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Au rive gauche
8 mai 2011

Le printemps de Prague

praga_magica_livre2"Nous avons déjà parlé de la solitude de Kafka dans sa terre natale. Du Juif pragois de langue allemande qui vit comme en quarantaine dans un monde slave. Qui souffre tragiquement de son altérité, étranger dans une égale mesure aux Allemands dont il partage pourtant la langue, et aux Tchèques qui le considèrent comme un Allemand, comme un étranger. Du malaise du Juif non admis, mais toléré, l'âme encombrée d'un sentiment d'insondable culpabilité et comme contraint d'attendre éternellement un décret d'accueil.
Le caractère ensorceleur de Prague, antre de solitude, de peur et de perdition, vient encore embrouiller un nœud déjà inextricable. Et, vue sous cet angle, la situation du Juif pragois revêt une intime analogie avec celle de l’Homo Bohemicus dont l'auberge au carrefour de l'Europe devient souvent ghetto et prison. Les deux principaux romans de Kafka reflètent la dimension pragoise, et le fait que l'Arpenteur soit repoussé hors du Château et que, inversement, Josef K. soit appelé au tribunal ne change pas grand-chose.
On retrouve le même malaise, la même marginalité kafkaïenne dans chaque créature pragoise, étrangère sur sa terre et exposée aux abus d'une autorité inaccessible, à une inquisition diligente et fuyante qui scrute, épie et manipule l'homme. Pris au piège de tortueuses machinations, le pèlerin ne peut décider de son propre sort, une mystérieuse bureaucratie décide pour lui et, qu'il s'appelle Josef Svejk ou Josef K., il ne lui reste qu'à chercher des subterfuges et des stratagèmes ingénieux pour passer à travers le rituel étouffant des règles et des contraintes.
Il n'y a qu'un pas à franchir entre la condition de pèlerin et celle d'accusé innocent. Et l'accusé n'a pas d'alternative : il doit se plier aux brimades et aux résolutions de juges et de fonctionnaires incompréhensibles qui échappent aux critères habituels et n'ont que faire d'arguments rationnels. De plus, subissant l'arbitraire, autrement dit l'absurde logique de leurs chicaneries, lui-même finit par croire que son âme est entachée de fautes impénétrables. Aussi arrive-t-il qu'il accepte sa propre culpabilité et que, condamné à mort, il se fasse même complice de ses bourreaux."

char_russe_prague_photo_Si, comme on le dit, une hirondelle ne fait pas le printemps, celui de Prague annonçait l’éclosion de Solidarnosc en 1980 en Pologne, de même que la chute inexorable du mur de Berlin, en 1989 entre les deux Allemagnes.
Certes, personne ne le savait encore, bien que nous sentions tous l’inévitable arriver ! Encore que tout le monde ait eu en mémoire l’écrasement de la révolution hongroise en 1956.
D’aucuns sentaient le monde bourgeois trembler sur ses bases en 1968. À tort, nous le savons aujourd’hui. Certes, l’affrontement entre les deux blocs Est-Ouest a cédé la place à une "espèce de croisade" contre le terrorisme international. Dont la réalité nous échappe autant que ce qui constituait les fondements de La Guerre Froide.
Les zones de combats, ainsi que les soi-disant adversaires ont changé. Il ne s’agit plus d’enrayer coûte que coûte l’avancée du communisme, synonyme de privation et d’absence de liberté. Il s’agirait de notre sécurité, de nos libertés, face au fanatisme religieux etc.
Les belliqueux, en revanche, sont toujours les mêmes, à savoir : les anciens pays colonialistes. Lesquels se cachent derrières de nouveaux rapports impérialistes, toujours plus gourmands, exigeants, violents etc. Qui démocratiquement pillent et dévastent le monde entier en notre nom, drapés au surplus des étendards de la justice et de la liberté et j’en passe. Rien moins que cela !
Les sommes folles dilapidées à spéculer, à défendre la propriété privée des moyens de production, trouveraient des débouchés beaucoup plus utiles à l’humanité, si nous nous débarrassions de tous les parasites fauteurs de guerre et de misère !  >> Lire encore

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