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Au rive gauche
15 mai 2011

Analyse concrète d'une situation concrète !

mai68_Renault_livre"Si les syndicats n'ont pas déclenché la grève, ils en font néanmoins partie et les Comités de grève sont le plus souvent formés de syndicalistes au titre de leur expérience, auxquels viennent s'ajouter des non-syndiqués, ce qui donne parfois un tour non conformiste aux débats. L'élection des Comités de grève (révocables par l'Assemblée souveraine) est rarement placée sous le contrôle direct des ouvriers. Par ailleurs, les prises de parole dans les assemblées ressemblent plutôt à des séances d'informations qu'à une discussion. À Javel-Citroën, ces assemblées comptent beaucoup plus de participants qu'il n'y a d'occupants. Chez Renault (ci-contre), se tient chaque jour un meeting pour informer les travailleurs et faire le point. Chez Thomson, sont créés des Comités de base par service.
Pendus et squelettes sont fréquents aux portes des usines en grève (page de gauche, chez Citroën-Javel). Le pouvoir ne fait plus peur, on s'en moque, on le met à mort.
À la porte E de l'usine Berliet de Lyon, rebaptisée Liberté, anagramme de Berliet, pend l'un de ces épouvantails avec l'inscription "Je vous ai compris ?"
Mai 68, Jour et nuit. Gallimard.


bal_Scola_filmMai 68, c’est aussi le retour du drapeau rouge, de l’Internationale et du poing levé dans les manifestations. Avec le retour du marxisme, la philosophie descendit dans la rue. Nous n’entendions plus parler que de métaphysique, matérialisme historique et dialectique etc., mais pas d’écologie. Ce qui était loin de me déplaire.
Des comités de grève se créaient un peu partout. Bien qu’ils n’aient été bien souvent composés que de syndicalistes, à la solde de leurs directions. Ces dernières n’ayant rien eu de plus pressé que de renvoyer les ouvriers chez eux. Qui en profiteront pour retapisser la chambre du petit, retourner le jardin etc. Les travailleurs n’étant convoqués qu’à l’occasion des meetings ou autres manifestations, au cours desquelles les chapelles syndicales se faisaient une concurrence des plus acharnées. Et puis, le contact des ouvriers avec les étudiants était des moins souhaité. La surenchère : telle était le mot d’ordre !
À Besançon, le syndicat tout nouvellement baptisé : CFDT s’empressait de "mettre" le plus d’usines possibles en grève, concurrence avec la CGT oblige. C’est ainsi que je fis partie de certaines escouades qui, dès 5h du matin, se positionnaient devant les quelques usines qui tournaient encore, tel un piquet de grève. Afin d’arrêter les premiers ouvriers arrivant sur leur lieu de travail ! Stopper les suivants n’était plus qu’une formalité. Les ouvriers repartaient aussi guillerets que des élèves qui partent en vacances.
Cependant une réalité me sautait aux yeux : seuls les ouvriers de Rhodiacéta se montrèrent capables de monter sur le premier muret ou autre obstacle venu, afin de prendre un micro et de s’adresser aux autres travailleurs. De mon côté, j’aurais bien été en peine de pouvoir le faire. Autant avouer que c’est là que ma décision d’aller m’y faire embaucher, me vint pour la première fois à l’esprit !
Et puis les jours passaient. Rares étaient les informations qui filtraient ou arrivaient jusqu’à nous. Le téléphone arabe marchait à fond ! C’est ainsi que nous entendimes Mitterrand dire qu’"il faisait don de sa personne…" Trop tôt, cependant ! Car, il lui faudra encore attendre son heure. Néanmoins, ça grouillait, côté gauche officielle.
Profitant, de l’aubaine qui leur était offerte et qui ne se représenterait pas de sitôt, les directions syndicales se précipitèrent au ministère du travail, dès que la porte s’entrouvrit. Où elles s’empresseront de signer les accords dit de Grenelle, qui leur faisaient la part belle. Belle prise !  >> Lire encore

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