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Au rive gauche
25 novembre 2013

Lettre à un jeune étudiant

L'an-1-tome-1La Révolution d'Octobre à Moscou
"Les blessures de la guerre civile ne se sont pas encore cicatrisées à Moscou. Il est des places où l'on a l'impression d'être sur un champ de bataille Rares sont les rues ou les ruelles dont quelques maisons au moins ne portent encore la trace des balles. Moscou, vieille ville qui grandit lentement au cours des siècles, a plusieurs enceintes de boulevards ou des murailles. On s'est âprement battu sur les boulevards, on s'est retranché derrière les murailles..."

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Octobre"Te dire, mon cher, que j’ai lu attentivement l’interview redondante de Christian Delporte serait proférer un mensonge, tant ce qu’il dit est vulgaire, peu original et tout simplement apolitique. Ce qui prouve une fois de plus et si besoin était que rien n’est plus facile pour un vieux que d’abuser un jeune. Faute de quoi il n’y aurait pas de pédophilie possible. Évoquer des risques révolutionnaires, à tout bout de champ, prouve tout simplement qu’on n’y connaît rien en ce domaine. À moins qu’on aime à noircir du papier de même qu'à se faire peur, à peu de frais. S’il est effectivement impossible de programmer à l’avance un évènement de l’importance d’une révolution, il n’est néanmoins pas impossible d’en annoncer la probabilité, ou non. C'est ce que Marx et Engels ne se privaient pas de faire en fonction des crises qui secouaient le capitalisme. Ce d'autant plus qu'il ne suffit pas qu'une révolution n'éclate pour qu'elle soit victorieuse. Dès lors, gare à la contre-révolution ! Tout le monde sait aujourd’hui qu’une crise de même qu’une guerre sont grosses d’une révolution. C'est la raison pour laquelle les Alliés bombardèrent tant et plus la population allemande, tandis que l'issue de la seconde guerre mondiale n'en dépendait pas. Les états-majors militaires de la bourgeoisie se souvinrent de 14/18 et des révolutions qui suivirent. Il fallait mettre la population allemande à genoux et la dégoûter d'en découdre, une fois la guerre terminée. Et puis, il y a crise et crise et guerre et guerre. Ceci étant dit, bon nombre de gens se limitent à ne considérer les libertés bourgeoises qu’au sein même du parlementarisme. Autrement écrit que lors des élections. En réalité, beaucoup des libertés, que d’aucuns utilisent quotidiennement, font partie intégrante du système démocratique bourgeois. Ca va du droit de dire tout haut qu’Hollande est un fieffé connard, à celui de manifester même violemment. Ce dans la limite est le respect de la propriété privée. Des institutions telles que l’armée et la police en sont les ultimes remparts. Comme des murailles opposées aux velléités de la population laborieuse à vouloir modifier son sort, peu enviable. Avant ces ultimes moyens, des chicanes démocratiques se dressent déjà afin de canaliser, endiguer, freiner tout mouvement de contestation hors les urnes, ainsi que dans la rue. Les partis de gauche, les syndicats, la presse, les associations diverses, la "classe" politicienne, l'école etc., en font précisément partie.
Ceci étant précisé, rien n’est moins choquant que de voir des salariés à la remorque de petits patrons, de petits commerçants etc. Avec ou sans bonnet rouge ! C’est souvent ainsi que ça démarre. Tel le mouvement chartiste anglais au 19ème. Le problème pour les bourgeois - qui à dessein poussent leurs ouvriers dehors - est d’être capable d'arrêter ceux qu'ils ont lâchés comme on lâche les chiens, une fois qu'ils sont eux-mêmes satisfaits. Un cahier de revendication peut toujours être un fourretout où chacun croit y retrouver ses petits. Mais, il arrive que les travailleurs débordent les patrons et c’est la révolution. Sans que la victoire ne soit assurée automatiquement.
Et puis, il y a révolution et révolution. De nature bourgeoise quant à celles de 89 et de Février 17 en Russie, elle deviendra prolétarienne pour ce qui concerne celle octobre 17. En revanche, à partir d'avril 17 tout révolutionnaire savait pertinemment que la seconde étape, contenue dans la première, était irrémédiablement programmée. D’aucuns prirent les journées de juillet 17 pour une situation propice, contrairement aux bolchevicks, qui eux ne se désolidarisèrent néanmoins pas d'un mouvement, qu'ils n'auraient pas eux-mêmes déclenché. Fort de cette défaite des masses, le général Kornilov crut le moment favorable pour déclencher la contre-révolution, en réaction à celle de Février. Le problème qu’il n’avait pas prévu, c’est qu’aucun train ne circulera, afin de transporter ses troupes. Et ce fut l’échec de sa tentative de coup d’État avec ce qui restait de l’armée bourgeoise russe. Une fois passée la période de répression, qui suivit la défaite des journées de Juillet, un boulevard s’offrit aux bolchevicks. Encore fallait-il qu’ils aient le courage politique de procéder eux-mêmes à un coup d’État. Un coup d’État que tous les socio-démocrates ne comprirent pas. Rosa Luxembourg la première. Passer de la démocratie bourgeoise à la démocratie ouvrière ne fut pas chose simple. Et ne pouvait se faire ni graduellement ni automatiquement. Ne serait-ce que parce que le gouvernement bourgeois de Février (Kerenski) avait convoqué une assemblée constituante pour début 1918 ou fin 17. Les Bolchevicks conquirent le pouvoir juste avant. Devaient-ils tolérer l'existence de cette institution hostile au fond ? Bien sûr que non ! Et tous les démocrates de gauche, de s’offusquer lâchement devant tant de courage. Ce Christian Delporte en a-t-il seulement entendu parler ? Je ne lui ferai pas l’affront de dire que non ! Toujours est-il qu'il n'en tient pas compte.
Revenons à nos moutons, si tu le veux bien. Des considérations tellement terre à terre qu’elles en sont désarmantes. En effet, sont-ce des considérations politiques que de ne discuter que de ce qui préoccupe nos carriéristes de politiciens avant toute autre chose ? Bien sûr que non ! Que Marine soit ou non élue demain ne changera pas la face du monde. La politique, ça commence au niveau des rapports de force entre les classes sociales. Qu’Hollande ait succédé à Sarkozy n’a en rien modifié le rapport de forces des ouvriers face à leurs exploiteurs. À moins qu’il ne l’ait encore affaibli.
Et le Front National là-dedans ? C’est véritablement l’épiphénomène journalistique de l'heure. Par expérience on sait pertinemment que dès qu’on a la gauche au gouvernement, on se retrouve avec l’extrême droite dans les pattes. Marine n’a pas besoin d’être élue pour que sa politique ne soit appliquée. Demande aux ROM. Le clientélisme électoral a perverti le système électoral bourgeois. Quant au crédit médiatique que peut posséder tel ou tel, ça fait partie du jeu. La tâche d'un homme d'état est d’accéder à la fonction suprême et d'user son aura, s'il en a une. Autrement dit de la perdre au service des intérêts de la bourgeoisie. C’est pour ça que seule dans les pays impérialistes la bourgeoisie entretient grassement une opposition. Qu’Hollande ait chuté dans les sondages n’inquiète que ses petits copains, candidats aux prochaines municipales. Ils sont en train de se tailler une belle veste ! Tu vois comme nous sommes bien loin d’une révolution, même à la "vendéenne"… au demeurant.
Tu es jeune François. Augmente tes exigences ! Fraternellement.
Un vieux, qui ne vous veut que du bien.

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