Ne pleure pas la bouche pleine !

"Freud, après avoir considéré l'emprise comme finalité d'une pulsion spécifique non sexuelle, l'avoir ensuite rattachée au sadomasochisme en a fait finalement une expression de la pulsion de mort, il considère ainsi que : "Tout donne à penser que cette pulsion d'emprise est une notion très ambiguë qui rend compte de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons. II semble que la notion ne puisse trouver de véritable fécondité que si l'on considère l'emprise comme un mode très singulier d'interaction entre deux sujets, qui ne se réduit pas à l'activité d'une seule tendance mais correspond à un agencement complexe de la relation à l'autre." L'emprise doit être abordée en tant que relation d'emprise dont la spécificité est déterminée par trois ordres de significations : appropriation par dépossession de l'autre, domination, empreinte, l'appropriation-domination ne pouvant s'exercer sans qu'il en résulte l'inscription d'une marque…"
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Lettre à un ami :
L'idée de faire un lien entre le besoin pulsionnel d'emprise et l'autosatisfaction d'un travail bien fait, de ton ami, ne m'est pas venue immédiatement. C'est au volant l'après midi, qu'elle me vint. Sans me douter encore que nous nous orienterions en direction de notre destin, mais c'est là une autre histoire.
La névrose est à l'origine de bon nombre de comportements humains, qui pour certains se révéleront finalement positifs, à l'origine de la culture si j'ose dire. Le tailleur de bifaces, amoureux du travail bien fait, n'y est d'ailleurs pas étranger.  
Cet ancien principal de collège, que je rencontrai ce jour-là, poussait le cynisme jusqu'au crime. Et de se contenter qu'un ouvrier puisse s'autosatisfaire en se tuant à la tâche, pour le plus grand profit de son patron. Chacun à sa place, en somme, et les cochons seraint bien gardés.  À l'instar de ces poilus de 14-18, qui toutes nationalités confondues allèrent tout aussi consciencieusement se faire trouer la peau, au nom des intérêts de leur bourgeoisie nationale.
L'auteur du poème (un nid pour nos fils), rencontré l'avant veille au café Beaux-arts, concédait bruyamment à son interlocutrice que les femmes pouvaient faire plusieurs choses à la fois, contrairement aux hommes. Dont acte ! Le besoin d'emprise serait plutôt féminin, masochiste et nous viendrait de notre mère.
En lisant : "La psychanalyse à l'épreuve du Kibboutz" il ressort que la psychanalyse ne saurait engendrer préventivement une pédagogie éducative idéale. Elle n'est qu'une méthode d'interprétation du fait accompli ! Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! Le transfert en sus. Faire en sorte que nos névroses profitent à tout le monde est séduisant. Sauf, qu'être conscient peut ne rien y changer. Tel un fumeur qui sait pertinemment qu'il devrait s'arrêter, sans en être capable. Un buveur pareil. Voilà qui me fait penser à une scène de la pièce de théâtre : La bonne planque. Bourvil téléphone au commissariat de son voisin policier, qu'il trompe. "Péquinet, dit-il, a arrêté un bandit, mais il ne sait pas quoi en faire ?" La salle est pliée en deux.
De solutions individuelles, il n'y en a certes pas. L'humanité est sociale, culturelle par excellence. La naissance de la culture, c'est la véritable naissance de l'humanité.
En revanche, connaître les dérives humaines et leurs causes peut rendre la vie en groupe et individuelle plus facile. La pulsion est comme la vapeur : il vaut mieux qu'elle sorte. Le tout est de la canaliser du bon côté.
La lecture du roman Robinson Crusoé m'avait fait comprendre que se retrouver seul sur une ile déserte n'était pas une sinécure. Robinson se tue pendant des mois à fabriquer une pirogue dans un tronc arbre, qu'il dut abattre à la manière des castors. Pour s'apercevoir ensuite qu'il ne peut la mettre à l'eau, seul. Des heures et des heures de travail perdues, lui qui n'en a pas une à revendre. L'arrivée de Vendredi serait en somme le début du capitalisme.
Autrement écrit : des heures de travail gratuites. C'est ça l'exploitation.