"Passe ton BAC d'abord !" (3)

Manuscrits de 1844 de Karl Marx. Préface :
J'ai annoncé dans les Annales franco-allemandes la critique de la science du droit et de la science politique sous la forme d'une critique de la Philosophie du Droit de Hegel. Tandis que j'élaborais le manuscrit pour l'impression, il apparut qu'il était tout à fait inopportun de mêler la critique qui n'avait pour objet que la philosophie spéculative à celle des diverses matières elles-mêmes, et que ce mélange entravait l'exposé et en gênait l'intelligence. En outre, la richesse et la diversité des sujets à traiter n'auraient permis de les condenser en un seul ouvrage que sous forme d'aphorismes, et un tel procédé d'exposition aurait revêtu l'apparence d'une systématisation arbitraire. C'est pourquoi je donnerai successivement, sous forme de brochures séparées, la critique du droit, de la morale, de la politique, etc., et pour terminer, je tâcherai de rétablir, dans un travail particulier, l'enchaînement de l'ensemble, le rapport des diverses parties entre elles, et je ferai pour finir la critique de la façon dont la philosophie spéculative a travaillé sur ces matériaux . C'est pourquoi il ne sera traité, dans le présent ouvrage, des liens de l'économie politique avec l'État, le droit, la morale, la vie civile, etc., que pour autant que l'économie politique touche elle-même à ces sujets ex-professo. Pour le lecteur familiarisé avec l'économie politique, je n'ai pas besoin de l'assurer dès l'abord que mes résultats sont le produit d'une analyse tout à fait empirique, qui se fonde sur une étude critique consciencieuse de l'économie politique. Il va de soi qu'outre les socialistes français et anglais, j'ai aussi utilisé des travaux socialistes allemands. Toutefois, les travaux allemands substantiels et originaux dans cet ordre de science se réduisent - en dehors des ouvrages de Weitling - aux articles de Hess publiés dans les 21 Feuilles et à "l'esquisse d'une Critique de l'économie politique" d'Engels dans les Annales franco-allemandes dans lesquelles j'ai également ébauché d'une manière très générale les premiers éléments de la présente étude. C'est seulement de Feuerbach que date la critique humaniste et naturaliste positive. Moins il est tapageur, plus l'effet des œuvres de Feuerbach est sûr, profond, ample et durable, et ce sont, depuis la Phénoménologie et la Logique de Hegel, les seuls écrits où soit contenue une révolution théorique réelle.
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Édito
Nous continuons à passer, pêle-mêle, notre BAC de philo 2012. Non pas selon le point de vue du lycéen moyen chargé - autant que faire se peut - de restituer le contenu des cours et seulement cela, ni non plus celui du citoyen, dont on nous a largement rebattu les oreilles dernièrement. Bref ! "Avons-nous le devoir de chercher la vérité ?" nous demande-t-on, dans la même tonalité que les précédentes questions. À dire vrai, tout cela fait très mythologie antique. Et puis, encore que ça le serait, où donc cela serait-il écrit, par qui et surtout comment ? L'inquisition, qui s'y entendait, s'y est cassé les dents.
Il n'y a guère qu'à la barre du tribunal que nous sommes sommés de jurer "de dire toute la vérité", sans qu'elle n'y soit jamais dite. Là où, au contraire, tout le monde se dit innocent. C'est à coup sûr le dernier endroit où il soit possible de la faire ressortir. Dans une société de classe, justice et vérité ne font pas bon ménage. Cependant, ne dit-on pas aux enfants : qu'on ne doit jamais mentir, qu'une faute avouée est à moitié pardonnée, etc ! Dans l'éducation il se pourrait, a contrario, que la vérité soit préférable à tous les mensonges les plus complaisants, à toutes les zones d'ombre et autres non dits. Finalement c'est au sein même de la famille que l'on apprend à mentir. L'éducation civique n'a que peu de chance de faire le poids, ni de rectifier quoi que ce soit. Quant aux contes, ils ne font qu'illustrer la contradiction dans laquelle nous nous trouvons à la fois d'aspirer à la vérité tout autant qu'à la redouter. Telle la marionnette Pinocchio créée par Gepetto, "menuisier pauvre" de son état. Un vrai petit garçon, lorsqu'il ne ment pas, fait l'apprentissage de la vie. Au lieu d'aller à l'école, Pinocchio se rend au théâtre de marionnettes de Mangiafuoco. Or, le nez de Pinocchio a la particularité de s'allonger, lorsqu'il ment.
Les vérités abondent, il y a la scientifique, celle des arts plastiques, des prix ou des marchés. Les vérités historiques, celles véhiculées par la rumeur, celles des histoires qui sont vraies, celles "qui ne sont pas toujours bonnes à dire", les éternelles, celles des uns et des autres et enfin celle qui tue toutes les autres, à savoir : à chacun la sienne. La plus fuyante de toutes, mais qui finit toujours par nous rattraper. Et, pour couronner le tout, il y a "La vérité, si je mens", du film de Thomas Gilou.
Psychanalytiquement parlant, la représentante d'entre toutes de la vérité est Méduse, l'une des trois Gorgones. Celle qui ne peut être regardée en face. Méduse aurait été une belle jeune fille, un peu trop fière de sa chevelure. Pour la punir, Athéna l'aurait changée en un paquet de serpents. Aussi repoussante qu'elle fût, Méduse n'en eut pas moins pour amant… etc. Persée la vainc, mais par la ruse seulement. Ce qui est à peu de choses près notre sort à tous. Car au fond, la seule vérité qui soit, c'est la mort ! Celle qu'on ne peut ni envisager, ni même affronter, inconsciemment parlant.
Néanmoins la vérité fait partie de ces mythes qui rehaussent l'intelligence ainsi que la culture humaine, sans que celle-ci ne l'atteigne jamais. Que la recherche de la vérité ne soit pas une contrainte est apparemment réconfortant et arrangeant pour tout le monde. Pour la vérité, il en va comme le reste, elle est toujours celle du plus fort ! Au fond : dire ou rechercher la vérité, c'est avant tout affronter les préjugés. C'est pourquoi les révolutionnaires sont les seuls à devoir la rechercher, étant donné que : "seule la vérité est révolutionnaire", selon Marx. Dès lors, la vérité vaincra.
Mais : "Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté !"