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Au rive gauche
12 novembre 2012

Écrire, c'est vivre !

Robert Darnton Editions-et-seditions
Édition et sédition

L'univers de la littérature clandestine au XVIIIe siècle
Qui se souvient encore de Pidansat de Mairobert de Moufle d Angerville ou de Thévenot de Morande ? Qui lit aujourd'hui le Gazetier cuirassé, les Anecdotes sur Mme la comtesse Du Barry ou Thérèse philosophe ?
Redécouvrir l'énorme corpus oublié de la librairie illégale au siècle de Voltaire et de Rousseau, c'est pénétrer dans le monde bigarré de la littérature clandestine. On y rencontre, tour à tour, les éditeurs-imprimeurs, aux frontières du royaume, souvent gens honorables et bons bourgeois calvinistes, qui multiplient les publications subversives ou immorales ; les pauvres hères de ta contrebande : passeurs, colporteurs et marchands forains qui risquent les galères pour diffuser dans le royaume cette littérature de l'ombre : les gens installés- édiles et notabilités, qui lisent sous le manteau ces opuscules interdits. Mais aussi les libraires les plus insoupçonnables qui sous le comptoir, se livrent au commerce de livres scandaleux, tant les gains y sont aisés à faire.
Tons partagent la même fascination pour l'univers fictionnel des "écrits philosophiques" clandestins. Canards, chroniques scandaleuses, pamphlets matérialistes, textes pornographiques nourrissent la même vision du monde : la Religion est une tromperie, l'Église une oppression, le Roi un homoncule, ses maîtresses des catins, les catins les véritables maîtresses du royaume, et tout cela glisse vers l'abîme depuis le bon roi Henri IV... Grâce à Robert Darnton, nous savons désormais ce que furent réellement les Français au siècle des Lumières : une littérature séditieuse qui, bien qu'elle ne répondît pas aux genres nobles et canoniques, mina dans les esprits les fondements de l'Ancien Régime plus que ne le firent les forts traités des Philosophes ou les grands romans du siècle dont la postérité voulut garder le souvenir.
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dvd-bouvard-et-paccuchetÉdito
L'atelier d'écriture Édouard Droz, qui vit le jour dernièrement, se réunit à la mi-temps de chaque mois, à l'ombre de l'église de la Madeleine à Besançon ; dans des locaux cédés de haute lutte par la mairie à l'association Tambour Battant. Laquelle collégiale domine le quartier Battant de ses hautes tours, comme au bon vieux temps de PJ Proudhon.
J'ai paradoxalement beaucoup de souvenirs dans ce quartier que je n'ai pourtant jamais habité. Tous sont plus ou moins Par-ecritliés à mon passé syndicaliste ainsi qu'à mes débuts dans le militantisme politique. À l'époque du 1er conflit LIP (1973/1974), le PSU avait son siège rue de Vignier, à l'instar du PCF un peu plus tard. Et puis, il y avait là "la maison du peuple" ainsi que les sièges des deux syndicats principaux : CGT et CFDT. Considéré comme encore relativement mal famé, au début des années 60, le quartier Battant ne m'attira pas immédiatement. Et pour cause, c'est là qu'on y trouvait "les maisons de passe", avant qu'elles ne soient fermées. Moi, le petit paysan qui arrivait tout frais moulu de ma campagne, j'étais en somme et toutes proportions gardées, comme ces Bretons qui arrivaient à Paris les chaussures encore toutes crottées des boues de leurs champs !
Le mot "Bousbot" (qui veut dire bouter les parpaillots dehors) résonnait à mes oreilles, sans rien éveiller a priori. Du point de vue folklorique et historique, disons que si la ville appartint à la curaille, il eût suffi de franchir l'ancien pont romain, pour arriver chez "les ouvriers". Quartier d'immigrés, jusqu'à la construction de Planoise, Battant a toujours eu la préférence des intellectuels dits de gauche. En 68, les manifs partaient du haut de ce quartier, pour le traverser et se diriger vers le centre ville ensuite. A passer entre ses murs, elles se gonflaient d'une résonance sans pareille, d'un nouvel élan puis, enfin, d'une force qu'elles ont perdues depuis que les syndicats ne veulent plus faire peur aux bourgeois. Présentement, la rue Battant est toujours l'une des plus populaires de la ville. Si le PCF et la CGT y eurent toujours leurs "quartiers", Je-ne-sais-pas-sitradition oblige, aujourd'hui ne s'y retrouve qu'une population quelque peu marginalisée, petite-bourgeoise, de tendance plutôt anarchiste. Les commerces squattent néanmoins petit à petit la rue. Tout change. Les ouvriers ont quitté le quartier, tandis que leur nombre diminuait. L'association Tambour battant, quant à elle, ne reflète que le changement qui s'y est opéré. Il est seulement à souhaiter que l'association dans son ensemble et l'atelier d'écriture, en particulier, soient un jour le lieu où se manifesteront les changements qui, eux, ne tarderont pas à venir. Il n'est qu'à voir ce qui se passe en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie et j'en passe, suite aux décisions drastiques que les gouvernements de ces pays viennent de faire voter par des parlements croupions et aussi godillots que le nôtre. Ce, d'autant plus que le chemin n'est pas aussi long de l'Europe au quartier Battant, qu'on serait porté à le croire. De près, ou de loin, l'histoire s'y est toujours manifestée. Et continuera de le faire.
Et, si le peuple de gauche fait le dos rond actuellement - se sentant les mains liées par un gouvernement qui n'est pas le sien - rien ne dit qu'il ne montrera pas les dents demain, si Hollande et sa clique poussent le bouchon trop loin ! Souvenons-nous que les travailleurs n'ont jamais fait des révolutions que quand c'était nécessaire et non de gaîté de cœur. Ça, ce n'est pas prêt de changer.
Mais, si on les cherche, on les trouve !

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