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Au rive gauche
30 mai 2011

Dieu joue-t-il aux dés ?

"II n'y a d'intéressant sur la terre que les religions", notacultes-mythes-religion-livreit Baudelaire dans ses Journaux intimes. Salomon Reinach (1858-1932) fut de son avis, puisqu'il consacra sa vie entière à l'étude des cultes, des mythes, des croyances, des superstitions. De l'Antiquité gréco-latine à la Gaule gallo-romaine, rien n'échappait à sa curiosité. Et si les frères Goncourt avec leurs manies de "bibeloteurs" sont à l'origine du musée Carnavalet, Salomon Reinach est un des promoteurs du musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, le musée qui nous renseigne le mieux sur nos origines lointaines, sur nos sources païennes et sur le début du christianisme en France.
Salomon Reinach n'étudie pas seulement la manière dont ont été domestiqués nos animaux, il s'est également intéressé aux coutumes de mariage de nos ancêtres, au totémisme druidique et à Vercingétorix, à la figure d'Orphée et aux vestales romaines, aux cathares et à Gilles de Rais, à Jeanne d'Arc et à l'Inquisition…
De 1905 à 1923, il a réuni dans cinq gros volumes intitulés 'Cultes, mythes et religions', des études dont la plupart font toujours autorité. Nous en avons retenu les plus importantes ; toutes ont été préfacées par Hervé Duchêne. L’éditeur

Et-au-milieu-coule-une-riviere-filmLa seule philosophie qu’eurent nos parents, s’ils en eurent jamais une, ne dépassait pas ce qu’ils apprirent au catéchisme. C’est dire s’ils ne pouvaient pas aller bien loin avec cela. À moins de proclamer intérieurement que l’on a toujours raison ! Autre maxime complémentaire de la première, ne l’oublions pas.
C’est ainsi que tout leur échappera, ou presque. Tandis qu’a contrario ils eurent le sentiment de tout maîtriser. À condition toutefois de ne pas quitter leur propre communauté, ni de perdre leur clocher de vue.
Hors de leur village, les choses leur apparaissaient différemment. C’est alors qu’ils se faisaient tous petits. Tels les paysans de Kurosawa, dans les 7 Samouraïs
"Rien ne sert à l’homme de gagner l’univers, nous répétait doctement notre père, s’il vient à perdre son âme !" Sans véritablement se préoccuper de savoir si nous en avions une ou non, d’une part. Puis, d’autre part, estimer raisonnablement les chances que nous avions de nous enrichir ! Or, renchérissait notre mère, "si l’évêque (qui à ses yeux passait pour un homme instruit) le proclamait c’est que cela devait être vrai". Et la messe était dite.
Voilà, entre autres choses, ce que notre frère Abel, aujourd’hui décédé, leur reprochait. Sans se douter, lui-même, que nous n’avions, quant à nous, que peu dépassé ces façons de voir le sens de la vie, pour nous-mêmes et pour notre descendance… Inconsciemment surtout ! C’est là que le bas blesse surtout pour nous. À condition toutefois de considérer que la transmission se fasse sur trois générations au moins. Tout en considérant, au surplus, que les conditions économiques, sociales, historiques et politiques aient aussi leur mot à dire.
Ceci précisé, il se pourrait néanmoins que la capacité d’adhésion de nos parents, à telle ou telle conception, ait davantage joué un rôle dans notre développement que le contenu lui-même des idéaux auxquels ils croyaient. Sans toucher au fanatisme pur et simple, il se pourrait que nous, les enfants, ayons véritablement cru que nos parents croyaient à ce qu’ils professaient ! Sans que cela ne dépasse de loin la foi du charbonnier qui se dit qu’à force de prier, il finira bien par croire. Bref, il y a encore du chemin à faire. >> Lire encore


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