Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Au rive gauche
29 juin 2011

Comtois rends-toi, nenni ma foi !

La loi des maîtres de châteaula_guerre_de_dix_ans_livre
"Le départ des Weimariens et des contingents auxiliaires en 1639 laissa le champ libre aux troupes comtoises. Celles-ci, bien à l'abri derrière les murs des villes et des forteresses encore tenables, continuèrent à dévaster ce qui restait des campagnes, cherchant nourriture et butin au détriment des populations survivantes. Seulement cette fois, elles ne pourraient plus faire porter aux soldats étrangers la responsabilité de leurs agissements qui se révélaient ainsi en pleine lumière...
Les derniers Suédois n'avaient pas encore évacué la province que déjà, les soldats du comte de Saint-Amour, réfugiés à Besançon, faisaient parler d'eux : "Monsieur le comte, nous avons été avertis que deux parties composées des soldats tant de votre régiment qu'autres logés à Besançon, sont sortis à diverses fois avec faux, faucilles pour couper et enlever les moissons dans la Montagne ou vallée d'Ornans, à quoi les ennemis n'ont point touché..." En 1639 il est vrai, le comté de Bourgogne subissait de plein fouet les conséquences d'une situation économique désastreuse et une grande famine avait déjà ravagé le pays l'année précédente. Aussi, craignant une nouvelle pénurie, chacun recherchait de la nourriture par n'importe quel moyen, quitte à dépouiller l'autre et à garder précieusement ce qui avait été amassé...
Seulement, la recherche de nourriture et la faim n'étaient souvent que le prétexte aux actes de brigandage les plus odieux. La capture et le rançonnement de personnes devinrent à ce point coutumiers qu'en octobre 1639, le Parlement fit publier un édit qui demandait aux soldats d'épargner au moins les gens du peuple et les pauvres...
En outre, des bandes de soldats licenciés venaient parfois occuper les ruines de forteresses ou les châteaux inhabités pour accroître encore les misères du voisinage. Et que faire, si ce n'est ordonner aux officiers des garnisons les plus proches de chasser les voleurs ? Ils obéissaient sans doute, mais c'était pour prendre aussitôt la place de ceux qui avaient été évincés...
En réalité, personne n'était dupe, d'autant plus qu'à partir de 1640, la plupart des communautés habitées de la Montagne s'étaient placées sous sauvegardes. Ne craignant pratiquement plus rien des ennemis, les Comtois continuèrent à redouter les soldats de leur propre armée..." Gérard Louis

Martin_lutherAujourd'hui nous abordons quelques lieux, où ma petite histoire rejoint la grande, celle qui verra changer la face du monde dit chrétien tout du moins. Un conflit communément appelé la guerre des religions, ou guerre de trente ans. Laquelle ne durera que 10 ans dans la région, d'où le titre du livre ci-dessus.
Mes parents ne connurent rien de cette guerre, dans le sens où Gérard Louis nous la raconte. C'est-à-dire une guerre civile où, d'une part, il était devenu difficile de connaitre ses véritables ennemis et, d'autre part, où il valait mieux être armé, dans le bon camp et sans trop de scrupules. À la suite des leurs, mes parents nous transmirent néanmoins un sentiment anti-français, qui perdurera longtemps dans la région. Sans que j'en comprenne véritablement alors les raisons. Et ce n'est pas ce que nos instituteurs nous en dirent qui m'aida, loin s'en fallut. Je retins seulement que la soldatesque suédoise ravagea la région ( je suis, moi-même, né rue des Suèdes), sans qu'on me dise pour le compte de qui, ni pourquoi ces mercenaires pillaient, incendiaient, rançonnaient et violaient.
Mais; à partir du moment où je compris que constituer une armée, dans ces temps plus que difficiles, ne pouvait se faire qu'à la condition que les soldats se paient eux-mêmes sur le dos des populations, plus rien ne m'étonnera. L'exemple du comte de Wallenstein (voir La guerre de trente ans de Schiller)est significatif sur ce point. Riche à millions, ce noble et officier proposa à son empereur de lui constituer une armée, clef en main et gratuite surtout. Puis de succès en succès, il devint de plus en plus puissant, jusqu'à représenter un danger pour son empereur, lui-même. Lequel ne put s'en débarrasser qu'en le faisant assassiner par son propre entourage, dont celui-ci ne se méfiait pas. Tout s'achète décidément.
Cette révolution, puisqu'il faut bien lui donner un nom, est une des nombreuses tentatives, plus ou moins réussies, de la bourgeoisie afin d'accéder au pouvoir politique et militaire. Privilège que s'octroyait sans partage l'aristocratie, tandis que la bourgeoisie était depuis longtemps hégémonique dans tout ce qui touchait à l'économie. Une mise à jour s'imposait.
La religion, seule idéologie dominante à l'époque, deviendra le prétexte et le vecteur idéal, afin d'entrainer les couches les plus pauvres de la population. Et mes parents de s'en faire l'écho longtemps après ! Toute ingérence de l'état, telle que l'interdiction du braconnage, fut mal ressentit. Les vieux, tel mon grand-père Gustave, continuèrent à le pratiquer avec une certaine jouissance. >> Lire encore


Commentaires
Au rive gauche
Visiteurs
Depuis la création 73 459
Derniers commentaires