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Au rive gauche
22 septembre 2011

Tout est à nous, rien n'est à eux ! (Mai 68)

"L'un des services les plus éminents que Marx ait rendus, c'est la façon dont il a posé le problème de la reproduction du capital social... En quoi consiste-t-elleaccumulation_du_capital_livre ? Littéralement : au renouvellement du processus de reproduction... Mais ce renouvellement constant du processus de production comporte précisément un élément spécial, très important.... La production ne peut être recommencée, la reproduction ne peut avoir lieu si certaines conditions, telles qu'instruments, matières premières, forces de travail, ne sont pas données, en tant que résultat de la période de production précédente... Dans une société communiste agraire primitive, la reproduction, comme d'ailleurs tout le plan de la vie économique, est déterminée par la collectivité des travailleurs et ses organes démocratiques... Dans la société capitaliste, la reproduction a un caractère tout particulier, ce dont il est facile de se rendre compte par un simple coup d'œil jeté sur certaines caractéristiques spéciales...
En régime capitaliste, en effet, la reproduction dépend, abstraction faite de toutes conditions d'ordre technique, de cette seule condition sociale : à savoir que seuls sont fabriqués les produits dont on est sûr qu'ils seront réalisés, échangés contre de l'argent, et non seulement réalisés, mais encore réalisés avec un certain profit. Le profit, comme fin et moteur principal, domine ici par conséquent  non seulement la production, mais aussi la reproduction, "Si la production a la forme capitaliste, il en va de même de la reproduction..." Avant tout, la production capitaliste est une production faite par un nombre incalculable de producteurs individuels, travaillant sans aucun plan d'ensemble et dont le seul lien social entre eux est l'échange. Mais c'est toujours sur la base de ces expériences touchant la période de production précédente que la reproduction a lieu, par l'entremise de producteurs individuels... Tandis que la reproduction capitaliste, pour citer une expression bien connue de Sismondi, ne peut être présentée que sous forme d'une série continue de spirales, dont les courbes sont petites, au début, puis vont en s'agrandissant de plus en plus, pour devenir finalement considérables...
R. Luxemburg


Les_virtuoses_filmJusqu'à l'année 1967, année de naissance d'Emmanuelle (ci-contre, dans ma main) ainsi que de Etienne_et_Emmanuellecelle d'une des premières grèves avec occupation d'usine de l'après-Seconde Guerre Mondiale, je n'avais ouvert qu'un ou deux livres de toute mon existence. M'attaquer directement, dans ces conditions, à la lecture du Capital était ipso facto chose inenvisageable. Alors que Marx destinait son livre à l'ouvrier moyen allemand. C'est dire la distance, du point de vue de la conscience politique, qui me séparait de celui-ci. Or, un tel retard ne se comble pas aussi facilement qu'on pourrait le penser. Toujours est-il que je m'y employai.
Un passage par l'usine Rhodiacéta s'imposait, là où une expérience sociale et syndicale des plus originales s'accumulait (Ci-dessous : l'équipe ouvriers de l'étirage du tournoi interne, équipe C). Ce n'est paradoxalement pas au contact des militants du PCF que j'entendis véritablement parler du Capital de Marx.
Sans véritablement le connaitre, ces militants avaient depuis longtemps la tête ailleurs. En dehors carrément des frontières de classe, ces camarades ne militaient plus que pour les échéances électorales, auxquelles la bourgeoisie convoque son personnel politique. Qu'elle paie nettement mieux que ne le sont les ouvriers, contrairement à La Commune révolutionnaire de Paris en 1871. Qui avait justement décidé que les revenus d'un parlementaire ne dépasseraient pas celui d'un ouvrier moyen, histoire de décourager les opportunistes. Equipe_Rodhia
Mai 68 allait repopulariser, fort heureusement, Le Capital et son auteur, quelque peu vilipendé ou oublié jusque-là. De même que la crise financière actuelle ne tardera pas à le refaire. C'est à tout le moins le pari qu'on peut oser. Car, il en va des livres comme pour le vin, plus ils vieillissent plus ils se bonifient. À la seule condition que leur contenu ne soient pas dépassés, ou que le vin ne "bouchonne" pas. Ce d'autant plus qu'à l'expérience on voit bien qu'une thèse juste n'a pas besoin de marketing pour durer ni triompher. La force du marxisme lui vient de sa seule pertinence. Qui veut que nous n'ayons que nos chaines à perdre.
L'inflation monétaire (ou la spéculation) est le seul remède de cheval que le capitalisme ait trouvé afin d'endiguer, autant que faire se peut, la chute tendancielle de son taux de profit. Pour le capital en effet, ce n'est pas la masse des bénéfices qui compte, c'est le rapport bénéfices/investissements qui seul le pérennise. Sans compter que les lois, de ce système inique, exigent quelques remises à plat (les crashs) des plus douloureuses, pour ceux qui sont en dessous du taux moyen. C'est ainsi que le capitalisme élimine ses canards boiteux. S'il s'affaiblit, un capitaliste est toujours avalé par un autre. Concurrence oblige ! Tel un personnage de dessins animés, le détenteur de capitaux marche sur le vide spéculatif, tant qu'il n'en a pas pris conscience. La confiance, voilà sur quoi repose encore ce capitalisme, en faillite virtuelle depuis un certain temps déjà. Mais, à force de nous agresser, la peur pourrait bien changer de camp. Car la violence n'est pas le fait des travailleurs, qui ne veulent que vivre et non pas s'enrichir vainement. N'en déplaise aux riches et à leurs valets. À bas le capitalisme, vive le communisme !
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