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Au rive gauche
19 avril 2014

Mais, où sont les neiges d'antan ?

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Souvenirs d'enfance : Les lieux
Tout d'abord, notre maison. Je l'aimais avec un abandon absolu. Et je l'aime encore maintenant alors que depuis douze ans elle n'est plus qu'un souvenir. Jusqu'à quelques mois avant sa destruction je dormais dans la chambre où je suis né, à quatre mètres de l'endroit où avait été placé le lit de ma Mère durant le travail de l'accouchement. Et j'étais heureux d'être sûr de mourir dans cette maison, dans cette chambre peut-être. Toutes les autres maisons (en petit nombre d'ailleurs, à part les hôtels) ont été des toits qui ont servi à m'abriter de la pluie et du soleil, mais non pas des MAISONS au sens archaïque et vénérable du mot. [Et particulièrement celle que j'ai actuellement, qui ne me plaît pas du tout, que j'ai achetée pour faire plaisir à ma Femme et que j'ai été heureux de faire mettre à son nom, parce que vraiment elle n'est pas ma maison.
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Consigne
Des souvenirs d'enfance, tout le monde en a. Des histoires de maison, on en connaît tout autant. En partant de celles qu'on nous a contées, de celles que nous avons connues, laquelle choisirez-vous de nous entretenir ?

>> La contribution de Chantal

>> La contribution de Quentin

>> La contribution de Norma

retour-a-howard-endMa contribution
Je suis né dans la maison où mon père nacquit en 1909 (ci-dessous), que l’on disait "chez Vernier" du nom du propriétaire. J’eus paradoxalement l’occasion d’y retourner avec ma petite famille, car elle fut transformée en gîte rural. Elle était plus vaste dans mes souvenirs ; sauf l’étable qui m'avait effrayé.
Puis, je grandis au sein de la maison dans laquelle ma mère vint au monde en 1910 (ci-dessous). Une maison que mon arrière grand-père acquit, début du 20e siècle, puis y installa son fils aîné. C’est là que ma grand-mère mettra au monde ses onze enfants, tout en n'en conservant que sept en vie.
En réalité, je n’ai que quelques souvenirs de la première maison. Tandis que je n’oubliai rien de ce que je vécus dans celle de ma mère. Là, les proportions n’ont pas changé. J’y ai été heureux et souvent malheureux aussi. Arrivé en sixième position d'une fratrie de dix, j'eus souvent l'occasion d’être jaloux des plus grands. Que de fois je détestai mon père ! Et en voulus à ma mère qui ne se désolidarisait pas de lui. C’est seulement aujourd’hui ou depuis peu que je le remercie d’avoir "fait le travail". J’imaginai maintes fois ce que serait mon départ. Car je décidai tôt de les quitter et de n'y plus revenir. La distance ne fut pas que géographique seulement.
Petit je ne me représentais pas les choses telles quelles et là où elles s’étaient réellement passées, du point de vue de ma filiation. Exemple l'une de mes grand-mères habitait l'aile droite de sa propre maison maternelle (photo ci-contre). Eh bien, c’est là que mentalement je situai tout ce que j’entendis dire Chez-Verrnierà propos de la petite enfance de ma mère. Comme je l’eus fait dans un rêve. Tandis que tout ceci s’était, à mon insu, passé là où je vivais. Pour remettre les choses à leur véritable place, il me fallut sortir de l’adolescence, autrement dit : de ma révolte.
Cette nuit, je rêvai que j’étais retourné chez moi et reprenais la ferme. Mon père était là, mais plus rien ne collait avec rien. Ni mon âge déjà, ni le matériel qui lui datait de mon époque. De plus, les vaches paissaient dans un endroit qui ne correspondait pas aux endroits qui étaient les Ma-grand-merenôtres. Est-ce le livre que je lis, ajouté au sujet que j’ai choisi depuis quelques jours déjà qui m’occasionna ce rêve ? Plus que probablement.
Je mentirais si je n'avouais pas qu’il m’arrive d’être parfois nostalgique des lieux de mon enfance. De sorte que si je me laissais aller, j’aurais La-maison-de-ma-mereplus de difficultés à gérer cet allant vers mon passé. Une nostalgie que mes 70 ans (atteints récemment) ont tendance à accentuer. Conscient que ce n’est qu'à l’amour de ma mère que je doive ces relents d'un passé bien révolu.
Un bon moyen de me faire entendre raison est d’aller faire un tour là-bas, sur "mes" terres. J'en rentre exténué, mais conscient de devoir faire le douloureux deuil de ce passé. Non pas que les choses auraient irrémédiablement évolué là-bas. Mais parce que c’est moi surtout qui ai changé. Tout y a vieilli certes, mais reste conforme à ce que je connus. Pour y revenir, il faudrait me résoudre à une marche arrière, qui équivaudrait à un désaveu. Voire une dépression.
C’est, enfin, pour mes enfants et petits-enfants que je m’obstinai à garder le cap sur le centre ville, là où je finis pas arriver. De sorte que je me félicite quotidiennement de ce choix.
La nostalgie c'est bien, mais ça n'empêche pas de vivre.

 

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