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Au rive gauche
20 septembre 2011

Et notre destin chavira !

"Prague magique : conglomérat de gargotes et de brasseries de toutes sortes, de locaux enfumés, monde de cuites solennelles et d'histoires de tavepraga_magicarniers que présidait le protecteur des ivrognes, le génie de la misère joyeuse, Lumpacivagabundus. Qui a donc oublié les nombreuses gargotes du roman de Hasek? Qui a oublié U Kalicha (Au Calice), terre promise de Švejk et de Vodička, et le Kuklik, "une boîte où on fait de la musique" et que fréquentent "des petites femmes et des gens très bien, à qui on interdit l'entrée de la Maison municipale" ?
Dans la seconde moitié du XIXe siècle la ville juive pullulait d'innombrables bouis-bouis où le porte-monnaie se transformait en passoire et le foie en cimetière. Citons parmi eux U Dejlů, lieu équivoque à la mode qui abritait toute la racaille. Ce repaire, fondé par l'ex-propriétaire, maintenant réduit à la misère, d'une "maison jaune" à Malá Strana et du café Stará Slavia, était à la fois un tripot, un débit de boissons et un nid de malfaiteurs. Au sous-sol, dans une cave étouffante appelée Žbluňk (mot qui imite le bruit de la chute d'un corps dans un marais), des bandes de loqueteux, de vauriens, de voleurs, de faussaires et autres habitués des bouges campaient sur des paillasses pourries. Dans l'humidité de ce sous-sol spectral, à la lueur de lampes à pétrole fuligineuses, les žbluňkaři auxquels l'accès du rez-de-chaussée était interdit faisaient de la musique sur des peignes enveloppés de papier de soie, jouaient aux cartes, montaient des représentations sans que les gens du dessus, les élus, se rendent compte de rien. De temps en temps, des sbires au panache de plumes de coq faisaient irruption dans les catacombes. Le patron réussissait à tenir en bride tous ces ribauds tapis dans les souterrains, mais lorsqu'en 1893 il se suicida en se pendant à un arbre, la police ferma le bouge et son caveau de vagabonds." A. Ripellino

oeuvre_au_noir_filmTouristiquement parlant, Prague n’a plus guère à envier à toutes les capitales européennes aujourd’hui, sauf peut-être au niveau de l’accueil qui reste encore un peu "tiède". La langue tchèque, qui n’est pas des plus faciles pour nous, étant une barrière supplémentaire. Bien que récemment rénové, le centre de Prague m’a paru quelque peu vieillot, par trop baroque à mon goût surtout. Ce baroque qui fut justement l’instrument de la reconquête européenne du parti catholique, suite aux succès des protestants, le parti de la Réforme. (Extrait d'un récit de voyage, en 2001).Prague
En réalité, ce qui n'était encore qu'une bataille (échauffourée du 8 novembre 1620, dite de la Montagne Blanche à Prague selon les historiens), ne dura pas plus d’une heure. Mais, elle scella définitivement les destinées de la Bohème pour les siècles à venir. En effet, telle une sanction de ce pugilat entre Catholiques et Protestants (qui allait devenir la guerre de Trente Ans), l’Empereur et roi de Bavière quitta définitivement Prague pour Vienne. Décision funeste pour cette ville qui, par la suite, ne cessera de décliner. En effet, si Prague demeure une grande ville, une capitale aujourd’hui à nouveau, elle n’est toujours pas comparable aux grandes capitales européennes et pour cause. La Bavière n’a jamais été la capitale d'un empire de l'époque colonialiste, comme ce fut le cas pour Londres et Paris. Ou à défaut, n’a jamais bénéficié de l’industrie la plus puissante d’Europe comme Berlin.
Ceci étant dit, cette guerre dite de Trente Ans (17e siècle) qui démarra par la défenestration de quelques fonctionnaires royaux et catholiques à Prague, accouchera des états modernes d’Europe (où le lien territorial prime sur le lien du sang). Confuse dans sa forme, violente et sauvage en plus, elle se révèlera être une des guerres civiles des plus fécondes. En effet avant cette première révolution bourgeoise, dirons-nous, les états se faisaient et se défaisaient en fonction des mariages entre familles nobles, essentiellement. C’est ainsi, à titre d'exemple : que la Franche-Comté devint autrichienne avant de devenir espagnole. Parce qu’une fille (Marie) de Charles le Téméraire épousa Maximilien d’Autriche le 19 août 1477. Décédée prématurément d’un accident de chasse, Marie avait eu toutefois le temps de mettre une fille au monde (Marguerite) qui, promise au futur roi de France, fut répudiée par celui-ci. Elle héritera néanmoins de la Franche-Comté, avant de la céder à son neveu Philippe II d’Espagne, un peu plus tard etc. Voilà comment les choses se passaient avant cette guerre qui opposera deux communautés, telles des nations, à travers l’Europe à savoir : les Catholiques d’un côté et les Protestants de l’autre. printemps_de_prague
L’Édit de Nantes, sous Henry IV, avait déjà sanctionné, sans le solutionner, un même type d’affrontement au sein du royaume de France, cette fois. Sur fond de religion, le leadership européen se dessinait. La France ne voulait pas que ce fût l’Espagne inquisitoriale et la maison d’Autriche son alliée. Et réciproquement, dirons-nous. En réalité, nous avions d’un côté la noblesse européenne finissante et de l’autre une fraction de le bourgeoisie mondiale montante. L’histoire tranchera en faveur de cette dernière. Les Pays-Bas, eux, en profiteront pour se déclarer indépendants ! Prague porte les stigmates de tout cela.
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