Comment faire du neuf avec du vieux ? (Montebourg)

"Sur ma proposition, la section d'agitation du comité moscovite du PCR avait décidé, en mai 1922, d'organiser près de l'Académie Socialiste des cours de courte durée sur le marxisme. "Le but de ces cours était de fortifier la préparation marxiste et de donner un système pour leurs études ultérieures aux camarades employés dans le parti, les syndicats ou l'économie"...  L'âge des auditeurs (plus de 50 % âgés de 30 ans et plus), leur stage dans le parti (69 affiliés au parti avant octobre 1917, 64 en 1918 et 1919), leur situation sociale (plus de 80 % de prolétaires) et leur assiduité aux cours (80 personnes n'ont pas manqué une seule conférence) montraient qu'ils avaient sérieusement le désir de s'instruire. On escomptait que les cours seraient prolongés. Mais la section d'agitation du comité moscovite en a décidé autrement...
Je fus chargé du cycle historique. Je dus tenir compte du fait que mes camarades avaient pris des sujets déterminés. Je m'étais proposé de faire aux cours suivants l'exposition des points de vue économiques de Marx, mais je consacrai ma dixième conférence à un bref aperçu du Capital et à la question : Comment lire le Capital ? Cette conférence sera publiée séparément, revue et complétée...
Il me reste à dire quelques mots sur le caractère de ces conférences. Autant que me le permettait le sujet, j'ai tâché d'être populaire. J'espère que ces conférences seront parfaitement accessibles aux lecteurs en état de comprendre mon commentaire au Manifeste communiste écrit pour les élèves des écoles du parti. Ces derniers, préparés déjà dans le parti, avaient tous préalablement, sur mon conseil, lu les opuscules de Zetkine et de Steklov sur Marx. Comme j'ai pu le constater par les questions que je leur ai posées, il y en avait parmi eux qui avaient lu le livre de Mehring... Pour les professeurs de nos écoles du parti, j'ajouterai que ma méthode, comme ils le remarqueront eux-mêmes, diffère considérablement non seulement de celle de Mehring, mais aussi de celle des autres biographes de Marx et d'Engels ainsi que des historiens de l'Internationale. Le caractère de mes conférences m'a fait renoncer à tout appareil scientifique sous forme de références et de remarques, et ce n'est que très rarement que je me suis permis quelques citations. Je puis dire néanmoins que mes déductions sont basées sur une longue et minutieuse étude non seulement de tout ce qui a été publié, mais aussi de nombreux matériaux puisés dans des archives diverses et qui, pour la plupart, ont été exhumés par moi de la poussière et de l'oubli." 18/04/1923. D. Riazanov

C'est, de notre part, faire beaucoup d'honneur à Arnaud Montebourg que de lui accorder une place dans nos colonnes. Suite à la lettre publique qu'il vient de faire parvenir à ses "deux compères", tous deux rescapés du premier tour des primaires socialistes de dimanche dernier. À ceci près et toute mauvaise volonté mise à part, que c'est véritablement la montagne qui accouche d'une souris.
Bref, placés à l'extrême gauche du P.S. par les média (si toutefois il y en a une), Montebourg tente de gauchir quelque peu le programme du P.S (s'il existe) et paie son loyer. Au sens où c'est lui qui endosse le discrédit d'un discours "social-démocrate", nécessaire en direction des travailleurs.
Mais, pour que la bourgeoisie ne le prenne pas pour un irresponsable, il déborde ses colistiers sur leur droite et ose écrire: "il faudra bien assumer" (allusions aux conséquences des crises à répétition du système bancaire), dans la perspective où un président de gauche remplacerait celui de droite. Au PS c'est un coup à droite, puis un coup à gauche !
Ceci dit, le "contre programme" de Montebourg inhale pour le moins une forte odeur de : la patrie est en danger ! Inspiré de "feu le programme commun", resucé lui-même de celui du Conseil National de la Résistance. Ce projet électoral transpire "les nationalisations" à plein nez. Sauf qu'on a déjà donné. Ces annonces, Montebourg les emprunte beaucoup à celles de Chevènement et de Mélenchon compris. Lesquels ne vont pas tarder à se manifester, soit pour récupérer quelques marrons tirés du feu par Montebourg, soit pour s'en démarquer ! Ça va dépendre des réactions, électoralisme oblige !
En lui-même, ce tapage médiatique ne mérite pas un très grand intérêt de notre part. En réalité, tout se passe en coulisse. C'est trop édulcoré, collet monté, à fleuret moucheté enfin pour soulever les masses.
Désormais, les partis de gauche ressemblent, à s'y méprendre, à ceux de droite. Au sens où ils ne sont plus devenus que des machines à investir, à faire élire. À l'américaine, de surcroît ! Et, la gauche de défier la droite d'en faire autant, sans honte aucune du ridicule. La belle affaire, n'est-ce pas ? Disons seulement qu'un parti qui a 4 candidats à la candidature, n'est qu'une fédération de quatre partis. Lesquels sont toujours à négocier les places de parlementaires, si ce n'est celles des députés européens, des mairies, des conseils généraux et autres places dans les régions. Et, s'ils en ont appelé à la base pour les départager, c'est qu'ils étaient incapables de le faire eux-mêmes.
En conclusion, nous dirons que, quoi qu'il arrive, Montebourg est déjà largement remboursé d'avoir eu le premier cette idée des primaires. Lui qui, sans ce battage médiatique public, serait passé directement à la trappe ! Désormais, il peut au moins espérer un strapontin de secrétaire d'État, voire mieux. À condition qu'il ne se trompe pas de cheval cette semaine ! Notre avenir ne dépend pas de ces petits marchandages, privés ou publics. Petite piqûre de rappel : "Élections, pièges à cons", disions-nous en Mai 68, en réponse à Mitterrand. Or, personne ne pensait à des primaires. Comme si nous n'avions pas assez de ces mascarades électorales, sans cette dernière dérision...
Vive la dictature du prolétariat !     >> Lire encore