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Au rive gauche
16 décembre 2011

"Prolétaires de tous les pays unissons-nous !" Marx

Quatrième Conférence
Critique des points de vue habituels sur l'histoire de la Ligue des Communistes. — Marx organisateur. — La lutte contre Weitling. — Fondation de la Ligue des Communistes. — Le Manifeste communiste. — La polémique avec Proudhon.marx-et-engel
Comme nous l'avons vu, Marx avait formulé un point de vue entièrement nouveau dans l'histoire de la pensée sociale et politique du XIXe siècle. Il avait profité de toute la science, de toute la philosophie de son temps. Quant à l'influence de la pensée socialiste sur lui, je n'en ai presque pas parlé, car cette influence ne commence à s'exercer que plus tard. Je traiterai aujourd'hui une tout autre question. Je vous ai promis la dernière fois de vous exposer la participation de Marx à la création de la Ligue des Communistes. Je vous avais promis auparavant de vous faire la biographie de Marx et d'Engels en employant leur méthode même. Et voilà qu'après avoir examiné toutes les données que renferment les œuvres de Marx et d'Engels sur l'histoire de la Ligue des Communistes, je suis obligé de constater que ces données ne soutiennent pas une critique sérieuse. Marx ne toucha qu'une fois dans sa vie à cette histoire, dans une œuvre très peu connue : Monsieur Vogt, parue en 1860. Marx y a commis toute une série d'erreurs. Mais c'est à un aperçu écrit par Engels en 1885 qu'on recourt ordinairement pour se renseigner sur l'histoire de la Ligue des Communistes. Voici à peu près comment Engels représente la chose : Il y avait une fois deux philosophes et politiques allemands, Marx et Engels, qui avaient été forcés de quitter l'Allemagne. Ils avaient vécu en France, ils avaient été en Belgique et avaient écrit de savants ouvrages qui attirèrent l'attention des intellectuels et qui, ensuite, tombèrent entre les mains des ouvriers. Or, un beau jour, les ouvriers s'adressèrent à ces deux savants qui, assis tranquillement dans leur cabinet, se tenaient à l'écart de l'action pratique grossière et, comme il convient aux dépositaires de la science, attendaient fièrement chez eux que les ouvriers vinssent les trouver. Or. ce moment béni arriva: les ouvriers se présentèrent et invitèrent Marx et Engels dans leur union. Marx et Engels déclarèrent qu'ils n'y entreraient que lorsqu''on accepterait leur programme. Les ouvriers consentirent., organisèrent la Ligue des Communistes et, immédiatement, chargèrent Marx et Engels d'écrire le Manifeste du Parti communiste. Ces ouvriers appartenaient à la Fédération des Justes, dont je vous ai parlé dans ma première conférence sur l'histoire du mouvement ouvrier en France et en Angleterre. Comme je vous l'ai dit, cette organisation s'était constituée à Paris et avait été fortement éprouvée après la tentative infructueuse d'insurrection des blanquistes le 12 mai 1839. Après cette défaite, ses membres s'étaient rendus à Londres. Parmi eux se trouvait Schapper, qui organisa en février 1840 la Société d'éducation ouvrière. Pour mieux vous donner une idée de la façon dont cette histoire est racontée habituellement, je vais vous lire un passage de l'opuscule de Steklov sur Marx : "Vivant à Paris, Marx entretenait des relations personnelles avec les dirigeants de la Fédération des Justes, composée d'émigrés politiques et d'artisans, mais ne s'y affiliait pas parce que le programme de cette Fédération, programme imprégné de l'esprit idéaliste et émeutier, ne pouvait le satisfaire. Mais, peu à peu, il se produisit dans la Fédération une évolution qui la rapprocha de Marx et d'Engels, lesquels, par leurs entretiens, par leurs lettres, et aussi par la presse, influaient sur les opinions politiques de ses membres. Dans des cas exceptionnels, les deux amis communiquaient leurs vues à leurs correspondants au moyen de circulaires lithographiées. Après la rupture avec l'émeutier Weitling et la « critique sévère des théoriciens inconsistants », le terrain pour l'entrée de Marx et d'Engels dans la Ligue se trouva préparé. Au premier congrès de la Ligue, qui prit le nom de Ligue des Communistes, assistaient Engels et Wilhelm Wolf ; le second congrès se tint en novembre 1847 avec la participation de Marx lui-même. Après avoir entendu le discours dans lequel Marx développait sa nouvelle philosophie socialiste, le congrès chargea ce dernier d'élaborer avec Engels le programme de la Ligue. C'est ainsi qu'apparut le célèbre Manifeste communiste."
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RashomonOn pourra m'objecter énormément de choses, pour le fait d'avoir choisi de "publier" des textes aussi fastidieux à lire que ne le sont ceux que nous présentons ces jours-ci. Tant du point de vue de leur longueur que de la forme, qu'une lecture à l'écran n'aide en rien, ainsi que vis-à-vis des situations objectives auxquelles il est fait référence. Dont nous ne connaissons plus rien, ou presque. Mais, passé ce double obstacle, on se trouve largement récompensé par la "rencontre" avec un type de raisonnement que l'on pourrait avoir cru disparu !
C'est à l'occasion du centenaire de la commune de Paris qu'il me fut donné d'écouter pour la 1ère fois des conférences au cours desquelles la polémique entre Marx et Proudhon fut évoquée, au passage. Proudhoniens par choix, ces orateurs cédétistes caricaturèrent le point de vue de Marx, en le faisant passer pour sectaire. À l'instar du "spécialiste" actuel, pour tout ce qui touche à Proudhon, dans la ville natale de ce dernier. Décidément, me dis-je à chacune de nos rencontres, les héritiers de Proudhon n'ont rien appris. Sans doute parce qu'il n'y avait rien à retenir des travaux du plus bretteur des bretteurs franc-comtois ! S'il ne faisait partie de l'histoire du mouvement ouvrier, on pourrait presque se passer de lire Proudhon. En revanche la lecture de "Misère de la philosophie" (de Marx) demeure un passage obligé. Ne serait-ce que pour comprendre les limites de la nébuleuse proudhonienne, dirais-je. Que je ne parvins pas à discerner clairement par moi-même, lorsque j'entrepris de lire son ouvrage "Qu'est-ce que la propriété ?" Que l'on demeure partisan de Proudhon, ou non, la crise actuelle ne rend pas sa relecture indispensable non plus. C'est ainsi et il n'y a rien à en redire !
Le marxisme m'apparut avoir ceci de particulier, qu'il tenait compte de ce qui se passe réellement, dans la perspective d'aider à l'émancipation des opprimés où et d'où qu'ils soient. Sans avoir besoin de modifier Misere-de-la-philosphieen rien le cours des choses, bien au contraire ! Qui lui est révolutionnaire ! En somme, point n'est besoin de faire de la propagande pour la révolution. En quête de la meilleure productivité, la grande bourgeoisie s'en charge quotidiennement. Et, s'il faut faire de la propagande, malgré tout, c'est pour "le parti" qui lui ne va pas de soi. Ce, pour le cas où une situation deviendra ouvertement et politiquement révolutionnaire. Ne serait-ce que parce qu'une telle chance ne s'offre que rarement au cours d'un siècle. Et encore ! Car, il ne faut pas se tromper sur le degré d'acuité de chacune des étapes de ladite révolution. Ceci écrit, non sans évoquer celles du "printemps arabe" dont la presse nous a rebattu les oreilles dernièrement. Et qu'elle parait oublier à leur sort, tout aussi facilement !
En politique, la difficulté est de ne pas prendre pour alliés de faux amis dans son propre camp. Car la trahison est plus souvent la cause de nos échecs que notre propre faiblesse. Qui elle n'est qu'une illusion ! Très entretenue par l'idéologie bourgeoise, certes. La force, nous laisse-t-on entendre, serait dans les mains de ceux qui possèdent des capitaux ! Eux seuls auraient des solutions, face à tout ce qui se présente ! À voir, n'est-ce pas ? Car, que deviennent les capitaux si les travailleurs décident de poser les outils, de tout arrêter ? Du vent ! Dès lors, la peur change de camp. En effet, des capitaux seuls n'ont jamais nourri son homme. C'est même le contraire, dans la mesure où les hommes vécurent longtemps sans disposer des liquidités financières actuelles, que leurs détenteurs ne savent plus ou investir. Au fond, être capitaliste ou prolétaire, oppresseur ou opprimé sont les deux faces de la même médaille. On ne peut supprimer l'un sans faire disparaitre l'autre, concomitamment. Et si l'occasion se présente, nous nous y emploierons !

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