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Au rive gauche
17 septembre 2011

Si dieu existe, c'est le hasard !

naissance_purgatoire_livre"AVANT LE PURGATOIRE...
Des religions et des civilisations antérieures le christianisme avait hérité une géographie de l'au-delà ; entre les conceptions d'un monde uniforme des morts — tel le shéol judaïque — et les idées d'un double univers après la mort, l'un effrayant et l'autre heureux, comme l'Hadès et les Champs Élysées des Romains, il avait choisi le modèle dualiste... Au lieu de reléguer sous terre les deux espaces des morts, le mauvais et le bon, pendant la période qui s'étendrait de la Création au Jugement dernier, il avait placé dans le Ciel, dès l'entrée dans la mort, le séjour des justes — en tout cas des meilleurs d'entre eux, les martyrs, puis les saints. Il avait même localisé à la surface de la terre le Paradis terrestre.. Sur les cartes médiévales on le voit, à l'Extrême-Orient, au-delà de la grande muraille et des peuples inquiétants de Gog et Magog, avec son fleuve aux quatre bras que Yahvé avait créé "pour arroser le jardin" (Genèse H, 10). Et surtout l'opposition Enfer-Paradis fut portée à son comble, fondée sur l'antagonisme Terre-Ciel. Bien que souterrain, l'Enfer c'était la Terre et le monde infernal s'opposait au monde céleste comme le monde chthonien s'était, chez les Grecs, opposé au monde ouranien. Malgré de beaux élans vers le Ciel, les Anciens — Babyloniens et Égyptiens, Juifs et Grecs, Romains et Barbares païens — avaient davantage redouté les profondeurs de la terre qu'ils n'avaient aspiré aux infinis célestes, souvent habités d'ailleurs par des dieux de colère. Le christianisme, au moins pendant les premiers siècles et la barbarisation médiévale, ne parvint pas à internaliser complètement sa vision de l'au-delà. Il souleva la société vers le Ciel... Dans le système d'orientation de l'espace symbolique, là où l'Antiquité gréco-romaine avait accordé une place prééminente à l'opposition droite-gauche, le christianisme... avait très tôt privilégié le système haut-bas. Au Moyen Âge ce système orientera, à travers la spatialisation de la pensée, la dialectique essentielle des valeurs chrétiennes...
Quand le christianisme, moins fasciné par les horizons eschatologiques... et que les chrétiens pensèrent que les âmes de certains pécheurs pouvaient peut-être sauvées... la croyance qui apparaissait ainsi et donnera naissance au XIIème siècle au Purgatoire n'aboutit pas à la localisation précise de cette situation et de cette épreuve. Au Moyen Âge ce système orientera, à travers la spatialisation de la pensée, la dialectique essentielle des valeurs chrétiennes. Jusqu'à la fin du XIIème  siècle le mot purgatorium n'existe pas comme substantif. Le Purgatoire n existe pas... Il est remarquable que l'apparition du mot purgatorium qui exprime la prise de conscience du Purgatoire comme lieu... ait été négligée par les historiens de la théologie et de la spiritualité... Pour les historiens des idées et des mentalités, des phénomènes de longue durée, venus lentement des profondeurs, les mots — certains mots — ont l'avantage d'apparaître, de naître et d'apporter ainsi des éléments de chronologie..." (J. Le Goff).

retour_camillo__filmAccordons-nous qu'il soit vain, facile et prématuré de croire que l'on puisse aisément se débarrasser de la place qu'ont prise les histoires (vieilles de plusieurs siècles) que l'on nous a généreusement narrées lors de notre enfance. Même avec la critique la plus acerbe, ajoutée à la meilleure volonté du monde, il en restera toujours quelque chose. Ne serait-ce qu'au niveau de l'image de notre père ce héros, à laquelle nous nous sommes identifiés, nous les hommes. Sans compter que tout ce fatras n'est probablement que le reflet à peine déformé de ce que l'humanité a vécu, au final. Voilà qui expliquerait assez aisément le fait observé que : pouvoir, rituel, oppression et religion demeurent inséparables.
Bref, plutôt que continuer à élucubrer "éternellement" à propos du sexe des anges, ou mieux : de l'existence ou non de dieu, je m'attachai à comprendre l'origine humaine de ces contes religieux, ainsi que leurs fonctions culturellement parlant. Car, on le voit bien, toutes les civilisations ont leur propre mythologie, si elle n'emprunte pas celle de leur voisin qui toutes (se nourrissant les unes des autres) ont leurs racines au sein même de leur mode de production. Lequel repose toujours sur des conditions économiques, géographiques, juridiques propres à chaque ère. Nous sommes du reste, reconnaissons-le, portés à croire ce que nos sens nous révèlent de notre environnement, bien que souvent hostile. Selon M. Müller, il a suffi aux hommes préhistoriques d'observer 1) le lever du soleil (lumière divine), 2) son coucher (3) tous deux sans cesse réitérés pour qu'ils imaginent un début, une fin à l'univers et l'éternité.
Plus proche de nous, la "bonne mère nature" des écologistes n'est au fond qu'un mythe de plus ! C'est enfoncer des portes ouvertes de rappeler qu'en réalité c'est en s'organisant contre la nature et ses dangers, que les sociétés humaines réussirent à survivre. Ceci dit, tout en accordant aux nouveaux défenseurs (non désintéressés) de notre environnement que le système capitaliste a pour la première fois les moyens d'en détruire bon nombre d'aspects, positifs pour nous. Rien n'est parfait !
Or, avant d'y arriver le capitalisme détruit (ou consomme) une quantité considérable de notre force de travail. Dans le but unique et vain d'en faire du capital, que la bourgeoisie ne sait où investir. Au point que spéculer devient la nouvelle mythologie des petites-bourgeoisies des pays émergés et émergeants. Quitte à scier la branche sur laquelle elles-mêmes sont assises. Heureusement l'on voit tout et son contraire, comme en religion n'est-ce pas ? A condition, toutefois, que les condition sociales, économiques et politiques ne changent préalablement et radicalement.
Enfin, ce qui reste à discuter, c'est le prix que nous aurons à payer, afin de nous débarrasser du dieu fétiche : argent ! Probablement assez cher. Mais toujours moins que ce que nous payons déjà à la survie d'un système inique et inhumain surtout. A bas le capitalisme, ses cliques, son fric !  >> Lire encore

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