Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Au rive gauche
30 septembre 2013

Un été de lecture

Épilogue : Par le petit-fils d'O. AvédissianDu-gamin-d'Istanbul
Mon grand-père, Onnig Avédissian mourut le 21 novembre 1933 à Sarcelles, soit deux ans après la fin de la rédaction de ses mémoires. Le témoignage de mon oncle, pour une fois, me semble fiable et précis. Dans ses souvenirs enregistrés sur cassettes en février 1999, il dit : "Mon père devenait de plus en plus faible. Il souffrait d'un mal que je n'arrivais pas à comprendre [il m'a confié que ce devait être un cancer]. Les médecins et les spécialistes consultés recommandèrent la campagne et nous décidâmes un séjour à Decazeville, dont la campagne nous avait laissé un merveilleux souvenir. Mon père y séjourna dix jours, mais sa santé se détériorait de jour en jour. On le transporta dans un hôpital de Rodez tenu par des religieuses. Ma mère et moi partîmes aussitôt pour Decazeville, puis Rodez. Je vis les docteurs qui me dirent que mon père ne pourrait pas rentrer à la maison avant quelques jours. Cinq jours plus tard, un taxi s'arrêta devant notre maison. C'était papa. Nous courûmes vers lui. Mon père avait de la difficulté à descendre. Je le pris dans mes bras et le portai jusqu'à son lit. J'étais triste, il était tellement maigre, si léger. J'allai derrière la maison et je pleurai à chaudes larmes…"

>> Lire la suite

Mayrig

Chaos
Après Le bateau sur la montagne, de Zarian Kostan, Chaos, de Chirvanzadé sera mon second roman d'un auteur arménien. Fin 19e, à Bakou - capitale économique du Caucase - l'exploitation du pétrole bat son plein, les Nobel et les Rothschild s'y construisent d'immenses fortunes, sur le labeur, la sueur et le sang de leurs ouvriers. Une sorte de Germinal semi-oriental. Avec, au surplus, la lutte d'un peuple pour sa survie, sur fond de révolution ouvrière mondiale. Autodidacte, socialiste, Chirvanzadé sera sensible à l'exploitation ouvrière. Chaos
Tout commence avec la mort du patriarche de la maison Alimian. À propos de laquelle on disait énormément de choses, quant aux moyens employés pour faire fortune, ainsi que sur le montant de celle-ci. Huit années ont passé depuis que le fils aîné partit faire ses études en Russie. S’y maria, à l'église orthodoxe, et y eut deux enfants. Des descendants de nationalité russe, déshérités, puisque leur propre père se bannit. Le testament paternel stipule, en effet, que pour hériter de tous les biens Samba l’aîné devra divorcer, puis remettre Mickaël dans le droit chemin. Tout en veillant sur Archak, le benjamin. Or, Samba se refuse à divorcer, puisque ceci signifierait la perte de ses enfants. L'obstacle Mickaël, paraît insurmontable. Il n'en faut pas plus pour aiguiser les appétits du beau-frère. Lequel ne se contentera pas de la seule dot de sa femme. Ce beauf n’aura de cesse de dénoncer le testament dévoilé. Prétendant qu’il y en a un autre, dissimulé. Mais, falsifier un testament n'est pas sans risques, c'est alors qu'il propose une négociation que Samba refuse, non sans tergiverser. Tant ce dernier est usé par la double bagarre qu’il mène à la maison - entre sa mère et sa femme - et hors de chez lui. Et puis, il y a la belle Chouchanik, amoureuse de Samba. Qui, malheureux en ménage, reste fidèle ! Pour ne rien arranger Michaël, le terrible, s'amourache de cette fille qui lui préfère ce frère honni. Laquelle ne voit en Mickaël que le débauché. Une lutte fratricide classique s'engage. Et puis un incendie gigantesque se déclare dans le puits voisin de la famille de Chouchanik. N’écoutant que son Les-enfants-du-duccourage Mickaël arrive à en extirper le père, en vain hélas ! Il n’empêche, l'héroïsme de Mickaël aura raison des résistances de la belle. Le désir finit par l'emporter !
Enfin, la lecture du roman d'A. Troloppe : Les enfants du Duc clôturera cet été, riche en émotions. Anobli, pour services rendus, Palliser, ancien 1er ministre, duc d'Omnium de la lignée des Plantagenet se retrouve veuf, avec trois enfants à charge. Amoureuse, Mary la fille cadette, se prépare à faire une mésalliance en se liant à Frank, désargenté. Qui ne fait rien, qui plus est. Il compte sur la dot de sa future femme. C’est ce que le duc lui reproche et décide qu’ils n’auront pas un sou vaillant de sa part. Quant aux deux fils, l’aîné et le benjamin, tous deux furent exclus de leurs collèges pour indiscipline.
Tous vivent une époque, où les jeunes ne se rencontrent ni au bal, ni dans les clubs très fermés, mais à la chasse à cour. Comme toujours, A. Troloppe mêle habilement les évènements politiques aux péripéties de la vie quotidienne. Un art doublé d'une sexualité autocensuré, comme promesse seulement, eu égard aux nécessités de l’édition et aux mœurs en vigueur. Puis arrive Boncassen, la belle et riche roturière américaine, qui chamboule tout. Celle dont le fils aîné s'éprendra. Ce dernier veut faire de la politique, mais avec les conservateurs, au dam du père libéral. Le benjamin s'ennuie, joue, perd gros et se fiche de tout. Bref, on aurait tort de prendre ces vétilles pour une tempête dans un verre d'eau. Bien qu'à fleurets mouchetés, les uns et les autres se battent en fonction de leurs intérêts de sexe, de classe, de caste. Alors que travailler, dans l'univers victorien n'est que le propre de ceux qui n’ont ni fortune, ni rente.
Au reste, dit le père : "Si l’aristocratie perdait son caractère fermé, elle cesserait d’exister". Amen !

Commentaires
Au rive gauche
Visiteurs
Depuis la création 73 455
Derniers commentaires