"Orphée et Eurydice" - Pina Bausch

"J'ai perdu mon Eurydice, Rien n'égale mon malheur, Sort cruel ! Quelle rigueur ! Rien n'égale mon malheur, Je succombe à ma douleur, Eurydice! Eurydice ! Réponds ! Quel supplice ! Réponds-moi, C'est ton époux, ton époux fidèle, Entends ma voix qui t'appelle, Ma voix qui t'appelle, J'ai perdu mon Eurydice, Rien n'égale mon malheur, Sort cruel ! Quelle rigueur! Rien n'égale mon malheur, Je succombe à ma douleur, Eurydice ! Eurydice ! Mortel silence ! Vaine espérance ! Quelle souffrance ! Quel tourment déchire mon cœur, J'ai perdu mon Eurydice, Rien n'égale mon malheur, Sort cruel ! Quelle rigueur ! Rien n'égale mon malheur, Sort cruel ! Quelle rigueur ! Je succombe à ma douleur, à ma douleur, à ma douleur." Paroles de l’opéra : Orphée et Eurydice

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Atelier d’écriture du 7 décembre 2015

2e sujet
Pour moi c'était très agréable pendant trois ans de venir et de mettre les pieds sous la table, en quelque sorte. Ce changement de fonctionnement où chacun à son tour propose un sujet m’a fait venir une phrase à l'esprit que j’ai modifiée et détournée de son contexte psychanalytique. Définition simple d'étayage : soutien, appui.

Ce qu’on gagne en liberté on le perd en étayage, ce qu’on gagne en étayage on le perd en liberté.
Consigne : Qu'avez-vous à dire sur ces "enjeux" ? Il vous reste à choisir un sujet ou les deux. Au plaisir de nous lire les uns, les autres !

Reinach

Cher ami,
Tu l’auras compris, c’est le deuxième sujet proposé par l’animatrice du jour, que j’aurais choisi si j’étais allé au dernier atelier d’écriture, animé par Lomi. Et c’est, je crois, le thème de notre dernière conversation. À savoir : dans quelle mesure faut-il nécessairement quitter, abandonner, exécrer la protection illusoire que le couple parental nous offre, afin de nous lancer à la conquête du monde ? Et, au fond, réunir les conditions à la nécessaire réussite de notre vie, si tant est qu’elle puisse l’être.
Notre destin ressemble, ce me semble, à celui de ce pauvre Orphée, sommé de choisir entre la sécurité que lui offre la fidélité conjugale - quitte à se priver de tous les petits et menus plaisirs - ou l’aventure, comme promesse de jouissances répétitives à venir. Lequel Orphée, au fond, est tenté de lâcher la poire pour l’ombre ! Or, c’est bien là que se situe la différence entre un homme et le petit garçon qu’il fut et entend demeurer. Autrement écrit : notre tendon d’Achille à nous les hommes. Au reste, la sécurité qui correspond aux étayages de ce second thème n’est en elle-même qu’un leurre de plus. Quant à la liberté, son alter ego, elle l’est certainement tout autant. C’est cela, je crois, qui nous fait valse-hésiter. D’autant que s’il n’y avait la revendication paternelle, vis-à-vis de la mère, nous ne serions pas capables de trancher ce nœud gordien seul. Et ne quitterions probablement jamais la mère Encore que ce ne soit qu’en devenant père nous-mêmes que nous parachevons le travail. La vie est véritablement un labyrinthe, Mullerduquel nous voulons à la fois sortir et pas ! Si nous n’avions deux parents à aimer notre ambivalence, à préférer soit l’un soit l’autre, serait assurément moindre.
La mère est le siège de la vie ainsi que de ses promesses, à condition toutefois qu’on ne la quitte. Naître et y mourir ne nous avanceraient guère. C’est pourtant le défi que paraissent se lancer les générations actuelles. Ceci étant dit, on comprend aisément pourquoi chacun de nous ait besoin de se procurer bon nombre de substituts. Lesquels, si on y réfléchit bien, ne sont souvent que des substituts de substituts déjà, en fonction de notre avancée dans la vie. De sorte qu’il nous soit facile de croire avoir perdu de vue l’orignal. Alors que rien n’est plus faux. A tel point que je serais bien en peine de te préciser le moment où je me lançai, librement, affranchi dans ma vie. Au risque de faire erreur : Je me risquerais à avancer que ce pourrait être lorsque je me décidai à quitter l'étayage de L.O., au sein duquel je ne trouvais cependant pas que de la sécurité. Sans doute mes dernières illusions tombèrent à ce moment-là. Certes, Bernadette était déjà à mes côtés. Mais, les trois enfants qu’elle se refusait à abandonner contrebalancèrent largement les avantages qu’elle m’offrait par ailleurs. Là, il me fallut affronter de multiples démons à la fois. Sans plus me retourner non plus, cette fois, j’escaladai la montagne que mon destin sexué érigeait. Bernadette mieux qu’Eurydice en somme ! Au sens où il manque des enfants à celle-ci, dans le mythe. Les enfants comme nouveaux "étais", toujours substitutifs d’anciens. Et la boucle est bouclée. Autant dire : remets-toi, comme tu étais !
Étienne

>> Le symbolisme dans la mythologie grecque : Orphée