"À qui penses-tu ? À personne, mais c'est pour faire avancer le chimimi…"

Lettre à la rédaction de "The militant"
Chers camarades,
Je suis avec grand intérêt votre journal et son esprit combatif me réjouit beaucoup. L'histoire de l'apparition de l'Opposition américaine est en elle-même très caractéristique et hautement instructive. Il a fallu qu'après cinq ans de lutte contre l'Opposition les membres du Comité Central du Parti américain, et même du Bureau Politique de celui-ci, fissent un voyage au Congrès, à Moscou, pour apprendre pour la première fois ce qu'était le soi-disant "trotskysme". Ce fait est par lui-même un acte d'accusation irréfutable contre le régime, d'esprit policier, et les falsifications venimeuses existant dans le Parti. Certes, les Lovestone et les Pepper ne créent pas ce régime, mais ils en sont les fonctionnaires attitrés. J'ai pris Lovestone en flagrant délit d'odieuse falsification idéologique (voir mon livre "Europe et Amérique"). S'il existait un régime un tant soit peu normal, cela seul eût suffi pour obliger un homme à disparaître pour toujours, en tout cas pour longtemps, ou tout au moins l'eût forcé à se rétracter. Mais, dans le régime actuel, il suffit aux Lovestone, pour consolider leurs positions, de répéter obstinément leur truquage bien qu'il soit depuis longtemps démasqué. C'est d'ailleurs ce qu'ils font, sans aucune honte, en singeant leurs maîtres actuels, ou plutôt leurs chefs administratifs. L'esprit des Lovestone et des Pepper est radicalement hostile à celui de la révolution prolétarienne. La discipline vers laquelle nous tendons (et nous nous efforçons de réaliser une discipline de fer) ne peut être fondée que sur une conviction consciemment conquise, transmuée en chair et en os. Je n'ai pas eu l'occasion de voir de plus près les autres éléments dirigeants du Parti Communiste américain, à l'exception peut-être de Foster. Ce dernier m'a toujours paru être d'une autre étoffe que les Lovestone et les Pepper.
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Édito
Avec la lecture des œuvres de Trotsky nous allons, si vous le voulez bien, nous rapprocher un peu de nous dans le temps. Sans nous brûler les ailes, ni griller quelques étapes non plus. Mais, en remettant le mot révolution à l'ordre du jour, Mélenchon nous contraint à en redéfinir quelques contours, sans effets de manches pour ce qui nous concerne.
Histoire de prévenir une énième déception que nous, nous sentons venir. Suivez notre regard ! C'est qu'il a l'air d'y aller fort le bougre. Encore qu'il n'y ait que son estrade qui tremble ! Quant aux bourgeois, ils rigolent ! Eux, qui en ont vu d'autres. Contrairement à Mélenchon, de leur point de vue toujours, Mitterrand avait présenté d'autres garanties que celles que Mélenchon ne peut leur offrir.
Hollande, de son côté, fait celui qui n'entend rien. Car s'il tremblait à chaque éclat de voix de son rival à gauche, c'en serait finit de ses chances de prouver à la bourgeoisie qu'il n'est en rien sensible à sa base sociale. Il pourrait aller se rhabiller avant même le premier tour. Et puis, il a toujours le temps de voir si tout cela n'est qu'un feu de paille. À moins que tout cette mise en scène ne soit, au fond, qu'une nouvelle version de la fable du "renard et du corbeau" ? Mélenchon tenant le rôle du renard, bien évidemment.
Toujours est-il qu'on sent le poids des alliances (de circonstances) au sein du Front de gauche. Lesquelles poussent Mélenchon à aller un peu plus loin (dans son verbiage) qu'il ne le voudrait lui-même. Aux fins de ne pas attiser trop tôt les querelles au sein de son propre camp, Mélenchon se trouve contraint de clamer - haut et fort, à qui veut l'entendre - qu'il n'est pas ministrable. Tout en affirmant, aussitôt, que tout parti qui fait campagne le fait pour gouverner. Et se trahit en abordant "déjà" les futures élections législatives, qu'il faudra bien tôt ou tard négocier avec le PS, qu'il semble vouer aux gémonies grecques. C'est là, que la direction du PCF risque de se faire pigeonner une nouvelle fois. Bref, tout ça n'est qu'un os à ronger pour les militants communistes ! Qui, eux, ne rêvent que de voir revenir l'horizon 81, lequel leur a pourtant couté si cher ! Mais, ils en redemandent, semble-t-il !
Et les commentateurs - qui doivent justifier leurs paies - de s'user les dents sur le phénomène Mélenchon, qu'aucun n'explique. Mais tous savent qu'on peut remplir des salles, faire de grosses manifs, sans le traduire dans les urnes. Pour preuve : Mai 68 qui accoucha d'une impossible chambre de députés de droite un mois plus tard. Sans oublier le printemps arabe qui, sur le plan électoral, profite aux seuls islamistes. Il y a là un marché de dupes, n'est-ce pas ?
Enfin, il ne se passe pas un jour sans qu'on me demande de voter Mélenchon ! Sans illusions, me disent mes interlocuteurs comme pour se justifier à l'avance. Où parce que Hollande leur parait trop mou, ou trop enclin au compromis etc. Au fond, rien ne leur ferait plus plaisir que de se débarrasser de Sarkozy tout en envoyant un avertissement à Hollande ! Faire d'une pierre deux coups. En somme, Mélenchon veut nous refaire le coup du programme commun et singe Marchais !
Qu'il repasse, nous on a déjà donné !