Nous n’arrivons que là où nous voulons inconsciemment aller

"Le vieux professeur Sérébriakov est venu se retirer à la campagne, dans la maison de sa première épouse. Cette arrivée perturbe la vie paisible de Sonia, la fille du professeur, et d'Oncle Vania, qui à eux deux exploitent tant bien que mal le domaine. D'autant que l'attention des proches et de Vania lui-même très vite se cristallise sur Eléna, la seconde et très désirable épouse. La crise inévitable éclate, violente au point que Vania tire sur Sérébriakov, sans l'atteindre toutefois. Mais c'est avec le départ du couple, et le retour au calme, qu'est révélée la véritable nature du drame : la capacité de Tchékhov à reproduire des atmosphères, sa langue même - ici remarquablement servie par la traduction - signalent en effet l'essentiel. Que la beauté vient de la simplicité et que les personnages puisent dans le quotidien, même trivial, même résigné, le sens de leur existence.
Cependant, plus on donnera d’importance à ce passé, plus on aura le sentiment qu’on a raté sa vie."

La trêve des confiseurs étant enfin terminée, nous revenons à nos préoccupations favorites. Lesquelles se résument dans la phrase de mon beau-fils qui, un jour qu’il m’accompagnait à la gare de Carcassonne, me demanda à brûle pourpoint : "Qu’est-ce que réussir sa vie ?"
Surpris sur le coup, je préférai m’abstenir de toute réponse par trop triviale. Tout en me jurant d’y revenir un jour. Mais la réponse me vint en sortant de la gare de Besançon quelques heures plus tard, à savoir que réussir sa vie c’est : sortir de l’enfance ! Laquelle n’est que le paradis terrestre, s’il en est un, dont la religion catholique nous rebat les oreilles. À un moment de notre existence où l’autre n’existe pas véritablement, sauf pour nous servir. Et il n’est même pas certain que nous le ressentions ainsi.
Les deux drames ci-contre, inspirés du même auteur, ne sont pas loin d’exprimer, de près ou de loin, celui de notre jeune correspondant, qui tombe trop facilement amoureux. L’esthétique tchekhovienne en plus.
C’est l’arrivée des belles sœurs, chez moi, qui envenima plus que tout au monde, les relations confraternelles entre nous les 5 premiers garçons, au grand dam de notre mère. Au point que l’entreprise artisanale, créée auparavant, n’y résista pas ! Chacun reprit ses billes et s’en fut de son côté suivre un destin identique, fait de labeur ! Lequel était déjà tracé par nos prédécesseurs, depuis longtemps.
Sauf évènements majeurs, il y a peu de chances pour que nos descendants n’y échappent eux-aussi. Et c’est ainsi que tout se perpétue, au-delà des modes qui, elles, ne cessent de changer.
Il n’y a que la révolution qui puisse casser ce train-train ! Laquelle n’est pas davantage programmée que ne le fut le soulèvement auquel nous assistons au Moyen-Orient, ainsi que dans le Maghreb. >> Lire encore