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Au rive gauche
2 décembre 2014

Liberté chérie !

BORIS PILNIAKtrotski
Pilniak est un réaliste et un remarquable observateur, à l'œil clair et à l'oreille fine. Les hommes et les objets ne lui paraissent point vieux, usés, toujours les mêmes, et seulement jetés dans un désordre temporaire par la Révolution. Il les saisit dans leur fraîcheur et dans ce qu'ils ont d'unique, c'est-à-dire vivants et non morts et, dans le désordre révolutionnaire qui constitue pour lui un fait vivant et fondamental, il cherche des appuis pour son ordre artistique propre. En art comme en politique – et à certains égards l'art se rapproche de la politique et réciproquement, car tous deux font œuvre créatrice – le " réaliste " est incapable de regarder ailleurs qu'à ses pieds, de remarquer autre chose que les obstacles, les défauts, les ornières, les bottes éculées et la vaisselle cassée. D'où une politique timorée, fuyante, opportuniste, et un art de basse condition, rongé par le scepticisme, épisodique. Pilniak est un réaliste. La seule question est celle de l'échelle de son réalisme. Or notre époque réclame une vaste échelle.

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Capitaine-Conan

À un ami, suite 2
Au sujet des formes que revêtent la lutte des classes, jusque dans les guerres mondiales, force m’est de dire que mes idées à propos de La révolution russe d'octobre 1917 - qui restera à jamais l'évènement majeur du 20e siècle - furent d'abord celles de mes parents. Qui y étaient hostiles, optant pour des idées réactionnaires, éloignées de ce qui s’était passé. Sous la pression de l'église, ils confondaient allègrement Staline et Lénine. Leurs sentiments s’engluaient dans tous les lieux communs vis-à-vis de toute dictature d'où qu'elle vienne, dont toute révolution accouche nécessairement. Réaction paradoxale, pour des gens qui supportèrent toutes les privations que les deux dernières guerres mondiales leur avaient imposées. Et pour quel résultat ?
Il se trouva néanmoins que, petit, je passai souvent devant la ferme du Paul "dit Toiny", aux côtés de mon père. Ce vieux monsieur, me disait mon père, avait été envoyé aux Dardanelles, tandis que les survivants de cette gigantesque boucherie et gabegie mondiale que fut la guerre de 14/18 -honte à eux-, étaient renvoyés chez eux. C’était ce que je compris du discours paternel, sans que celui-ci ne relève de lui-même aucune contradiction. Or, que faisait l'armée française là-bas sinon lutter contre la jeune révolution ouvrière russe ? Un trouble certain s’installait en moi. Car, sans savoir exactement où se trouvait le Ivan-et-MariaBosphore, j’avais le sentiment qu’il n'était pas du côté du "Chemin des dames".
Mon père savait, mais ne m’en dit rien, me mentant par omission. Il compatissait au fait que "le Paul" fut démobilisé plus tard que les autres sans plus, tandis que mes deux grands pères étaient déjà revenus. Ces vieux, que la guerre avait rejetés, une fois les hostilités terminées, errèrent dans l'indifférence générale comme autant d'âmes en peine, puis sombrèrent pour certains dans l'alcoolisme. Jusqu'à, le soleil de l'été et les travaux des champs aidant, faire des crises de delirium trémens et finir à l'hôpital psychiatrique de Saint-Ylie, celui dit de Bouvier dans un film de Tavernier.
Distinguons la dictature révolutionnaire Ivan-Moskvaprolétarienne de l'autre, celle du capital ? La der des ders, pour nous débarrasser de toute exploitation et de nos oppresseurs qui ne lâcheront rien. Une dictature, que nous exercerons nous-mêmes, en opposition à "la droite liberté formelle" d’aller vendre notre force de travail, quand le marché de l’emploi le permet. Aujourd'hui le capital règne en maître absolu, y compris vis-à-vis des ses actionnaires. Il faut véritablement être un journaliste, à la solde des patrons, pour nous présenter la perte d'un emploi, même pas payé au Smic, comme un incommensurable malheur. Toujours est-il qu'avec les "aides" que les employeurs perçoivent du pouvoir d'État, de gauche ou de droite afin disent-ils "d’embaucher", les patrons sont les seuls à profiter de leur pseudo lutte contre un chômage qui les arrange bien. Des gens qu’ils ne paient quasiment pas, tandis qu'ils réclament la suppression des aides aux chômeurs. Tartuffes, va !
Arrivé début des années 60 à Besançon, je fréquentai le milieu Cédétiste et entendis parler de Proudhon, de la Commune de Paris, puis du mouvement ouvrier. Mais, La guerre d’Algérie occupait tous les esprits. Celle-ci terminée, je commençai ma formation politique dans des réunions qu’un ouvrier licencié de Rhodiacéta organisait. Jamais les rapports sociaux ne m’apparurent aussi clairement. Vint alors Mai 68, une illustration grandeur nature. Dès lors, j’accédai au matérialisme historique, à l’économie politique enfin. Après un bref passage chez les anarchistes et les maoïstes, j’abordai le marxisme. Ce trajet chaotique, ne se fit pas sans crises, ni divorces.
Mais que la lutte est belle !

 

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