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Au rive gauche
4 octobre 2011

Et si dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer (L. Ferré)

"La première redécouverte de l'ancienne Mésopotamie n'a pas été le résultat de fouilles délibérées, parce que rien, ou presque, ne subsistait sur le sol de cehistoire-commence-à-sumer vieux pays qui retînt le regard, aiguisât la curiosité, invitât à chercher et creuser. Seules intriguaient depuis plusieurs siècles voyageurs et amateurs d'antiquaille des briques ou des plaquettes d'argile, cuites ou séchées au soleil, que l'on trouvait sur place, revêtues d'un enchevêtrement bizarre et inquiétant de traits en forme de coins ou de clous : de "cunéiformes". C'est lorsqu'on se fut persuadé qu'il s'agissait bel et bien d'une écriture que vint l'envie de la déchiffrer. Il fallut une audace, une obstination et un génie d'autant plus admirables que l'on ne possédait point, comme en Égypte, de "bilingue" : de traduction en quelque langage familier d'au moins un de ces textes hermétiques, et qu'on ne savait même pas quelle langue on y trouverait. Un demi-siècle d'efforts inouïs, de sagacité et d'intelligence d'une poignée de savants, lancés sur la bonne piste par le perspicace G. F. Grotefend, dès 1802, vingt ans avant l'annonce du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, furent nécessaires pour venir à bout du système graphique qui se cachait en ces grimoires.
Lorsque enfin, en 1857, on fut certain d'en avoir forcé le secret, qu'y trouva-t-on ?
D'une part, une langue : une langue sémitique, apparentée à l'hébreu, l'araméen, l'arabe. Les usagers de cet idiome..., étaient donc culturellement des Sémites, et, plus précisément, comme on le comprit vite à mesure qu'on déchiffrait mieux leurs archives de brique, ces fameux Assyriens et Babyloniens de la Bible et des auteurs classiques, ces grands peuples évanouis qui un temps avaient fait trembler le monde, et dont on recouvrait ainsi les "papiers" originaux, avec la clé de leur longue histoire... D'autre part : une écriture, étrangement compliquée et déconcertante, puisque, entre autres singularités... Chacun, au gré du texte, pouvait se lire, tantôt comme "idéogramme", tantôt comme "phonème" et, dans ce dernier cas, c'était toujours une syllabe simple, du type a, ab, ba, bab ou bad. Le même caractère, ici évoquait "la main" ou "le pouvoir" qu'elle symbolise, là devait s'entendre du son shu ; un autre, dans un premier contexte, se lisait ka, mais, ailleurs, marquait évidemment "la bouche", ou "la parole", ou "parler" ; un autre encore passait pareillement de la valeur phonétique tuk à celle, "idéographique", de "posséder", "avoir".  Préface de Jean Bottéro

quo_vadis-filmN'allez pas croire que j'aie discuté de vive voix avec mon frère Abel, de tout ce qui fait l'objet de ma correspondance avec lui. Ce frère aîné que, petit garçon, j'avais probablement beaucoup aimé et à qui je m'adressais, était à ce moment-là, à des années lumières de moi. Tandis que je découvrais ce que les lycéens apprennent communément aujourd'hui. C'est à tout le moins, ce que je leur souhaite. pierre
Sans doute y avait-il chez moi un besoin de reconnaissance vis-à-vis des miens, eu égard aux choix militants que j'avais faits des années auparavant. Reconnaissance, il faut le dire, qui ne m'arrive que partiellement aujourd'hui, à l'orée de mes 70 ans. À l'instigation de quelques neveux et petits-neveux, qui l'eut cru ? Ce, en vertu du principe qui veuille que l'on ne soit jamais prophète en son pays. Lequel fondement, basé sur la jalousie intrafamiliale, devait déjà fonctionner au temps de l'invention de l'écriture, à Sumer et ailleurs. Car en ce domaine, plus qu'humain, le temps parait ne rien y changer, tout au contraire. Bref, je pris mon bâton de pèlerin et me mis à la tâche.
Quelque peu "touche à tout" et par trop autodidacte à mon goût, je ne devins pas, hélas, un spécialiste en quoi que se soit. Je me passionnai plus simplement, pour une histoire mythologique  qui allait au-delà et en-deçà de celle à laquelle mes parents crurent les yeux fermés. Et dans laquelle je trouvais les mêmes scénarios, à peine déformés, que l'on repère dans la bible puis l'évangile et tutti quanti. Déçus et tristes, au départ, mes parents cessèrent ensuite de s'inquiéter de mon évolution. Sans doute parce que cet éloignement idéologique se traduisait pas un dévouement accru chez moi. Abnégation de soi, en somme qui, de leur point de vue, était le summum de l'application de leurs principes. Pour eux, je demeurais un croyant qui s'ignorait ! sacrifice-d'Isaac
Dire qu'une telle démarche entraine automatiquement une libération est aller un peu vite en besogne. Car une illusion en cache toujours une autre et ainsi de suite. Là où on pensait découvrir une vérité scientifique, on ne trouve bien souvent qu'une autre illusion. Peut-être est-ce continuer à chercher, seulement, qui influence et libère. Sans parler du plaisir qu'on y trouve, accessoirement. Mon regretté frère Abel aurait peut-être aimé faire ce chemin de Damas-là, tel l'apôtre Paul qui en tombe de cheval ! Beaucoup de choses ne lui en laissèrent pas le loisir. Son entourage, en premier lieu, et, en second une révolte œdipienne pour le moins édulcorée contre un père sacrifié. Tel Abraham que l'on voit, ci-contre, être retenu et empêché de tuer son fils... Or dans ce scénario, si le fils est épargné, c'est le père qui est sacrifié. Il suffit de remplacer la main de l'ange, par celle de notre mère et le tour est joué. Laquelle, dois-je préciser, l'a moins retenue pour moi. L'appropriation respective de l'aîné était un enjeu crucial, qui n'existait plus au sixième. >> Lire: Lettre à Abel (suite)

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