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Au rive gauche
23 décembre 2011

Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l'orage (Jaurès)

Huitième Conférence (3/3) :
Au moment du congrès de Bruxelles, la situation avait revêtu une telle acuité qu'on s'attendait chaque jour à la guerre. On était persuadé qu'elle éclateraitconferences-faires-au-cours-de-marxisme-livre dès que la France et la Prusse auraient terminé leurs préparatifs et trouvé un prétexte favorable. Pour le mouvement ouvrier, qui se développait de jour en jour, particulièrement sur le continent, surgissait la question alarmante des moyens à employer pour empêcher cette guerre qui, on le comprenait, porterait un coup désastreux aux ouvriers français et allemands. C'est pourquoi l'Internationale qui, depuis 1868, représentait une force considérable et était à la tête du mouvement ouvrier international, ne pouvait pas ne pas prendre à cœur cette question. Après des débats animés, le congrès de Bruxelles, au cours duquel les uns avaient demandé d'organiser une grève générale en cas de guerre, les autres démontré que seul le socialisme pouvait mettre fin à la guerre, adopta une résolution transactionnelle assez confuse. Comme, en été 1869, le spectre de la guerre semblait avoir disparu, ce furent les questions économiques et sociales qui vinrent au premier plan au congrès de Bale. Pour la première fois, on posa catégoriquement la question, déjà effleurée à Bruxelles, de la socialisation de tous les moyens de production. Cette fois, les adversaires de la propriété individuelle du sol triomphèrent définitivement. Les proudhoniens subirent une défaite complète. Mais à ce congrès surgirent de nouvelles divergences de vues. C'est qu'en effet on y vit apparaître le représentant d'une nouvelle tendance, le Russe Bakounine.
D'où venait-il ? Nous l'avons déjà vu après 1840 à Berlin; nous savons qu'il avait passé par la même école philosophique que Marx et Engels; qu'au début de la révolution de 1848, il s'était rangé du côté des émigrés allemands à Paris qui avaient organisé une légion révolutionnaire pour envahir l'Allemagne. Pendant la révolution même, il s'était efforcé en Moravie d'unir les révolutionnaires slaves ; ensuite il avait été arrêté, condamné à mort, mais remis entre les mains de Nicolas Ier, qui l'avait incarcéré à Schlusselbourg. Quelques années plus tard, sous Alexandre II, il avait été envoyé en Sibérie, d'où il s'était enfui par le Japon et l'Amérique en Europe. C'était en 1862. Il se plongea alors dans les affaire russes, s'allia avec Herzen, écrivit sur les affaires slaves et russes plusieurs brochures dans lesquelles il démontrait la nécessité de l'union révolutionnaire des Slaves, et fit une tentative malheureuse de participer à l'insurrection polonaise. En 1864, il se rencontra à Londres avec Marx, dont il apprit la fondation de l'Internationale ; il lui promit d'y participer, mais il se rendit en Italie où il s'occupa de tout autre chose. Comme en 1848, il pensait que Marx surestimait à l'excès l'importance de la classe ouvrière, que les intellectuels, les étudiants, les représentants de la démocratie bourgeoise, particulièrement les déclassés, constituaient un élément beaucoup plus révolutionnaire. Pendant que l'Internationale luttait contre les premières difficultés et devenait graduellement l'organisation internationale la plus influente, Bakounine en Italie s'efforçait d'organiser sa société révolutionnaire. Puis il passa en Suisse, où il s'affilia à la Ligue bourgeoise clé la paix et de la liberté et fut même élu membre du Conseil central de cette dernière. Il n'en sortit qu'en 1868, mais au lieu d'entrer dans l'Internationale, il fonda avec ses camarades une nouvelle société, l'Alliance internationale de la social-démocratie.
Cette nouvelle société était, extérieurement tout au moins, très révolutionnaire. Elle déclarait une guerre implacable à Dieu et à l'État, elle exigeait que tous ses membres fussent athées. Son programme économique ne se distinguait pas par la clarté. Au lieu de tendre à la suppression des classes, elle exigeait l'égalité économique et sociale de toutes les classes. Malgré son révolutionnarisme, elle ne posait même pas un programme socialiste suivi et se bornait à réclamer la suppression du droit d'héritage. Pour ne pas effrayer les transfuges des autres classes, elle se refusait à souligner nettement son caractère de classe.
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Les-lumières-de-la-ville-(2)Ce que des "intellectuels" petits-bourgeois dits de gauche (voire gangrénés ou influencés par le stalinisme) écrivent au sujet des travaux de Marx est infiniment plus compliqué et plus abstrait (pour ne pas dire incompréhensible) que ce que Marx écrivit lui-même. Il n'est qu'à lire la citation ci-contre pour s'en convaincre. Comme si de brillants élèves des écoles bourgeoises tenaient à se gausser de n'être que les seuls à y comprendre quelque chose. A moins que ce ne soit que pour apporter leur propre pierre à l'édifice. Un intellectuel, ça intellectualise, n'est-ce pas ! guerre-civile-en-France-livre
Tandis que des ouvriers politisés et bien formés en apprécient à la fois la justesse et la simplicité. D'où la nécessité pour ces derniers de protéger leurs organisations contre l'influence que les premiers exercent sur elles. C'est à cela que se résume le lutte que Marx mena au sein de la Première Internationale et rien d'autre.
On le voit, guerres et révolutions sont souvent confondues, contenues les unes dans les autres. Il n'est qu'à observer l'histoire, en révolutionnaire, pour le voir. C'est qu'il faut des moyens énormes afin de mobiliser une population entière. Seule une classe ou pouvoir et disposant de toutes les richesses est en mesure de le faire. Mais, une fois galvanisée, les masses ne sont pas faciles à arrêter non plus. En effet, c'est suite à une successions d'efforts toujours plus grands, accomplis en vain de surcroît, qu'une population vaincue et harassée, en vient de prime abord à demander des comptes. Puis en second lieu, seulement, à se dire qu'il ne saurait être question qu'elle ait fait tout cela en vain ! Puis, tout s'enchaine ! C'est ainsi que grosse des révolutions Russe et Allemande, la Grande Guerre de 14/18 confirmera ce qui s'était déjà produit à l'occasion de celle de 70. Qui perdue par la France et qui accoucha de la Commune de Paris. Bon nombre de générations de paysans et d'ouvriers payèrent ainsi un prix élevé au maintien d'un système capitaliste dépassé, depuis un certain temps déjà. commune-de-ParisPour l'anecdote cette fois, je dirais que : placé non loin des frontières qui séparaient les zones de combats (en 70 et 14/18), de même qu'à deux pas de la ligne de démarcation (au cours de la période 39/45), mon village natal fut chaque fois le témoin direct de ces guerres pour le profit ! Généalogiquement parlant, cette fois, il se trouve que Victorin (mon arrière-grand-père paternel) fut mobilisé en 70. Que Louis (mon grand père maternel) le fut en 14 et enfin que mon père ne put y échapper en 39. Il n'y a guère que la guerre d'Indochine à laquelle les miens outrepassèrent. Alors que mes frère ainés furent envoyés "pacifier" l'Algérie... C'est, je le répète le coût humain que les populations laborieuses paient à la survivance d'un système parasitaire. Sans oublier d'y ajouter les guerres contre les Palestiniens, celles d'Irak, du Viêt-Nam, de Corée etc... La liste ne cesserait de s'allonger. C'est ce coût que Marx et Engels nous prédirent, au cas où les révolutions ouvrières échoueraient successivement. À bas la gabegie capitaliste !



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