"Après moi le déluge" !

Devise d'une bourgeoisie finissante

L'État et la révolution
Préface à la première édition
La question de l'État revêt de nos jours une importance particulière au point de vue théorique comme au point de vue politique pratique. La guerre impérialiste a considérablement accéléré et accentué le processus de transformation du capitalisme monopoliste en capitalisme monopoliste d'État. La monstrueuse oppression des masses laborieuses par l'État, qui se confond toujours plus étroitement avec les groupements capitalistes tout-puissants, s'affirme de plus en plus. Les pays avancés se transforment - nous parlons de leur "arrière" - en bagnes militaires pour les ouvriers. Les horreurs et les calamités sans nom de la guerre qui se prolonge rendent la situation des masses intolérable et accroissent leur indignation. La révolution prolétarienne internationale mûrit manifestement. La question de son attitude envers l'État acquiert une importance pratique. Accumulés pendant des dizaines d'années d'évolution relativement pacifique, les éléments d'opportunisme ont créé un courant de social-chauvinisme qui domine dans les partis socialistes officiels du monde entier. Ce courant (Plekhanov, Potressov, Brechkovskaïa, Roubanovitch, puis, sous une forme à peine voilée, les sieurs Tsérétéli, Tchernov et consorts en Russie; Scheidemann, Legien, David et autres en Allemagne; Renaudel, Guesde, Vandervelde en France et en Belgique; Hyndman et les fabiens en Angleterre, etc., etc.), ce courant, socialiste en paroles et chauvin en fait, se caractérise par une lâche et servile adaptation des "chefs du socialisme" aux intérêts non seulement de "leur" bourgeoisie nationale, mais plus précisément de "leur" État, car la plupart de ce qu'on appelle les grandes puissances exploitent et asservissent nombre de peuples petits et faibles.
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Édito
Lorsque durant les années qui suivirent Mai 68, je m'étais ouvert à un ex-camarade de mon intention de lire "l'État et la révolution" de Lénine, celui-ci essaya en vain de m'en dissuader. "Pour la bonne et simple raison, disait-il, que j'allais ne rien y comprendre". Ce qui, en soi, n'était peut-être pas tout à fait faux.
Mais, à l'époque, ouvrier au sein d'un grand trust capitaliste, j'aspirais au contraire à la maitrise de cette éminente conception théorique révolutionnaire au sujet de l'État. Que je ne trouvais dans aucune organisation de gauche, au sein desquelles je militais (PSU, CFDT) Pour ne la rencontrer que quelques années plus tard, dans le mouvement trotskyste.
Bon nombre des personnes citées par Lénine ne signifieront rien pour beaucoup de nos jeunes lecteurs. Et pour cause, le travail de désinformation que les organisations de gauche (partis politiques et syndicats compris) ont entrepris depuis longtemps. Étant toutes passées avec armes et bagages dans le camp de la bourgeoisie. Et ce ne sont pas les "cris effarouchés" que les unes et les autres poussent, au sujet de l'augmentation de la TVA, qui nous feront changer d'avis. Elles donnent le change, sans plus, et tentent de sauver ce qui ne peut plus l'être ! À savoir leur honneur, qu'elles ont bradé.
Bref, une piqûre de rappel s'avère nécessaire en cette période dite du "Printemps arabe" (où l'on entend constamment parler de démocratie, de révolution, d'élections etc.). Le tout doublé des multiples discours électoralistes, d'un même tonneau, qu'une pléthore de candidats à la présidentielle nous abreuve (des deux côtés de l'Atlantique au surplus). Au reste, les élections sont devenues la nouvelle religion, avec laquelle on nous promet quelques hypothétiques paradis… Une fois la dette remboursée, s'empressent-ils de dire. Mais, celle-ci se révèle n'être que le tonneau des Danaïdes ! Oubliés, les enseignements de Mai 68 !  
Frappé lui-même par la maladie d'Alzheimer, Mélenchon essaie de surfer sur des slogans aussi vagues que creux, à consonances citoyennes. En vain, puisque, transfuge trotskyste tel Jospin son ex-patron au gouvernement, Mélenchon s'efforce de faire oublier à l'opinion bourgeoise d'où il vient. Et nous ne parlerons pas de Hollande, parce que nous ne tirons pas sur les ambulances.
N'en déplaise à beaucoup, il est des concepts qui ne prennent ni âge, ni rides. Pour peu que les conditions qui présidèrent à leur apparition n'aient pas disparu. Tels que la nature et le rôle de l'État, par exemple. Au même titre que les explications des crises capitalistes à répétition, la dénonciation de l'absurdité du profit capitaliste pour le profit, la marchandisation de la force de travail, les limites du nationalisme, le rôle de la monnaie etc.
La vente des armes, les guerres au besoin, demeurent des moyens exceptionnels pour les capitalistes, de compenser la chute tendancielle du taux moyen de profit, lorsque le marché ne s'étend plus. D'où l'augmentation incessante de la productivité. Sarkozy n'avait que ce mot-là à la bouche. Autrement dit, comment aider les capitalistes à dégager toujours plus de plus-value, sans forcément augmenter leur production ? Enfin, une entreprise qui dégage de gros profits ne met ses salariés à l'abri de rien. Les ouvriers de l'Alsthom l'apprirent à leurs dépends.
À bas l'égoïsme bourgeois et petit-bourgeois !