L’amour est la plus égoïste des passions…

"Être psychanalyste, c'est savoir que toutes les histoires reviennent à parler d'amour. La plainte que me confient ceux qui balbutient à côté de moi a toujours pour cause un manque d'amour présent ou passé, réel ou imaginaire. Je ne peux l'entendre que si je me place moi-même en ce point d'infini, douleur ou ravissement. C'est avec ma défaillance que l'autre compose le sens de son aventure. Philosophie, religion, poésie, roman ? Histoires d'amour. De Platon à saint Thomas, de Roméo et Juliette à Don Juan, des troubadours à Stendhal, de la Madone à Baudelaire ou Bataille. Les grandes élaborations symboliques ne disent pourtant rien d'autre que ce qui s'écoute dans l'ombre, chaque jour. Être psychiquement en vie signifie que vous êtes amoureux, en analyse, ou bien en proie à la littérature. Comme si toute l'histoire humaine n'était qu'un immense et permanent transfert."


Les histoires d’amour ont quelque chose de commun avec la mythologie. C’est qu’il faille absolument y croire, si on veut leur donner une chance au moins d’exister. La foi du charbonnier en somme.  Peut-être cette disposition est-elle à l’origine de toute croyance. Sans doute est-ce pour cela que plus on est pauvre et plus on est porté à croire ! Voilà au moins une chose qui ne coûte rien à la bourgeoisie !
Sans compter que plus on cherche l’amour, ou l’âme sœur et plus celui-ci ou celle-ci paraît s’éloigner. C’est à n’y rien comprendre. À moins qu’il vaille mieux laisser faire les choses, voire le hasard. Mais, lorsque l’amour nous tombe dessus, bonjour les affres.
Et si aimer voulait plus simplement dire : ingérer ! Ce serait, en conséquence, un de nos tous premiers affects. Lequel sentiment ne s’exprimerait à l’origine que vis-à-vis de la mère ou de l’un de ses substituts. Avec lesquels nous ne faisons originellement et inconsciemment qu’un. Narcisse, quand tu nous tiens !
D’où nos difficultés, ensuite, à diriger cette pulsion vers un "autre". À moins que ce ne soit impossible.
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