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Au rive gauche
7 novembre 2013

Une ouverture à deux battants !

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A M Bergmann…
"J’ai eu deux fois le regret, à quelques mois de distance, de ne pouvoir rendre en personne les devoirs funèbres à deux hommes à qui je portais haute estime et grand respect. L’un d’eux, Enfantin, que j’avais connu aux jours de ma jeunesse et dont j’avais apprécié la largeur de cœur, les belles facultés affectives et généreuses ; l’autre, Proudhon, que je n’avais rencontré que tard, mais dont j’avais pu reconnaître directement la ferme intelligence et la droiture morale : tous deux furent enterrés un vendredi, à une heure où ma tâche hebdomadaire non terminée me retenait encore impérieusement. Je souffris beaucoup de ne pouvoir rendre à ces deux honnêtes gens, de nature extraordinaire, si divisés d’ailleurs de ligne d’opinion et de doctrine, ce suprême témoignage d’estime. Je viens du moins ici m’acquitter autant que je le puis envers la mémoire de l'un d’eux. Je n’ai jamais connu Proudhon qu’après la politique et en dehors de la politique. Nous avions les mêmes éditeurs, MM. Garnier ; j’avais lu de ses livres ; je faisais cas de son talent ; il m’arriva de lui de ces témoignages d’indulgence qui, venant d’une nature sévère, ont d’autant plus de prix. On nous ménagea l’occasion de nous rencontrer : la conversation fut toute philosophique, plus socialiste que politique…"
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Battant-1722

Édito
Nous n'allons pas laisser passer la naissance d'un confrère, à savoir : le blog battant.net, sans saluer l'arrivée de ce nouveau né comme il se doit, ainsi qu'à notre manière. Non pas parce que cela représenterait un exploit que de créer un nouvel organe de libre expression, dans un pays où les libertés bourgeoise et commerciale de s'exprimer ne nous ont pas encore été retirées. C'est même le contraire qui serait étonnant. Au sens où beaucoup de militants dans le monde se battent -font de la prison, dans leur propre pays-, afin d'acquérir des libertés que la plupart d'entre nous délaissent ici, boudent par paresse et inconscience. De sorte qu'il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'on nous en retire certaines, le jour où la bourgeoisie l'estimera nécessaire. Il fallut la dernière crise, à laquelle s'ajoutent les mesures d'austérité de tous les gouvernements, à destination des populations laborieuses pour que des velléités de se défendre, de s'indigner renaissent.
Un nouveau média est en quelque sorte comme un enfant qui ne révèle sa véritable seconde nature qu'en grandissant ! C'est donc à l'usage qu'en feront ses créateurs que nous pourrons estimer si son existence se justifie. Toujours est-il que nous leur souhaitons longue vie et bonne chance !

Le-petit-Battant

En arrivant à Besançon dans les années 60 - sans savoir encore que j'y passerais ma vie -, je m'aperçus qu'un quartier populaire de la ville m'était prédestiné : celui de Battant. D'autant plus que si Planoise se profilait à l'horizon, il n'existait pas encore. Pour moi, dans le bâtiment, la construction de ce nouveau quartier put être une chance, à l'instar de ceux de Montrapon et Palente quelques années auparavant. J'hésitai, à l'inverse de ce que je fis à l'usine Rhodiacéta en 69. Disons que Mai 68 était passé par là. De sorte que nous, militants cédétistes, apparemment grand bénéficiaires de cette contestation nationale d'envergure, déménageâmes la CFDT de la rue Moncey à la rue Champrond au début des années 70. Nous investissions ce quartier historique, jusque-là "réservé" à la CGT et au PCF. Au motif que ni la maison du peuple, ni son café ne me furent jamais familiers, mis à part son cinéma. Les sectarismes antistalinien et stalinien ambiants ne favorisaient pas l'éveil ni le développement politique du jeune militant ouvrier que j'étais.

Castant

Aujourd'hui encore les commémorations folkloriques de la lutte des Lip se font à l'exclusion des militants du PCF et de la CGT, tenus à l'écart lors de la lutte. Membre du PSU, pour ce qui me concernait, jusqu'au dénouement de la lutte des Lip, je "me réunissais" à son siège rue de Vignier. Quant à la place Battant réaménagée, elle accueillera la grande manif des Lip, ainsi qu'on le fait pour un enterrement de troisième classe. Bref, devenue le départ de toutes les manifs, nous quittions cette place et descendions la rue Battant à grand renfort de klaxons, ne serait-ce que pour faire trembler les commerçants. Puis, nous traversions le pont Battant, lequel nous redonnait de l'élan avant d'attaquer la Grande Rue, à la barbe des boutiquiers désabusés. Et puis un jour, les syndicats complaisants avec le petit commerce conséquemment à la montée de la gauche, décidèrent que dorénavant les manifs passeraient par la place Canot, avant de prendre la rue de la République, vide de commerces. Inutile désormais de s'égosiller dans des rues vides de toute vie sociale. Les manifs perdirent de leur effet et de leur folklore.
Néanmoins, la rue des frères Mercier est l'une d'entre les rues de Besançon dont j'entendis le plus parler dès mon enfance. Cantonné rue Mégevand, en effet, mon père la remontait à pied, poussant son vélo sur lequel "gisait" un bouteillon de soupe à remplir, direction la cuisine du fort Griffon.
Battant, pour conclure, a toujours été un quartier vivant, populaire. Celui des Bousbots (hélas), des immigrés, de la lutte des classes (c'est mieux), puis devint enfin celui des bobos empetitbourgeoisés.
Mais, nous reviendrons à la Lutte des classes !

 

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