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Au rive gauche
30 juillet 2011

Chauffe, chauffe Marcel ! (J. Brel)

tambours_livre"C'est vrai : Baoqing et sa fille mettent leur art au service de leur pays en acceptant de chanter sans être payés pour stimuler le sentiment patriotique de leurs concitoyens. On peut cependant remarquer que la guerre contre les Japonais n'est que la toile de fond sur laquelle se déroule l'histoire. Les Japonais n'apparaissent que pour semer la mort et la désolation en bombardant Chongqing. Contrairement à d'autres œuvres de Lao She, ils n'apparaissent jamais en chair et en os, et ce sont bien des Chinois (seigneurs de la guerre, fonctionnaires, hommes de main ou voyous) qui mènent la vie dure à nos personnages. C'est bien sa mère qui veut la vendre comme concubine et ce sont bien des Chinoises qui refusent d'étudier en compagnie d'une chanteuse, etc. D'ailleurs, la guerre était finie depuis longtemps lorsque Lao She écrivit le roman et il n'était plus nécessaire d'exalter l'esprit de lutte contre l'envahisseur. Les proches et biographes de Lao She tiennent aussi à insister sur son amour des humbles. Son fils souligne le fait qu'il n'était pas courant à cette époque qu'un intellectuel s'abaisse à fréquenter ces artistes populaires qui se situaient aux plus bas niveaux de l'échelle sociale. Grâce aux liens d'amitié qu'il avait établis avec eux, il aurait réussi à modifier certains de leurs comportements hérités de l'ancienne société et il aurait permis à la jeune fille d'échapper à la tyrannie de sa mère adoptive pour épouser l'homme qu'elle aimait au lieu d'être vendue comme concubine. Lao She se confondait donc bien avec le personnage de Meng Liang... Il nous semble pourtant, et les lecteurs ne nous démentiront sans doute pas, que le personnage principal du roman est bien Grâce, la fille adoptive de Baoqing, et sa lutte pour la liberté, la liberté pour la femme d'aimer et de choisir elle-même son mari...
Le mariage, sans lequel la femme n'existe pas, ne mène à rien sans l'amour. Phénix, la fille de Baoqing, qui a épousé un mari choisi par son père, se retrouve dans la même situation que sa sœur adoptive qui doit élever son enfant illégitime...
Actualité de Lao She ? Alors que l'avortement ne pose aucun problème et lui serait même pratiquement imposé, il faudrait encore aujourd'hui beaucoup de courage à Grâce si elle avait l'idée saugrenue de vouloir garder et élever seule son enfant car elle risquerait de ne pas avoir la vie facile..." (Préface du traducteur)

arbre_aux_sabots_filmEn compagnie toujours de feu mon frère Marcel, nous abordons aujourd'hui le volet économique, aspect existentiel non négligeable au sein de notre famille au cours des années 1950/60. Dans la mesure où il nous aurait paru saugrenu, voire très égoïste, de vouloir conserver par devers nous notre propre paie. Selon une tradition ancestrale dans nos campagnes, qui voulait que la famille se transforme économiquement en une véritable petite entreprise de type artisanal. Construire, s'installer puis travailler ensemble, telle était la méthode idéelle qui paraissait la plus économique, jusqu'à ce qu'une mésentente confraternelle vienne y mettre fin. 
Dans son livre sur L'origine de la Famille et de la propriété privée, Engels remarquait lui-même la survivance de ces maisons au sein desquelles vivaient plusieurs familles de paysans, dans le Haut-Doubs. Ceci, sous la tutelle des grands-parents, là où il n'était pas rare qu'une belle-fille dût attendre sa cinquantaine passée avant de devenir la véritable maîtresse de maison ! 
Ceci écrit, l'extension du versement trimestriel des allocations familiales aux paysans et artisans nous fournira, pendant de nombreuses années, la seule véritable trésorerie. Faute de quoi, les liquidités étaient plutôt rares à la maison. 
L'introduction du machinisme (à moins que ce ne soit du capitalisme) suite à La Seconde Guerre Mondiale aura raison de ce vieux mythe "chrétien" de la solidarité confraternelle. 
La mainmise progressive du Crédit Agricole qui en résultera, à défaut duquel il était impossible à qui que ce soit de se procurer le matériel devenu indispensable, parachèvera ce processus. Dévoreuse d'hommes, l'industrie absorbera le surplus de main d'œuvre ainsi dégagé. 
De telles mutations n'auraient pu se produire sans heurts, ni ruines et autre catastrophes, si elles n'avaient eu lieu au sein d'un des pays les plus riches de la terre. Lesquelles nations impérialistes, on le voit bien aujourd'hui encore, ont toujours la possibilité de faire supporter le poids de leur propre dette par d'autres, plus pauvres. Paix sociale autour des coffres forts oblige ! Sans laquelle c'est le crash des marchés financiers tant redouté. Vive la crise !   >> Lire encore

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