Souvarine le sycophanteLeur-moral-et-la-notre
"Ex-pacificiste, ex-communiste, ex-trotskyste, ex-marxiste... ex-Souvarine. Souvarine attaque les révolutionnaires d'autant plus qu'il ne sait pas ce qu'il veut. Il aime les citations, les documents, les virgules, les guillemets, entasser des dossiers et sait manier la plume. Et avait espéré que ce bagage lui durerait toute la vie... Son livre sur Staline témoigne de sa propre indigence, en dépit de l'abondance des citations, des faits "intéressants". Souvarine ne comprend pas ce qu'est la révolution, ni la contre-révolution. Il applique au processus historique les critères d'un petit raisonneur, blessé par l'humanité pécheresse. La disproportion entre son esprit critique et son impotence créatrice le ronge. De là sa constante exaspération, son manque d'honnêteté dans l'appréciation des idées, des hommes et des événements. Recouvert d'un moralisme desséché."
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Le_Destin

À un ami, suite
Destinée ! Ce mot, fredonné par la voix de Guy Marchand, me trotte dans la tête depuis que nous avons évoqué notre supposé destin. Un premier thème que je proposai à mes amis, lors du dernier atelier d'écriture. Or, si tant est que j'eus une destinée, une pneumonie des plus tenace faillit mettre fin à la mienne, à "la libération", comme à celles de centaines de milliers d'enfants en Europe. Ma vie ne tint qu'à un fil, à la détermination de ma mère de me "sauver des eaux", tel un Moïse. L’arrivée de la pénicilline sur le marché des médicaments en Europe réussit à m'en tirer, avec quelques séquelles seulement au poumon atteint. Si mister Flemming découvrit le célèbre antibiotique, il dut recourir aux américains pour le commercialiser. Ne Vie-et-destinserait-ce que pour soigner leurs soldats blessés aux combats. Étrange destinée, n'est-ce pas ?
La mort prématurée d'un adolescent, second thème de l'atelier, me rappelle le décès de mon frère Marcel, à l’orée de ses 21 ans d’un accident de moto, tandis que je n’avais que 16 ans. À la réflexion, il s'avère que sa disparition ne me fut pas qu'une perte, tant celui-ci me tenait sous son emprise. Troisième du nombre, cinq ans plus âgé que moi, Marcel supplanta notre aîné, quant au leadership de nôtre fratrie. Comme s’il avait été l'élu de notre mère, afin de suppléer la carence du père, toujours plus amant que père. Il m'en fallut du temps, de même que davantage de lectures encore, pour arriver à comprendre par quel mécanisme inconscient de tels phénomènes se produisent. Sans que nous n'ayons eu le temps, ni nous, ni lui, de voir jusqu’où ce tour de passe-passe allait nous mener, ni comment. Nos parents eurent successivement d'abord quatre garçons. Et se mirent à espérer une fille de tous leurs vœux. De sorte qu'en attendant d’être exaucés, rien n'exclut que l’un ou l’autre des quatre garçons n’ait à leurs yeux rempli la fonction de la fille manquée. La nature ayant horreur du vide. D'emblée les deux aînés furent "accaparés" par notre mère, qui adulant le premier, couva le second. À Etre-sans-destince petit jeu Marcel, cadet des deux, ne put se résoudre passivement à la portion congrue. Il ne lui resta qu'à séduire le père, pour mieux accéder lui aussi à la mère. Tandis que l’aîné entrait forcement en conflit avec le père - castration symbolique oblige - Marcel se joua de la mésentente du coupe parental. Bonjour la séduction ! Au sens inconscient que Freud donne à sa célèbre formule : "on bat un enfant".
Tout ceci tombe fort à propos dans mes lectures actuelles, au sujet de la double fonction du père (ou de tout substitut) dans la famille. Qui à la fois stimule, protège, mais assujettit tout autant.
Enfin l'auteur, en référence à l'atelier se demande si ce jeune décédé prématurément a autant perdu qu'il n'y paraît. Qu'est-ce en effet que la vie d'un opprimé, mortel de surcroît ? Peu de chose en réalité.
Quel aurait été mon parcours et le sien, si Marcel avait survécu ? Nul doute qu'il ne m’aurait jamais autorisé mon engagement politique, ni mon intérêt pour la psychanalyse. Il était fonceur, exigeant, téméraire, relativement hystérique, plus féminin que lui et nous ne le crûmes jamais. "C'est pour cela que je l'ai tant aimé".
Notre destinée tient en trois mots, hors contexte historique particulier :
œdipe, castration, surmoi ! Le tout combiné.