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Au rive gauche
20 décembre 2011

"Bien creusé, vielle taupe" (Révolution mondiale) Marx

marx_engles_razianov_livreSeptième Conférence (Partie 2/2)
À cette époque, l'insurrection polonaise venait d'être réprimée avec une férocité inouïe par le gouvernement tsariste. L'adresse n'en parle presque pas. Pour vous donner une idée de son caractère, je vous en lirai le passage suivant :
"La fraternité des peuples est extrêmement nécessaire dans l'intérêt des ouvriers. Car chaque fois que nous essayons d'améliorer notre situation au moyen de la réduction de la journée de travail ou de l'augmentation des salaires, les capitalistes nous menacent d'embaucher des ouvriers français, belges, allemands qui accompliront notre travail pour un prix moins élevé. Par malheur cette menace est souvent mise à exécution. La faute certes, n'en est pas aux camarades du continent, mais exclusivement à l'absence de liaison régulière entre les salariés des différents pays. Il est à espérer néanmoins que cette situation prendra bientôt fin, car nos efforts pour arriver à mettre les ouvriers mal payés au même niveau que ceux qui reçoivent des salaires élevés empêcheront bientôt les entrepreneurs de se servir de quelques-uns d'entre nous contre les autres pour abaisser notre niveau de vie, conformément à leur esprit mercantile."
Bisly et envoyée à Paris qu'en novembre 1863. À Paris, elle servit de matière pour l'agitation dans les ateliers. Mais la réponse des ouvriers français se fit longtemps attendre. On se préparait alors à Paris aux élections complémentaires au corps législatif, qui devaient avoir lieu en mars 1864. Et, à cette occasion, un groupe d'ouvriers, parmi lesquels Tolain et Perrachon, posent une question très importante : Les ouvriers doivent-ils avoir leurs propres candidats ou se borner à soutenir les candidats radicaux ? En d'autres termes, faut-il se séparer nettement de l'opposition bourgeoise et intervenir avec une plate-forme spéciale ou se traîner à la remorque des partis bourgeois ? Cette question fut ardemment discutée à la fin de 1863 et au début de 1864. On résolut d'intervenir séparément et de poser la candidature de Tolain. On décida en même temps de motiver cette scission d'avec la démocratie bourgeoise dans une plate-forme spéciale qui, d'après le nombre de signatures, reçut le nom de Manifeste des Soixante.
Dans sa partie théorique, dans sa critique du régime bourgeois, ce manifeste est entièrement dans l'esprit du proudhonisme. Mais, en même temps, il s'écarte nettement du programme politique du maître, préconise la formation d'une organisation politique spéciale des ouvriers et demande que l'on pose la candidature des ouvriers au Parlement afin de pouvoir y défendre les intérêts du prolétariat. Proudhon approuva chaudement le Manifeste des Soixante et écrivit à ce sujet un livre qui est un de ses meilleurs ouvrages. Il y travailla les derniers mois de sa vie, mais mourut avant sa parution. Cet ouvrage est intitulé Des capacités politiques de la classe ouvrière. Proudhon y reconnaît aux ouvriers le droit d'avoir une organisation de classe indépendante. Il approuve le nouveau programme des ouvriers parisiens, dans lequel il voit la meilleure preuve des immense capacités politiques que recèle la classe ouvrière. Quoiqu'il maintienne son ancien point de vue sur les grèves et sur les associations d'entraide, son livre, par son esprit de protestation contre la société bourgeoise et sa tendance prolétarienne, rappelle son premier ouvrage sur la propriété. Cette apologie de la classe ouvrière est devenue un des livres préférés des ouvriers français. Et lorsqu'on parle de l'influence du proudhonisme à l'époque de la I™ Internationale, il ne faut oublier que c'était là le proudhonisme tel qu'il s'était constitué après la publication du Manifeste des Soixante. Sous cette forme, le proudhonisme a eu une grande influence sur les vues des intellectuels révolutionnaires russes. L'œuvre posthume de Proudhon a été traduite en russe par un de nos publicistes, N. Mikhaïlovsky, auquel elle a beaucoup appris.
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emepereur_nord_filmÉtant donnée sa longueur initiale, nous avons décidé de donner à lire cette 7e conférence en 2 parties successives. Tout en nous disant que ce petit retour en arrière attentif, quant aux conditions qui présidèrent à la création du premier parti mondial de la révolution ouvrière, ne saurait nous faire du tort. Tout au contraire. Tel un retour sur nous-mêmes.
promenades_londres_livreAu vu des résultats, enfin, c'est probablement ce qui a manqué aux manifestants du printemps arabe. Qui dès lors que "c'était parti" ne pouvaient pas tout faire non plus. Mais se retrouvent à devoir tout recommencer !
C'est ainsi que sur la base des plus avancés d'entre eux, Marx fit en sorte de pouvoir s'associer les plus timorés, sans sectarisme aucun. Y compris ceux qui se trouvaient encore à militer sur les bases d'un programme démocratique bourgeois. De telle sorte que ce n'est pas lui qui les chassera de la nouvelle organisation, mais que ce sont eux qui la quittèrent. Contrairement à ceux qui se comportèrent en adversaires et qui furent empêchés de nuire aux intérêts de l'association. Bref, c'est ce que feront les bolchevicks, quelques dizaines d'années plus tard. Et ce que nous devrons encore faire, si toutefois l'occasion se présente. De sorte que Marx fut l'inventeur de la tactique dite du "Front Unique", généralement attribuée aux trotskystes. Laquelle tactique peut se résumer ainsi : Marcher séparément, mais frapper ensemble !
C'est ce qu'ignore Eva Joly la "triple buse" des Verts qui, à l'occasion des grèves qui se sont produites dans les aéroports lors des départs en vacances, a une nouvelle fois perdu une belle occasion de se taire. En se prononçant pour la divulgation d'une loi qui imposerait aux syndicats : la négociation d'abord, avant tout recours à la grève. Comme si la négociation n'était pas déjà le cas en permanence ! Syndicats et patrons ne cessent de se rencontrer. Et si les syndicats en sont venus à devoir bloquer les aéroports, c'est bien parce que les patrons avaient de leur côté bloqué toutes nouvelles avancées, sur la base des revendicatiom_moires_chemise_rouges_livrens des salariés. Enfantin !
Encore qu'il n'y ait rien qui ne nous surprenne de la part d'Eva, qui n'en est pas à son coup d'essai. Et, nous n'avons pas encore tout vu. Au sens où elle n'a jamais été à la tête d'un ministère ! Pas plus que Hollande non plus d'ailleurs. C'est sans doute ce qui a paru être sa force à ce dernier. À qui il est difficile de pouvoir reprocher telle ou telle exaction, contrairement à la miss Ségolène, laquelle a déjà fait ses preuves, ainsi qu'ils le disent.
En France, Alexandre Millerand fut le premier socialiste à avoir véritablement brigué des responsabilités gouvernementales et présidentielles, fin 19e siècle et début 20e siècle. Ça n'a jamais cessé depuis. Avec les résultats que l'on sait. Nous ne parlerons pas de Mitterrand qui, lui, n'était pas plus socialiste que ma grand-mère... Et si les illusions n'étaient pas encore aussi répandues à gauche, sur les possibilités de changer quelque chose en accédant au gouvernement de la bourgeoisie, nous ne parlerions pas davantage de ceux qui se sont présentés aux primaires, sous l'étiquette du parti socialiste. Et si le Parti Communiste Français (appelé Section française de l'Internationale Communiste, jusqu'à la dissolution de la 3e Internationale) fut si longtemps écarté des maroquins ministériels, ce n'est pas en fonction de la dangerosité qu'il représentait pour les intérêts de la bourgeoisie. Mais, parce qu'il se montrait par trop sensible à sa base électorale. Sa collaboration au sortir de la Seconde Guerre Mondiale ("Il faut savoir terminer une grève", dixit Maurice Thorez) n'y suffit pas. Les 4 ministres communistes de Mitterrand quittèrent le parti. Réelle ou supposée, cette crainte fit que le PCF présentait moins de garanties que le PS (héritier de la SFIO déconsidérée), toujours prêt à se compromettre.
Gauche ou droite, toutes deux essaient d'imprimer une ambiance de type : union nationale face à la crise. On a déjà donné.



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