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Au rive gauche
22 avril 2011

Qui sait jamais ce qui nous anime ?

Henriette_Jacoby_livre"Qu'il me soit ici permis de raconter une histoire simplement parce que j'en ai envie. Sans autre raison. Je veux m'y perdre tout à fait en bavardages, m'y enfermer dans mes propres fils comme le ver à soie dans son cocon. Prenez cela pour une lubie ! Dites-vous : "C'est un jouet qu'il se construit ! Dieu sait pourquoi !" Mais écoutez. Car si je ne raconte pas cette histoire, il n'y aura personne pour vous la raconter, et il se pourrait qu'elle se perde, il se pourrait qu'elle devienne non avenue, et ce serait dommage. Ceux en effet qui eurent part aux événements n'en trahiront plus rien. Vous n'entendrez d'eux pas une syllabe à ce sujet ; car ils sont un peu taciturnes depuis qu'ils se sont, il y a quelques décennies, retirés des affaires de ce monde pour attendre sans être dérangés, dans la paisible et confortable contemplation d'eux-mêmes, le jour où, avec cordeaux et jalons, on tracera chemins et rues à travers l'îlot de solitude entouré de vagues de bruit qu'est leur actuel domicile, et où, à la place de leurs modestes monticules recouverts de lierre, entre lesquels, l'après-midi, les enfants se poursuivent, on entassera les bordures et les dalles de granit destinées à la construction des trottoirs. Elle est devenue légende, la vie de tous ceux dont je vais parler. Plus encore : elle s'est dissoute dans le néant ; ils sont passés, ainsi que dit le Psalmiste, comme s'ils n'avaient jamais été.
Et c'est pourquoi je demande qu'on me laisse parler d'eux ! Car c'est une injustice, une injustice criante, que quelque chose qui a été doive replonger si complètement dans le néant, qu'après nous, qu'après notre temps de présence en ce lieu incertain, cinquante ou soixante ans à peine après que nous avons quitté la scène de la vie, plus une âme ne soit censée s'enquérir de nous, aucune poule caqueter, aucun coq chanter, personne se soucier de nous. Est-ce pour cela que nous vivons ?"Georg Hermann

beaucoup_de_bruit_pour_rien_

Encore et toujours des histoires d’amour, pourrait être l’entame du jour ! Tandis que lorsqu’on parle d’amour la haine n’est jamais loin, elle non plus. Qu’est-ce donc que ce sentiment qui à la fois nous porte vers les autres et nous en éloigne ? À la manière d’un instinct de survie, sans doute. À moins que ce ne soit culturellement, déjà, en lieu et place de celui-ci !
La difficulté est que nous avançons masqués. Autrement écrit : que nous prenons des vessies pour des lanternes !
C’est justement la lanterne de notre jeune correspondant que nous tentons d’éclairer ! À la lumière de nos théories, elles-mêmes associées à notre expérience.
Car, l’une sans l’autre, elles ne nous avancent guère ! Ainsi que le démontre Florian, le fabuliste :

(…) "Les spectateurs, dans une nuit profonde,
Écarquillaient leurs yeux et ne pouvaient rien voir (…)
Moi, disait un dindon, je vois bien quelque chose ;
Mais je ne sais pour quelle cause
Je ne distingue pas très bien.
Pendant tous ces discours, le Cicéron moderne
Parlait éloquemment, et ne se lassait point,
Il n'avait oublié qu'un point.
C'était d'éclairer sa lanterne."
Florian Jean-Pierre Claris De (1755-1794), Fables.

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