Vive les États Unis socialistes d'Europe !

Préface à l'édition française
"Plus d'une année s'est écoulée depuis que ce livre a été écrit. Le cabinet conservateur a terminé sa lune de miel... L'Angleterre est ébranlée par une grève formidable. Le gouvernement conservateur mène une politique d'offensive acharnée... La grève anglaise est issue de la contradiction existant entre la situation actuelle de l'économie britannique sur le marché mondial et les rapports traditionnels de production et de classes à l'intérieur du pays... Il est parfaitement exact que, sans sacrifices et même sans sacrifices sérieux de la part du prolétariat anglais, l'industrie houillère ne peut pas être réorganisée...
En Angleterre, la religion du progrès capitaliste était plus forte que partout ailleurs... Les illusions de la guerre furent en Angleterre, de 1914 à 1918, plus que dans les autres pays, des illusions sur la puissance du capitalisme et sur le progrès social...
Et maintenant, la société bourgeoise dit aux mineurs : "Si vous voulez vous assurer tout au moins une existence telle que vous l'avez eue jusqu'à la guerre, vous devez accepter pour un temps indéterminé une aggravation de vos conditions d'existence". Mais cette réponse est beaucoup plus dictée par la logique de la situation que par la logique consciente. La classe ouvrière anglaise n'avait pas d'autre choix... La grève générale est la forme la plus violente de la lutte de classes. Après elle, vient immédiatement l'insurrection armée. C'est précisément pourquoi la grève générale exige plus qu'aucune autre forme de la lutte de classes une direction claire, résolue, énergique, autrement dit une direction révolutionnaire... La puissance d'État n'est pas une idée, mais un appareil matériel. Si l'appareil d'administration et d'oppression est paralysé, la puissance d'État est paralysée également... Il faut tout faire, dans le cadre international, pour venir en aide aux combattants et leur faciliter les conditions de la victoire.
Mais il faut bien se rendre compte que cette victoire n'est possible que dans la mesure où la classe ouvrière britannique réussira à changer ses chefs... Cela détermine par avance l'attitude des éléments véritablement révolutionnaires du prolétariat britannique et avant tout des communistes, leur lutte implacable contre tout acte ou toute tentative de trahison, et la critique impitoyable des illusions réformistes... Par là, ils ne contribueront pas seulement au travail indispensable de la formation des nouveaux cadres révolutionnaires, sans lesquels toute victoire du prolétariat britannique est impossible... Les enseignements et les conséquences de la bataille de classes actuelle seront considérables, tout à fait indépendamment même de son résultat immédiat. Le prolétariat britannique, qui a été maintenu par la bourgeoisie dans un état idéologique effroyablement arriéré, avancera à pas de géant. Les conditions matérielles de l'Angleterre sont depuis longtemps mûres pour le socialisme..." L Trotsky - Crimée, le 6 mai 1926

De l'Europe, j'en entendis parler aussi loin que je me souvienne. Comme un projet, tout d'abord, une réalité économique ensuite, puis un fait enfin. Celle du marché capitaliste, il va sans dire. Tandis, il est vrai, que l'Europe venait d'être le théâtre de deux guerres mondiales, ô combien dévastatrices. A tout cela s'ajoutait la pression américaine qui, elle, ne visait qu'à une harmonisation des biens de consommation (et la baisse de leur coût) du marché mondial, qu'elle rêve de conquérir. Est-ce à dire qu'il faille rester repliés sur notre marché national et s'opposer à tout élargissement de celui-ci ? Certes non !
Car si en tant que prolétaire nous sommes perdants, conséquemment à la concurrence que se font tous les salariés du monde entier, l'ouverture du marché entraine tout autant la baisse des prix des biens de consommation.
Double baisse qui profite surtout aux patrons, si on considère premièrement que le coût de la force de travail n'est au fond déterminé que par les prix des produits qui entrent dans sa conservation rappelons-le,. Et deuxièmement, en fonction de la variation que l'offre et la demande sur le marché du travail peuvent faire subir à celle-ci. Remets-toi comme tu étais.
Tant et si bien qu'il peut arriver, dans certaines parties du monde (ou à certains moment dans l'histoire), que les salaires ne puissent plus faire vivre les travailleurs en activité et leurs familles. C'est, à l'échelle du marché mondial, ce qui explique le fait que le travail des enfants existe encore et toujours.
Rappelons que le passage à l'euro fut une occasion trop tentante pour les commerçants d'augmenter leurs prix ! De ce point de vue, il n'y a véritablement que les salaires pour être constamment tirés vers le bas ! Les prix eux, au contraire et sauf exception, repartent toujours à la hausse. Ce passage à l'Europe, du point de vue social, ne se traduisit pas toujours par un bénéfice pour nous salariés, tout au contraire. Il n'est qu'à entendre les chefs d'État européens au sujet du recul de l'âge de départ à la retraite. C'est l'alignement pas le bas, en somme. Certains pays en sont déjà à 67 ans requis. Quelle aubaine pour le gouvernement français qui ne rêve que de cela !
Ceci étant, la crise financière et bancaire actuelle met à mal la monnaie commune, laborieusement et coûteusement mise en place. En conséquence de quoi, des pressions s'exercent pour revenir aux monnaies nationales.
Pour conclure, nous dirons que beaucoup de partisans de l'Europe y virent  l'opportunité de quelques "sinécures" supplémentaires. En effet pour certains, devenir député européen suite ou à la place d'une carrière législative, c'est comme une seconde chance. S'ils ne les cumulent pas. Or si l'armada des députés à tous les parlements nationaux ne sert à rien, en quoi des députés européens peuvent-ils nous être utiles ?
À bas le parlementarisme bourgeois ! >> Lire encore