Le temps ne fait rien à l'affaire !

La Sorbonne occupée
"Le plan d'occupation du bâtiment est dressé, chaque salle est attribuée à un comité particulier. Entre ces comités, règne parfois une certaine animosité, des rivalités groupusculaires. Ce qui prime cependant, à la lecture des tracts, c'est le parallélisme établi entre l'action ouvrière et l'action étudiante : "1936 : les ouvriers occupent les usines, 1968 : les étudiants occupent les facultés", proclame un tract du 14 mai, signé Comité d'action. Empruntés aux formes de la démocratie directe, les comités d'action dans des domaines diversifiés - l'université, les quartiers, les entreprises - doivent assurer le lien entre le monde étudiant et les autres secteurs de la vie sociale. L'Assemblée générale est censée concentrer tous les pouvoirs de la Sorbonne occupée, nommer et révoquer le Comité d'occupation. Ce mode d'organisation, même limité à une Sorbonne libérée de l'Etat, veut s'inspirer de l'organisation en conseils, espaces collectifs de délibération et de décision. Sur ces pages, la Sorbonne occupée, à l'extérieur et à l'intérieur, le jour et la nuit." Découverte Gallimard

Mai 68 c’est avant tout et surtout, le retour de la politique et du marxisme révolutionnaire dans la vie quotidienne des travailleurs, ainsi que de celle des étudiants.
Disposition que la guerre froide et quelques autres choses encore avaient presque reléguée aux oubliettes. La jeunesse redécouvrit le marxisme et en fit son pain quotidien, sous de multiples formes telles que le maoïsme, le marxisme léninisme (autrement dit du néo-stalinisme) et le trotskysme enfin.
Le plus simple et le plus spontané était de commencer par le maoïsme, diffusé à toutes les sauces. Ce fut en quelque sorte mon cas ! Car l’attitude du PCF, de même que sa stratégie au cours des ces évènements, l’avaient amené à l’affrontement avec le mouvement gauchiste naissant. Comme pour tenter de tuer le fruit dans l’œuf, en vain ! Et puis, coincé entre sa base ouvrière et la volonté indéfectible de donner des gages de bons et loyaux serviteurs à la bourgeoisie française, le PCF fut condamné au grand écart avec les résultats que l’on connait !
Bref, tout frais moulu sorti de son "opposition" à la sale guerre d’Algérie à la gauche de la gauche officielle, le PSU de Michel Rocard me tendait les bras. Ce, d’autant plus que quelques-uns de ses membres, bien connus localement, étaient des cadres de la CFDT et pour certains travaillaient à Rhodiacéta comme moi. J’y adhérai sans hésitation.
Porté par la vague contestataire, je m’attachai à me doter de la seule théorie issue du mariage entre les luttes de la classe ouvrière internationale et la philosophie allemande, à savoir : le marxisme révolutionnaire. L’anarchisme ayant fait long feu assez rapidement, je m’orientai à gauche toutes !
Un jour qu’il était interviewé sur les origines de son militantisme, Michel Rocard avait esthétiquement évoqué l’hypothétique présence "d’un vieux militant trotskyste" là il était allé travailler, ainsi que le faisaient les étudiants auparavant. Effet de manches assurément en ce qui le concerne, ce fut cependant mon cas, ou presque.
Ex-secrétaire de Léon Trotsky, Michel Craipeau, en effet, avait "atterri" au PSU pour des raisons sur lesquelles nous ne nous étendrons pas aujourd’hui. Mais, c’est là que je le rencontrai, lui qui m’amènera doucement mais sûrement vers le mouvement trotskyste, que je ne quitterai plus.
L’agitation retombée, les organisations trotskystes seront les seules à pouvoir y survivre. Mieux même, elles s’orienteront à destination de la classe ouvrière avec un certain succès. Malgré tous les obstacles que le PCF, mit en travers de leur route ! Laquelle est encore longue.
"Seule la vérité est révolutionnaire !" auraient pu scander les soixante-huitards. À moins qu’ils ne l’aient fait. 
>> Lire encore