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Au rive gauche
31 mai 2011

Dieu joue-t-il aux dés ? (suite)

La bible et l'histoirenaissance-de-dieu-livre
"C'est le 3 décembre 1872 que la Bible a perdu à jamais sa prérogative immémoriale d'être "le plus ancien livre connu", "un livre pas comme les autres". Ce jour-là, devant la débonnaire Society of Biblical Archaeology de Londres, G. Smith, l'un des premiers assyriologues, lesquels, après cinquante années d'acharnement et de génie à déchiffrer l'écriture cunéiforme, commençaient à inventorier le trésor des tablettes sorties du sol de l'antique Mésopotamie, annonça une extraordinaire découverte qu'il venait d'y effectuer : il y avait trouvé une histoire fort proche, même par les détails les plus significatifs, du récit biblique du Déluge, mais qui lui était antérieure et l'avait manifestement inspiré. Du coup, la Bible rentrait dans le courant de la littérature universelle et prenait place parmi la chaîne sans fin des œuvres rédigées par les hommes, avec cet enchevêtrement de création originale et de dépendance à l'égard de sources préalables, de faillibilité et de clairvoyance, qui marque tout l'avancement de la pensée humaine...
Le propre de la foi, c'est d'ajouter, au monde et aux choses tels qu'ils sont, une dimension surnaturelle perceptible aux seuls croyants ; de raccorder l'univers à un univers superposé dont elle seule assure la vision et la certitude. Si le lignage et le comportement humains de Jésus n'ont jamais —au contraire ! — empêché ses fidèles de voir en lui aussi une nature et un pouvoir divins, en quoi l'humanité de la Bible les découragerait-elle d'y percevoir la Parole de Dieu ? Seulement, cette Parole, eux seuls peuvent l'entendre.
Mais à partir du moment où l'on s'est avisé que la Bible fait partie de ce vieil et énorme héritage que nos pères nous ont légué, comme tant d'autres monuments de leur pensée, de leur littérature et de leur art, nous voici comme obligés, non seulement d'y rechercher ce qu'eux voulaient nous y dire, mais de l'y rechercher avec les moyens de notre bord et que nous utilisons aussi bien pour comprendre le sens et la portée de l'Énéide, de l'Odyssée, de l'Épopée de Gilgamesh." J. Bottéro

Epopee-gilgamesh-film"Toute critique commence par une critique de la religion" a dit Marx, je crois. Toujours est-il que c'est ce par quoi j'ai commencé. En cessant de pratiquer la religion de mes parents, à la suite d'Abel mon frère aîné, tout juste décédé. Ce dont je lui serai toujours reconnaissant. De là à découvrir puis à admettre ensuite que tout texte à prétention religieuse ne se résume qu'à de la poésie antique, il y avait encore du chemin à parcourir.
Du point de vue de la philosophie matérialiste, il se peut que l'apparition de la bible soit idéologiquement l'expression de la victoire des agriculteurs et éleveurs sur les chasseurs cueilleurs. Autrement écrit, en un, la défaite du nomadisme et, en deux, la victoire du sédentarisme ! D'où la signification symbolique du meurtre de Caïn le cadet qui, dans la mythologie chrétienne, tue son frère Abel l'aîné des deux. Le triomphe du progrès, en somme !
De ce point de vue, nous considérerons que l'apparition d'un dieu unique soit une réelle avancée, malgré toutes les limites qu'on peut encore y voir. De même que le début de la décadence du phénomène religieux déiste, à laquelle nous assistons.
En effet, élever notre regard "adorateur et reconnaissant" vers le ciel et non plus seulement en direction des seuls objets de première nécessité, voire de certains animaux élevés au rang de divinités, nous demande déjà un certain niveau de développement économique, social, culturel et politique. En un mot : La conscience.
En contrepartie, cela suppose l'existence d'une monstrueuse bureaucratie, coûteuse et nécessairement conservatrice, voire réactionnaire. À partir du moment où celle-ci, tel un organisme vivant, se mettra rapidement à défendre sa propre existence, contre l'intérêt général s'il le faut ! Cela dit, la question religieuse dépasse plus qu'on le croit le fait de savoir s'il existe un dieu créateur de tout, avec à la clef une éternité ou non !
L'approche psychanalytique de la question religieuse fait ressortir d'autres suggestions, telle que l'existence d'un univers inconscient et fétichiste au sein de chacun de nous. D'où une identification à tout ce qui peut illusoirement nous protéger. Phénomène que les nantis et autres profiteurs ont su exploiter largement, mais qu'ils n'ont pas créé. La peur obsessionnelle du néant pourrait bien être à la source de tout charlatanisme, religieux on non d'ailleurs. Nos politiciens de tous bords en savent quelque chose ! Eux, qui rasent gratis avant toute élection. Et, qui nous présentent la note après ! >> Lire encore


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