Il n'y a pas de sauveur suprême ! (Marx)

"L'OUVRAGE forme la suite d'un écrit publié en 1859, sous le titre de : Critique de l'économie politique...
Dans toutes les sciences le commencement est ardu. Le premier chapitre, principalement la partie qui contient l'analyse de la marchandise, sera donc d'une intelligence un peu difficile... La forme de la valeur réalisée dans la forme monnaie est quelque chose de très simple... D'un autre côté, l'analyse des formes économiques ne peut s'aider du microscope ou des réactifs fournis par la chimie ; l'abstraction est là seule force qui puisse lui servir d'instrument. Or, pour la société bourgeoise actuelle, la forme marchandise du produit du travail, ou la forme valeur de la marchandise, est la forme cellulaire économique... A part ce qui regarde la forme de la valeur, la lecture de ce livre ne présentera pas de difficultés... J'étudie dans cet ouvrage le mode de production capitaliste et les rapports de production et d'échange qui lui correspondent. L'Angleterre est le lieu classique de cette production... Le pays le plus développé industriellement ne fait que montrer à ceux qui le suivent sur l'échelle industrielle l'image de leur propre avenir... De même que la guerre de l'indépendance américaine au XVIII° siècle a sonné la cloche d'alarme pour la classe moyenne en Europe, de même la guerre civile américaine au XIXe siècle a sonné le tocsin pour la classe ouvrière européenne...
Sur le terrain de l'économie politique, la libre et scientifique recherche rencontre bien plus d'ennemis que dans ses autres champs d'exploration. La nature particulière du sujet qu'elle traite soulève contre elle et amène sur le champ de bataille les passions les plus vives, les plus mesquines et les plus haïssables du cœur humain, toutes les furies de l'intérêt privé. La Haute Église d'Angleterre, par exemple, pardonnera bien plus facilement une attaque contre trente-huit de ses trente-neuf articles de foi que contre un trente-neuvième de ses revenus. Comparé à la critique de la vieille propriété, l'athéisme lui-même est aujourd'hui une faute légère. Cependant, il est impossible de méconnaître ici un certain progrès... En même temps, par delà l'océan Atlantique, M. Wade, vice-président des États-Unis du Nord de l'Amérique, déclarait ouvertement, dans plusieurs meetings publics, qu'après l'abolition de l'esclavage, la question à l'ordre du jour serait celle de la transformation des rapports du capital et de la propriété foncière. Tout jugement inspiré par une critique vraiment scientifique est pour moi le bienvenu. Envers les préjugés de ce qu'on appelle l'opinion publique..., j'ai pour devise, après comme avant, la parole du grand Florentin : Suis ton chemin et laisse dire les gens (Dante)". K. Marx

Ce jeune ami (étudiant) avec qui je correspondis quelque temps en 2002 (voir ci-dessous : lire encore) se complut momentanément, hélas, à se croire intéressé par la théorie marxiste. Par défi personnel, plus que pour tout autre chose. Alors que, de mon côté, je suis formé à discuter sérieusement, même avec des gens qui, eux, ne le sont pas. En conséquence de quoi, ça donne ce que ça donne ! En revanche, dire comment j'en vins moi-même à épouser ces thèses éminemment révolutionnaires et fécondes est à la fois plus simple et plus compliqué à la fois.
C'est paradoxalement au sein d'organisations réformistes que, pour la première fois, j'entendis avec curiosité parler de K. Marx. La célébration du centième anniversaire de La commune de Paris (en 1971) m'en fournira l'occasion idéale. Trois ans seulement après la résurgence du marxisme en Mai 68, que je n'avais suivi que de loin, de ce point de vue. Par timidité bien provinciale, sans doute !
Présentée comme l'émergence du premier pouvoir ouvrier de l'histoire, La Commune de Paris ne manqua pas d'attirer toute mon attention. Ce, d'autant plus que je me trouvais, à ce moment précisément, à travailler au sein même d'une des usines les plus combatives de la région. Pour confuses que furent la présentation ainsi que l'analyse des évènements par les syndicalistes cédétistes, j'y trouvai tout de même un accès ténu à l'analyse que Marx lui-même en fit dans son livre : La guerre civile en France. Laquelle dépasse toutes les autres réunies. Dès lors, la lecture des œuvres de Victor Serge, au sujet des Révolutions russe et espagnole, épuisera mes dernières réminiscences anti-communistes.
Et puis, tout s'accéléra personnellement, professionnellement et politiquement parlant. Sans que ces choix ne se traduisent immédiatement et spontanément par une meilleure compréhension du grand révolutionnaire que fut Marx. Qui, contrairement à ce qu'on m'en disait, y compris au PSU, ne fut pas simplement un génial théoricien. Tout au contraire, Marx devint un phénoménal organisateur, à l'instar de ce que furent ses plus fidèles continuateurs, à savoir : Lénine et Trotsky. C'est cet aspect là de la vie des grands révolutionnaires que mon jeune ami ne put saisir lui-même. Pas plus que ne le peuvent tous ces universitaires qui, plutôt bien payés et choyés par la bourgeoisie des pays impérialistes, se piquent d'en comprendre un peu plus qu'un ouvrier à ce sujet. Funeste erreur ! Pour se donner une chance de comprendre la théorie révolutionnaire, il faut non seulement en être un préalablement, mais surtout il faut militer au sein d'une organisation révolutionnaire. Autrement écrit : trotskyste !
Certes il en va pour le militantisme, comme pour le reste. Il a ses hauts et ses bas ! Sans être devin, il se pourrait bien que nous ayons touché le fond du reflux post-soixante-huitard. Sans s'en douter encore, la jeunesse indignée actuelle devrait se trouver contrainte à "remettre le tablier", que la génération précédente avait plus ou moins laissé tomber. Puis, conséquemment, retrouver la voie de la théorie, de même que celle de la classe ouvrière.
Vive la théorie marxiste révolutionnaire ! >> Lire encore