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Au rive gauche
22 novembre 2014

Deux histoires d'amour de la vie !

atelier d'écriture

 

L'APPRENTISSAGE DE HANS DIERLAMM
Le commerçant en cuirs Ewald Dierlamm, que l'on n'osait plus, depuis bien longtemps, traiter de tanneur, avait un fils nommé Hans qu'il poussaithistoires-d'amour beaucoup à l'étude et qui fréquentait le collège supérieur scientifique de Stuttgart. Si, dans cette école, ce robuste et alerte jeune homme accrut effectivement le nombre de ses années, il ne progressa point en sagesse ni en bonne réputation. Tandis qu'il devait redoubler chacune de ses classes et menait par ailleurs une existence satisfaite, ponctuée de soirées au théâtre et au cabaret où il buvait de la bière, il atteignit enfin sa dix-huitième année et devint un jeune monsieur de belle prestance, alors que ses camarades de classe n'étaient encore que des adolescents imberbes et sans aucune maturité. Étant donné que, au cours de la dernière année scolaire, il s'était laissé distancer par ses camarades, mais qu'en revanche il recherchait constamment comme théâtre de ses plaisirs et de son ambition un milieu mondain où l'on mène la grande vie et qui était très éloigné de toute culture scientifique, son père comprit qu'il devait retirer ce jeune homme insouciant de l'école.

UN BEAU RÊVE
Lorsque le lycéen Martin Haberland mourut d'une pneumonie à l'âge de dix-sept ans, chacun évoqua avec regret sa personne et ses riches talents et le tint pour très malheureux d'être mort avant d'avoir pu jouir du succès et toucher les intérêts et l'argent comptant que ses dons auraient pu lui rapporter. C'est vrai, la mort de cet adolescent bien doué charmant m'avait aussi peiné et je songeai non sans le déplorer qu'il devait y avoir une quantité énorme de talent dans le monde pour que la nature puisse dépenser ainsi sans compter. Cependant, la nature ne se soucie pas de ce que nous pensons d'elle ni de ce qu'il advient du talent et il est de fait que, dans une pareille surabondance, nos artistes n'auront bientôt que des collègues et plus aucun public. Toutefois, je ne puis regretter la mort de ce jeune homme en ce sens qu'elle lui aurait porté préjudice et l'aurait cruellement privé de ce qu'il y aurait eu de meilleur et de plus beau dans sa vie et qui lui était encore destiné. Celui qui a atteint heureusement et en pleine santé l'âge de dix-sept ans et qui a eu de bons parents sans doute et dans bien des cas la plus belle part de sa vie derrière lui et s'il arrive que son existence prenne fin si tôt et ne soit pas transformée, à défaut de grandes souffrances, d'expérience déchirantes et d'écarts désordonnés, en une symphonie de Beethoven, cette existence peut néanmoins avoir ressemblé à une petite musique de chambre de Haydn, ce que l'on ne peut pas dire de beaucoup de vies humaines.

Consigne
"Dans notre tour littéraire de l'Europe, il nous est impossible d'ignorer l'Allemagne. Non pas pour ajouter notre voix au concert de klaxons nationalistes du 11 novembre, dont on nous a rebattu les oreilles. Ces textes émanant d'un Allemand, sans qu'ils n'aient rien de spécifiquement allemand, font partie de la culture européenne. Et ne manqueront pas de nous inspirer quelques associations ou souvenirs, j'en suis certain. Bon courage."

>> Lire la contribution de Chantal

>> Lire la contribution d'isabelle

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