Melancolie-et-creation-chez-Vincent-Van-Gogh

 

L'art comme nomination ou éclipse du nom
Lacan a vu dans l’œuvre de James Joyce le paradigme le plus pur de la notion de suppléance symbolique, en particulier dans la fonction par laquelle l'écriture a lieu. La "carence paternelle", dont souffre d'après lui l'écrivain irlandais, est traitée par l'écriture comme réalisation symptomatique du Moi : la carence du père n'a pas transmis symboliquement le désir, donc, la juste compétence phallique, mais Joyce trouvera dans l'écriture la possibilité de "se faire un nom" en se passant du nom paternel. En ce sens, la pratique de l'art serait pour lui un "sinthome" - terme que Lacan propose d'écrire en mode archaïque avec "th", afin de souligner sa différence d'avec la conception freudienne classique du symptôme. En effet, si le symptôme freudien, entendu surtout comme une modalité de retour du désir inconscient refoulé, destitue le Moi et le divise, celui de Joyce".
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La-vie-devant-soi

Édito
Le roman, la vie devant soi, n'ayant plus de secrets pour moi, je ne considère que les multiples analogies existantes entre cette narration romanesque et l'auteur.
Rosa est juive, apatride, sa mère à lui aussi. Rescapée des camps certes, tandis que sa mère ne survit qu'à l’enfer du divorce, au prix d’une existence erratique. Il n'empêche, la peur incessante des allemands de Rosa nous renvoie à la peur que sa mère eut de la police française. Faire la pute ou vendre au marché noir, ont en commun d’être deux commerces illicites. Cooptée "assistante maternelle" pour les besoins de sa cause, il ne lui suffit plus que de l’entourer de cassos… Un statut qui fut le sien à quelques reprises. Élevé par sa mère exclusivement, Romain en eut une excessive estime pour elle, dont il ne pourra se libérer, à l'instar d'Hamlet de Shakespeare. Comme il échoue à s'en défaire, il ne peut se voir vieillir et doit demeurer l'éternel fils à sa mère.
"Une pute se défend avec son cul", écrit-il sans cesse, afin d’érotiser la narration. Platoniquement, comme avec la mère, pour un petit garçon. Néanmoins, des prostitués chez les juifs ça ne manquait pas ; il n'est que de lire "Le petit monde de la rue krochmalna" de Singer. Au fond, Romain est un Don Quichotte des temps modernes. Il tente de pourfendre des fantasmes qui le hantent et qui au final auront raison de lui. Il a bien essayé l’écriture comme catharsisi, en vain. D’où sa dépression latente. Qui aboutit à son suicide. A-t-il de l'humour, ainsi qu'on l'a dit la dernière fois ? Moi, je ne trouve que dérision. Romain essaie de se libérer de l’emprise maternelle, principal obstacle entre "la femme" et lui. L’ambivalence - autre penchant de notre auteur-héros - fait qu'il a toutes les peines du monde à se déterminer entre féminin et masculin.
Néanmoins son problème c’est paradoxalement l’abandon paternel. Telle la fin de la pièce de Molière : Don Juan et Le festin de pierre. Où l'on voit le fils défier mortellement le père mort. Son propre suicide peut être considéré comme une fin en apothéose. Le rapport avec le féminin, qu'il avoue être son problème, pourrait bien s’avérer n’être qu'une quête du masculin. Une recherche d'identité, comme le roi Arthur dans la série Camelot. Dans un milieu occupé par des proxos, peuplé de tontons bienveillants. La question du religieux, du fantastique, est permanente. Et puis, il y a encore cette résurgente relation exclusive à la mère comme Saint-Exupéry auquel ses exploits d'aviateurs m'ont fait penser. Sa servilité, vis-à-vis de la grande muette, au cours la seconde guerre mondiale, transforme la nation reconnaissante en un autre substitut maternel.
Le refus du Goncourt*, est davantage une résistance de sa part qu'autre chose. Fasciné par les armes à feu, le révolver en particulier, Romain est assez fou pour provoquer quelqu'un en duel au pistolet et se tire une balle dans la bouche. Enfin, Momo raisonne comme un adulte et le narrateur âgé comme un enfant.
*Qui récompense surtout les maisons d'édition

Le petit monde de la rue Krochmalna - Isaac Bashevis Singer

Les questions du mode de vie - Trotsky