, au surplus, brûler les églises comme au cours de toutes les révolutions, cela n'empêche nullement l'obscurantisme religieux de ressurgir à la première occasion. "Chassez le naturel par la porte et il revient par la fenêtre", nous dit la vox populi. Lequel bon sens populaire a toutes les peines du monde à imaginer un monde qui n'aurait été créé par personne, sans but ni finalité, à moins que ceux-ci ne nous échappent encore. Dieu est mort et bien mort !   >> Lire encore


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