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Au rive gauche
28 juillet 2011

Six pieds sous terre Jojo, tu n'es pas mort ! (Jacques Brel)

les_paysans_livre"Dans des convulsions sourdes disparaissait, à l'orée du XXe siècle, la plus ancienne des civilisations : la civilisation paysanne de l'Europe.
Une civilisation qui émergeait de la nuit de l'Histoire. La base des nations, la garante des traditions orales, la gardienne des mythologies et des religions populaires. Une civilisation du temps où l'Histoire n'existait pas encore et que le déroulement de la vie n'était que celui des saisons.
Les romanciers du XIXe siècle ont tenté de nous restituer ce monde. De décrire les mœurs, les coutumes et l'existence des paysans. Mais la plupart d'entre eux n'ont su mettre en relief que certains traits caricaturaux: vengeance, esprit de lucre et de cupidité, superstitions ridicules. Ou lorsqu'il entrait en contact avec le monde urbain: imitations serviles, influences malignes, dégrossissements dégradants.
Voici enfin un livre qui rompt avec le genre en même temps qu'il l'illustre pleinement. Un livre absolument unique. On y retrouve la terre dans toute sa plénitude, son rythme lent et puissant, ses riches heures, mais aussi ses jours tragiques. L'exaltation et la quotidienneté. Les jours les plus longs et les fêtes les plus fastueuses. Un livre en forme de communion intime et de célébration charnelle, à la ponctuation journalière, aux pulsations saisonnières des travaux. Le champ, le moulin, la grange. L'aube estivale et la soirée d'hiver.
Une manière d'épopée brute et raffinée à la fois: ce monde encore au diapason de sa toute puissance sur le monde était en train d'amorcer son déclin quand, en 1904, Ladislas Reymont le chantait et l'exaltait. Peut-être est-ce à cela qu'est due cette profonde nostalgie qu'engendré ce grand livre tragique et sombre, plein de foi et d'amour pourtant. On y découvre l'une des vastes épopées de la mémoire humaine, à travers des épisodes qui, partout ailleurs, pourraient paraître excessifs. C'est qu'en transparence de tous ces lieux, de tous ces personnages et de leurs intrigues, surgit cette vérité universelle de l'homme façonné par la terre qui le rend à jamais reconnaissable et inimitable. Un roman magistral et inoubliable." (l'éditeur)

vincent_fran_ois_paul_filmNous ouvrons, aujourd'hui, un des chapitres les plus douloureux de ma jeune existence, à savoir la disparition d'un de mes 4 grands frères, lequel se prénommait Marcel ! Décédé accidentellement, tandis que je venais tout juste d'avoir 16 ans, il m'aura manqué ma vie durant j'en suis certain. Bien que je n'eus de cesse de chercher à le remplacer. Troisième du nombre au sein de notre fratrie, il avait 5 ans de plus que moi et allait avoir bientôt 21 ans.
Certes, je m'empressai de lui substituer Abel, l'aîné de notre famille, sans que la perte que cet évènement tragique m'occasionnait n'en soit tout à fait comblée. Encore que la protection qu'Abel décédé récemment, m'offrait, ait été plus confortable que celle que Marcel proposait. Révolté, comme personne, ce dernier mordait dans la vie à pleines dents. De nos parents, il avait hérité la religion du travail. Sans se préoccuper plus que cela de savoir où cela le menait. Aujourd'hui, il me fait penser à ce "tireur de pousse-pousse" de Lao She, qui considère que rien ne peut lui arriver de grave tant qu'il aura la force de travailler. Et qui de ce fait s'épuise vainement.
Politiquement parlant mon frère Marcel était réactionnaire, force m'est de le dire aujourd'hui. La cause des autres ne le préoccupait pas plus que cela, tout en se refusant à considérer que son destin personnel pouvait lui aussi en dépendre. Sous son influence, ma révolte préadolescente ira néanmoins beaucoup plus loin qu'elle ne serait jamais allée sans lui. Plus directe que nous autres, il pouvait aussi se mettre dans des situations un peu plus périlleuses. D'aucuns auraient dit : rien ne l'arrêtait ! Sans forcément provoquer de ressentiments hostiles ni jalousie pour autant.
Généreux dans l'effort, jusqu'à flirter avec la naïveté, il aurait donné sa chemise à quiconque, sans que celui-ci ne l'ait même demandé. Ça, c'est pour notre côté chrétien et brave paysan, dirai-je.
L'amitié et la fraternité n'étant jamais bien éloignées l'une de l'autre, il se pourrait bien que la disparition précoce de ce frère préféré ainsi que le manque qu'elle provoqua m'ait prédisposé, comme nul autre, à me tourner vers les autres. Ceci, ajouté à bien d'autres choses encore. En conséquence de quoi, il m'arrive de penser que ce décès prématuré agira comme un déclic pour moi.   >> Lire encore


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