"L'histoire officielle, n'est qu'un mensonge officiel

Le déterminisme économique de Karl Marx
Marx, depuis environ un demi-siècle, a proposé une nouvelle méthode d'interprétation de l'histoire que lui et Engels ont appliquée dans leurs études. Il se conçoit que les historiens, les sociologues et les philosophes, redoutant que le penseur communiste ne corrompe leur innocence et ne leur fasse perdre les faveurs de la bourgeoisie, l'ignorent, mais il est étrange que des socialistes hésitent à s'en servir, par crainte peut-être d'arriver à des conclusions qui chiffonneraient les notions bourgeoises, dont à leur insu ils restent prisonniers. Au lieu de l'expérimenter, pour ne la juger qu'après usage, ils préfèrent discuter sur sa valeur en soi et lui découvrent d'innombrables défauts : elle méconnaît, disent-ils, l'idéal et son action ; elle brutalise les vérités et les principes éternels ; elle ne tient pas compte de l'individu et de son rôle ; elle aboutit à un fatalisme économique qui dispense l'homme de tout effort, etc. Que penseraient ces camarades d'un charpentier qui, au lieu de travailler avec les marteaux, scies et rabots mis à sa disposition, leur chercherait chicane ? Comme il n'existe pas d'outil parfait, il aurait long à déblatérer. La critique ne cesse d'être futile pour devenir féconde que lorsqu'elle vient après l'expérience, qui, mieux que les plus subtils raisonnements, fait sentir les imperfections et enseigne à les corriger. L'homme s'est d'abord servi du grossier marteau de pierre, et l'usage lui a appris à le transformer en plus d'une centaine de types, différant par la matière première, le poids et la forme.
Leucippe et son disciple Démocrite, cinq siècles avant Jésus-Christ, introduisirent la conception de l'atome pour comprendre la constitution de l'esprit et de la matière, et pendant plus de deux mille ans les philosophes, au lieu de songer à recourir à l'expérience pour éprouver l'hypothèse atomique, discutèrent sur l'atome en soi, sur le plein de la matière, indéfiniment continue, etc., et ce n'est qu'à la fin du XVIII° siècle que Dalton utilisa la conception de Démocrite pour expliquer les combinaisons chimiques. L'atome, dont les philosophes n'avaient su rien faire, devint entre les mains des chimistes "un des plus puissants outils de recherche que la raison humaine ait su créer".
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Édito
En proposant Lafargue à la lecture (à la relecture pour certains), il ne s'agit en aucune manière (ni non plus) de nier tous les progrès que la science a pu réaliser depuis le 19e siècle, dans la connaissance de l'origine des sociétés. Tout ceci procède davantage du besoin de "refaire" le raisonnement qui était (fin 19e - début du 20e) celui de quelques dirigeants de gauche, dirions-nous pour faire court. Afin de nous en pénétrer à nouveau, en ces temps de réactions réformiste et opportuniste. En outre, les marxistes ne s'appuient que sur les travaux des scientifiques bourgeois. Voilà qui est dit. Il en alla pour le marxisme comme pour toute autre théorie : ce furent ses adversaires staliniens qui, devenus majoritaires, en donnèrent une version officielle et universitaire surtout.
C'est ainsi que, dès qu'il entendit parler de révolution, chaque "militant moyen" du Front de gauche n'entendit que des expressions éculées, réformisme oblige. Quand ce ne fut pas un des pires amalgame entre les vieux idéaux bourgeois (résidus de 1789) et ceux des versions citoyennes de gauche. Une mayonnaise que Mélenchon - passé maître en la matière - se plut à lui faire avaler, tout au long de sa campagne présidentielle. Sans que le marxisme n'y perde rien, ni n'en souffre. Ceci étant, les révolutionnaires ne refont pas l'histoire, ainsi qu'on se plait à le leur reprocher. Pas plus qu'ils ne donneraient qu'une version corroborant leur vision partisane. "Les faits sont têtus" (dixit Lénine). Dès lors, à l'énumération - et à l'interprétation qu'en fait Lafargue - des évènements connus de tous, on voit qu'il ne ressort de toute l'histoire qu'elle n'est au fond qu'une succession de luttes de classes. Et c'est loin d'être terminé. Il n'est qu'à considérer le nombre de conflits sociaux, guerriers, que l'on recense dans le monde, pour s'en convaincre. Les riches ne cessent de se concurrencer violemment et n'arrêtent pas d'agresser ceux qu'ils exploitent. C'est le sens - que l'on doit accorder aux faits historiques officiels - qui change, pour peu que l'on se réclame du matérialisme militant. Une signification qui s'inverse, selon qu'on se réclame des opprimés et non de leurs oppresseurs. C'est l'ensemble du développement historique, ainsi que l'importance de certains évènements, qui se modifient. Les découvertes récentes corroborent les présupposés marxistes. Une vérification qui n'empêche nullement les idées créationniste et déiste de se maintenir ou de revenir, comme c'est le cas dans certains états aux U.S.A. Mais la crise économique mondiale qui persiste, pourrait, si elle accouche d'une révolution, mettre tout le monde d'accord !
En attendant, ça fait un bien fou de reconsidérer sous l'angle des victimes tout ce qui nous est dit. Ce, d'autant plus qu'il n'y a aucun fatalisme dans le déterminisme de Marx. Il s'agit simplement de considérer que : si les hommes font leur propre histoire, ils ne la font pas consciemment. Le tout est de mettre à jour les lois inconscientes qui régissent un développement historique chaotique. C'est la face immergée de l'iceberg qui nous intéresse.  
Par exemple : nos médias s'accordent pour nous dire que les élections qui se déroulent en France sont de première importance. Alors qu'il se pourrait bien qu'elles soient supplantées symboliquement par les législatives grecques. Contrairement aux élections égyptiennes qui semblent faites d'avance. Là où, comme en Tunisie, l'armée a su contenir l'orage du printemps dernier. Laquelle situation grecque ne fait que préfigurer ce qui attend les populations laborieuses de tous les pays riches.
Majoritaire ou non, la gauche a déjà fait long feu !