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Au rive gauche
30 juin 2011

Je t'aime, moi non plus !

raison_sentiements_livre"Une vision ironique de la société
L'art consommé de l'ironie permet à Jane Austen de sonder l'âme d'une société prise dans des contradictions qui l'empêchent de revenir sur ses propres principes et d'évoluer. Bien que le champ de réflexion social soit ici très restreint, la maîtrise de la mécanique dramatique des personnages et de l'action permet à la romancière de montrer l'idéologie sous-jacente en acte. Autour d'Elizabeth et de Darcy, c'est en effet tout un univers vibrionnant d'arrivistes et d'étourdies, de fâcheux et de jeunes premiers qui se déploie. Jouant à merveille des variations de tonalités, sachant faire cohabiter une forme de comédie loufoque, incarnée par Mrs Bennet, la satire sociale, en particulier dans des scènes de groupe complexes, et l'introspection psychologique, dans des moments qui anticipent sur la pratique du monologue intérieur, Jane Austen brosse le portrait d'une société cruelle où la valeur des êtres est d'abord fonction de leur position sur l'échiquier social. Au centre du dispositif dramatique, les deux protagonistes ont pour fonction d'apporter la contradiction et de résoudre ces tensions, par une union convenue, qui tout à la fois bouleverse les codes sociaux et conforte les conventions de la comédie sentimentale. Le pouvoir de fascination d'Orgueil et préjugés réside, sans nul doute, dans le paradoxe qui fait de ce couple idyllique l'agent d'une subversion maîtrisée. Au terme d'un voyage intérieur qui les contraint à remettre en question leurs préjugés, les deux personnages incarnent la promesse d'une réconciliation intérieure et sociale. Si nombre de personnages secondaires du roman sont condamnés sans retour à rester des marionnettes impuissantes, Elizabeth et Darcy deviennent, du fait de leur nouvelle lucidité, les instruments d'un ordre apaisé et renouvelé. En cela, Orgueil et préjugés cristallise nombre de thèmes illustrés dans ses autres romans (Raison et sentiments, 1811 ; Mansfield Park, 1814 ; Emma, 1816). Se méfiant des passions romantiques dont elle fut pourtant contemporaine (à travers l'exemple de Byron, Shelley ou des romans gothiques d'Ann Radcliffe), Jane Austen semble adhérer, à l'inverse, à une idéologie régulatrice, fondée sur la maîtrise des affects et l'exercice sensible de la raison." Encyclopédie Universalis.

raison_et_sentiments_filmL'amour, encore l'amour, toujours l'amour, pourrait être le leitmotiv du jour. Sans que l'on en sache davantage qu'auparavant à ce sujet, d'ailleurs. Tant d'auteurs des plus illustres s'y sont essayés eux-mêmes, sans plus de succès que nous. Encore que si tout ce beau monde avait osé introduire davantage de sexe dans leur littérature, les choses en seraient probablement allées autrement. Oui, mais voilà, il y a l'opinion publique, laquelle est une censure qui ne dit jamais son nom. Et puis, sans être à l'opposé, la société dans laquelle Jane Austen vécut elle- même, n'est pas celle dans laquelle je grandis. Ses héros et héroïnes ont certes des occupations, mais jamais, ô grand jamais on ne les voit travailler durement à la seule fin de gagner péniblement leur vie. Au contraire, leur existence est déjà assurée avant même qu'ils ou elles ne viennent au monde. Plutôt bien que mal, bien qu'il y ait de nombreuses différences. Et, plus un individu est riche et plus ses largesses le sont elles-aussi. Une générosité qui peut parfois se confondre avec une forme de toute puissance !
Mes préoccupations étaient des plus éloignées de celles-ci, lorsqu'adolescent je découvris l'univers impitoyable que peut être celui des sentiments. Expression qui recouvre pudiquement une réalité tout autre, celle de la sexualité qui, a contrario des sentiments, ne peut s'assouvir qu'en dehors de sa propre famille. Tabou de l'inceste oblige.
Siècle du romantisme petit-bourgeois, le 19ème siècle sera aussi celui de sa propre fin. Because, la naissance de la psychanalyse. Laquelle mettra le doigt sur le tabou du sexe, cause des névroses.
"Quand les hommes vivront d'amour, il n'y aura plus de misère !" nous chante Félix Leclerc. Jolie intention, à n'en pas douter ! Mais, sans même nous demander si la chose est possible, il se pourrait bien que cela ne soit encore qu'une illusion de plus.
Or si aimer équivaut à ingérer, il est indéniable que notre premier objet d'amour soit notre mère ou son substitut. Amour objectal qu'il nous faut dépasser dans un premier temps afin, dans un second, d'accéder à l'amour de soi. Que nous considérerons comme un premier pas vers l'amour des autres. Si toutefois ce dernier n'est jamais possible. Et c'est là que les choses se compliquent, avec l'apparition de son contraire : la haine, doublée de la jalousie. Dont nous aurions tort de sous-estimer les apports. Car il est fréquemment plus fécond de haïr que d'aimer. Mais, à quel prix ? diront nos détracteurs. Comme si aimer n'en avait pas un non plus ! Et pas des moindres. Amour/haine, même combat, en somme.  >> Lire encore

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