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Au rive gauche
26 juillet 2011

"Hé la Marie, t'as d'beaux yeux..." (Ricet Barrié)

notre_dame_du_doute"Les temps marioxystiques

À celui qui essaie de porter un regard d'historien sur l'Église de France d'avant, un constat chronologique s'impose. Le paroxysme de ce culte marial est assez facile à délimiter. Il correspond au XIXe siècle et à la première partie du xxe jusqu'au concile Vatican II.
C'est un regard sur cette période sous le prisme de l'histoire comtoise que voudrait poser l'étude qui suit.

Pour beaucoup de jeunes de l'après-guerre, la première sortie du terroir familial aura été le pèlerinage à Lourdes. Pour beaucoup de familles, cette destination aura aussi correspondu étonnamment avec l'entrée dans la civilisation du loisir. L'environnement de la cité pyrénéenne s'y prêtait (pic du Gers, grottes de Bétharam, etc.). Faire pèlerinage à Lourdes participait aussi d'une sorte de tour-operator, qui fit la fortune d'une région, étrange conjugaison de l'acte pèlerin et de la villégiature. La jeunesse de cette génération-était peuplée de sanctuaires "Notre-Dame-dé", d'églises "Notre-Dame-dé", de petites chapelles à "Notre-Dame" disséminées dans les campagnes, ornées de fleurs artificielles, de bougies affaissées, de statues protégées par des grilles entretenues par des mains pieuses et inconnues.
"Notre-Dame-des-Victoires", "Notre-Dame-de-Pitié", "Notre-Dame-du-Sacré-Cœur", "Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours", "Notre-Dame-du-Mont", "Notre-Dame-des-Anges"... Un ouvrage de la fin du XIXe siècle, La Vie des Saints de Monseigneur Guérin communément appelé Les petits bollandistes dénombre déjà plus de mille appellations "Notre-Dame-dé" différentes sur le territoire français. Tandis que plus de cent cinquante lieux de culte portent alors ce nom dans le seul département du Doubs.
Temps de "Mariophanie" quasi-permanente, comme l'appelle Sylvie Barnay, auteur d'une étude sensible et très riche sur le culte mariai au Moyen Age ? Temps de "mariolâtrie" désolante, comme le suggère Marina Warner, qui fait de la dénonciation de ce phénomène un combat majeur du féminisme ? À quelle date précise a commencé cette "explosion mariale" si perceptible à l'observateur du fait religieux pour les deux siècles écoulés ?" Guy-Georges Lesart.  

Retour_Don_Camillo_filmAvec la disparition des suites d'un cancer en 1958 de Posty, curé de mon enfance, beaucoup de choses s'évanouirent avec lui. Sans que j'en eusse véritablement conscience à ce moment-là. La digue que constituaient jusque là mes illusions religieuses, était simplement fissurée. Son successeur contribuera à son effondrement définitif, sans le savoir lui-même.
Certes, le curé Posty n'était pas aussi comique que le personnage de Don Camillo. Mais, il en avait l'autorité sur ses ouailles. Sans faire de miracle, il nous chapitrait et nous assénait une bonne dose de culpabilité bien chrétienne, chaque dimanche du haut de sa chaire. Selon ses dires, le jugement dernier serait terrible. Insensiblement, je m'imprégnais de son anticommunisme viscéral, qui allait jusqu'à nous faire prier pour la mort de Staline, avant que celle-ci ne survienne, c'est dire.
Son autorité, ajoutée à celle de mon instituteur, procédait du même registre que de celle de mon père. Tout en augmentant in-consciemment le poids de cette dernière, à n'en pas douter !
C'est ainsi que ma révolte adolescente aura partiellement raison de toutes les trois à la fois. À moins que je n'ai fait que leur substituer la tutelle de mes frères aînés, tout d'abord. Puis, ensuite, celle de tous les cadres sociaux que je croisai dans mon existence. Pour ne véritablement m'en affranchir que vers la cinquantaine, dès l'instant où je me mis à écrire à destination de ma descendance ! Et la boucle est bouclée, suis-je tenté de dire.
Ce culte de la vierge, que je dus confondre avec celui de ma mère, pervertira toute mon enfance. Tout en étant mis à mal, déjà, par une quête sexuelle infantile des plus encouragée par tout ce qui se passait autour de nous. Lequel besoin de découverte érotique était, lui aussi, vilipendée par ce curé des plus ascétique. Néanmoins, cette dévotion ne résistera pas davantage que celle que je vouais à dieu le père. Toutes deux tomberont de concert.
Le miracle de la vie, si miracle il y a me suis-je dit un jour, est que l'humanité ait su émerger du monde animal, sans personne pour lui retenir la main, ni lui indiquer le chemin à suivre. Tout le reste n'est qu'activités finalisées ou sornettes à dormir debout.  >> Lire encore


Commentaires
D
Son nom s'orthographiait Barrier. Lui aussi est décédé d'un cancer, au mois de mai dernier, comme ton curé Posty. Mais à la différence de ton curé, lui aura beaucoup fait pour déculpabiliser les gens.
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