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Au rive gauche
18 septembre 2014

La sexualité, c'est la vie !

logo-atelier-écritureVerga

Cavalleria rusticana
Turiddu Macca, le fils de gna* Nunzia, à son retour du régiment, se pavanait chaque dimanche sur la place, avec son uniforme de bersaglier...
(*Ils s'appelaient compère, commère, "gna" pour les femmes de petites conditions)
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La terre
Le voyageur qui longeait le lac de Lentini, s'étendant pareil à un bras de mer mort, et s'avançait parmi les chaumes calcinés de la plaine…
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Le maître d'école
Chaque matin, avant sept heures, on voyait passer le maître d'école qui faisait sa tournée, de maison en maison, pour prendre les garçons
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CONSIGNE
Si l'une ou/et les trois citations vous rappellent quelque chose, si une idée, une phrase ou un souvenir quelconque qui y est associé et vous fait penser à quelque chose, si une expression, voire un mot seulement, déclenche en vous quelques "remembrances", laissez-vous aller… Bon courage !

 >> Lire la contribution d'Isabelle

OperaMa contribution
Il n’y a rien qui ressemble plus à une vie à la campagne qu’une autre vie campagnarde. Avec quelques variantes, selon la partie du monde où elle se passe et le niveau de vie des populations concernées. Notre différence avec l’Italie, tint au fait que la France disposait de plus de colonies. Un patrimoine qu’elle se partageait presque totalement avec l’Angleterre, à l’exclusion de l’Allemagne qui, pour cette raison, provoquera deux guerres mondiales. Pour qu’au final ce soit les USA qui en récupèrent la majeure partie. Amen !
Chez moi, les retours de l’armée pouvaient ressembler à celui de Turiddu. A savoir qu'une fille convoitée pendant des années pouvait s’être mariée avec un autre, s’il elle n’était pas déjà enceinte de lui. Tous ces drames ne se résolvaient pas fatalement aussi tragiquement que dans Cavalleria rusticana. Plus n’était besoin de tuer son rival, afin de laver son honneur, à mon plus grand soulagement.
Quand à la propriété de la terre, elle n’était qu'un peu plus démocratiquement partagée qu’elle ne l’était dans l’Italie unifiée. Révolution française oblige. Des familles - non plus aristocratiques - se partageaient les meilleures terres, dont celle de ma grand-mère maternelle. Mais le boum démographique d'entre les deux guerres mondiales en réduira sensiblement la part reçue en héritage. D’autre part, les mariages arrangés disparurent du paysage matrimonial. On ne choisissait plus sa promise eu égard à la grosseur du tas de fumier de son père.
L’école obligatoire jusqu’à 14 ans, sous peine de suppression des allocations familiales nous offrira un nouvel espace de liberté, d’éveil à la sexualité, un sujet des plus tabous à la maison. Des couples se constitueront par anticipation sur les bancs de l’école.
Les mœurs que nous décrit Verga n’étaient plus de mise chez moi. Et pour cause, la génération de l'après Seconde Guerre Mondiale vécut en ville, ses descendants plus encore.
Ma maîtresse d’école fut ma première mère de substitution. Je la trouvais très belle et crois pouvoir dire que nous, les petits garçons, en étions tous amoureux.
Contrairement au "pauvre maître" de la nouvelle de Verga, Me Croupa était élégante, coiffée comme jamais je n’avais vu ma mère le faire. Parfumée et maquillée de surcroît, vêtue en fonction de la dernière mode, toutes choses auxquelles nous aspirions et qui nous pousserons à partir. Par contre, elle partait en vacances, dès le lendemain de celles-ci et ne revenait que la veille de la rentrée. Tandis que nous nous tournions du côté des travaux des champs. Rien n'est parfait.
Cette différence sociale me la rendait moins sympathique, parfois. En classifiant les individus selon leur classe sociale, un début de conscience de classe émergea en moi. Tous communistes qu’ils étaient, M et Me Croupa, ne se commettaient pas avec ces paysans, avec lesquels ils ne partageaient pas grand-chose. Au surplus du curé, le maître d’école était le second personnage du village. Tous les deux au-dessus du maire, puisque celui-ci était du village contrairement aux deux autres. Ce jourd'hui, devant l’école de mes petits-enfants, je m’interrogeais et me demandais ce qui avait pu changer pour que nos petits-fils n’éprouvent pas forcément le même sentiment vis-à-vis de leur institutrice que les miens. Une place archi-réduite pour le père, peut-être, me disais-je. Avec pour corolaire un attachement des plus fort à la mère, doublé d’un respect plus grand que le nôtre vis-à-vis de la gent féminine. À moins, que je ne sache pas tout !
De nous enfin, notre maîtresse disait : "ils sont intelligents, mais ils sont sales !"
Ce qui hélas, était vrai !

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