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Au rive gauche
26 septembre 2011

L'Amérique, l'Amérique, si c'est un rêve... (J. Dassin)

"Cet après-midi-là, la paix de la prison fut violemment troublée par la venue d'un nouveau pensionnaire. C'était un homme entre trente et quarante ansjean_miguel_livre, gros, pâle, à la moustache courte et au nez rond, les tout petits yeux clignotants, les cheveux drus taillés en brosse. "Jean Miguel entendit les soldats qui tenaient le prisonnier dire à seu Doca venu les aider : " Vite, seu Doca ! C'est un dingue qui doit partir demain à l'asile. Il vient de courir à poil, en plein milieu de la place !
— Le commissaire nous a ordonné de le ramener ici. C'est juste si on a réussi à le mater... Le dingue, encore plus brimé et furieux, commença, dès qu'il fut enfermé, à donner des coups de poing sur la grille jusqu'à avoir les mains en sang. En voyant le sang, il s'arrêta, regarda l'une de ses mains tuméfiée..., tout d'un coup, il poussa un nouveau cri et donna un nouveau coup de poing. "Du sang ! J'ai saigné ! Du sang de savant !" C'est le colonel Estêves qui a fait mon malheur ! Parce que je suis un homme utile! Un jeune homme de bonne famille ! Les sanglots avalaient déjà les syllabes, le long monologue incohérent s'embrouilla de plus en plus... Sur ces entrefaites, Santa surgit au bout du couloir. Au début, le fou ne la vit pas ; néanmoins elle dut passer devant lui pour se rendre à la cellule de Jean Miguel ; et, en la voyant, il se remit à crier : "Renvoyez-moi cette bonne femme ! Vous ne voyez pas que je ne peux pas voir de femme ? C'est mauvais pour la science ! Rien n'est plus mauvais pour la science ! Vous ne voyez pas que mes sœurs ont gâché la science ? Fichez-moi cette femme dehors !" Jean Miguel, qui avait déjà obtenu d'avoir sa porte ouverte à ces heures-là, introduisit rapidement la jeune fille qui entra tout à fait effrayée : "Mon Dieu ! Qui a fichu ce malheureux ici... ? Jean Miguel, absorbé dans l'observation du fou, répondit distraitement : "C'est horrible..." Jean Miguel se retourna : "Tu le connais ?" Elle le regarda, étonnée : "Et toi, tu ne le connais pas, Jean ? Ce jeune homme de la maison à six fenêtres...?" II hocha la tête : "J'en ai même pas entendu parler..." Santa s'impatienta et lui rappela avec insistance : "Voyons, Jean, celui qui a fait creuser un trou dans son salon pour arriver à l'autre bout du monde..." Et comme Jean Miguel continuait à nier, elle finit par acquiescer : "Alors ce n'était peut-être pas de ton temps... Cet homme était riche, il avait une fazenda de bœufs et une fermette sur la serra... Son père était le propriétaire d'une boutique de la place... On dit qu'il est passé par le séminaire, et qu'il a laissé tomber juste avant d'être curé, parce qu'on a trouvé qu'il était un peu braque... Il est resté seul, et il n'a pas démordu de son fameux trou,  il dégotait des poulies et des seaux, et on aurait dit qu'il s'était transformé en charpentier... Et puis aujourd'hui, il a couru comme un fou..."! Rachel de Queiroz

Le_dernier_des_mohicansLorsqu'à l'école primaire j'empruntai à plusieurs reprises "Le dernier des mohicans" à ladernier_des_mohicans_livre bibliothèque de l'école communale, j'étais loin de penser que je tenais dans mes mains l'ouvrage d'un des meilleurs auteurs américains. Personne n'eut la gentillesse et encore moins l'intelligence de me le dire. Je pensais me régaler avec des histoires d'indiens, mais me trouvais immédiatement désemparé, puisse qu'il ne s'agissait au fond que d'une guerre entre Français et Anglais, par tribus indiennes et colons interposés parfois seulement ! Incapable de me repérer, je démissionnais.
Contrairement à un petit garçon de la ville, ce n'est pas à proprement parler le cinéma (et encore moins la télévision) qui m'a fait aimer le western. Peut-être n'est-ce qu'une propension spontanée qui ne s'explique que par ma propre appartenance sexuelle. Les jeux d'épée et de pistolet hantent l'univers fantasmatique (et sexuel avant tout) d'un petit garçon, c'est bien connu. Nous ne recevions que quelques bandes dessinées que les heureux détenteurs avaient la gentillesse de faire circuler.
En somme, l'histoire de l'Amérique du Nord, c'est celle d'une colonie qui a dépassé "la maison mère" et qui a bien tourné ! Si l'on peut dire. Car avant de devenir le gendarme qu'elle advint pour la planète, la puissance américaine en a fait rêver plus d'un, tout en faisant basculer l'issue des deux dernières guerres mondiales. Mais, passons sur ce dernier aspect.
De par sa situation éloignée de l'Europe et pour l'anecdote, New-York fut choisie pour héberger le siège de La Première Internationale Communiste, fin du 19ème siècle. Dans les années 20 le Corbusier, lui-même, ne tarit pas d'éloge et vit l'avenir de l'architecture dans celle des gratte-ciel. De même que la solution à la circulation automobile dans les villes du futur, dans l'alignement rationnel des rues tirées au cordeau, gérées par un système de feux de circulation plus rationnel de ce fait qu'à Paris. Miroir de la technologie moderne, enfin, les USA attirent et repoussent à la fois.
En revanche les artistes, le cinéma, les sportifs etc. ne souhaitent et ne visent que la consécration américaine. Autrement écrit, l'accession au marché américain, le plus grand du point de vue des ressources humaine et financières. La psychanalyse n'y échappera pas elle-même en son temps. Car traverser l'Atlantique, pour un créateur européen fut pendant longtemps un gage de reconnaissance mondiale et de réussite assurée.
Or, si l'Amérique ne fut pas le berceau du capitalisme sauvage, elle est par contre le seul pays où celui-ci a développé ses bons etmanathan ses mauvais côtés, comme nulle part ailleurs. Au sens où la plus grande richesse avoisine la plus grande pauvreté. La liberté de la presse de même que sa démocratie y sont corrompues, à l'image du reste. Bref, on y voit tout et son contraire.
Pays de l'individualisme roi, l'Amérique est paradoxalement l'endroit au monde où la révolution socialiste devra triompher un jour, afin de s'imposer définitivement. Vive les États Unis socialistes !
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