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Au rive gauche
8 décembre 2012

Wallenstein ou la guerre de 30 ans "dîte de religions" (2e)

La mort de WallensteinLa-mort-de-Wallenstein
Introduction

Depuis l'automne de 1785 où Schiller avait achevé Don Carlos, il semblait que le génie dramatique dont il avait déjà donné des preuves si éclatantes fût perdu pour la scène allemande. Pendant treize ans, il ne produit plus rien pour le théâtre. Le 12 octobre 1798 seulement, le Camp de Wallenstein, précédé d'un Prologue, paraîtra pour l'inauguration du théâtre de Weimar entièrement rénové et la trilogie y sera jouée pour la première fois en avril 1799. La première idée de Wallenstein remonte au mois de janvier 1791. Schiller est alors professeur d'histoire à Iéna, son Histoire de l'Indépendance des Pays-Bas est achevée, l'Histoire de la guerre de Trente Ans commencée. Il est marié ; il vient d'être pris, au cours d'un séjour à Erfurt, de la première et terrible crise de la maladie qui l'emportera quatorze ans plus tard. C'est aussi le moment où la philosophie kantienne commence : à l'attirer (la Critique du Jugement est de 1790). "Il se sent deux fois mieux ", écrit-il à Körner le 12 janvier 179l, "car le plan d'une tragédie commence à remuer dans sa tête et parce qu'il a un sujet pour ses moments épars d'inspiration poétique", un sujet "capable de l'enthousiasmer ", un sujet "historique "et il notera, six semaines plus tard, le 12 février, que "le plan de sa tragédie l'a depuis longtemps fort occupé ". En été, il séjourne à Karlsbad d'où il fait une excursion à Eger. Il y visite la maison où fut assassiné Wallenstein et y voit un portrait du héros de sa future tragédie… "La plume lui démange d'écrire Wallenstein. "... On sent très bien, à travers ces allusions brèves, mais expressives, le frémissement du poète qui s'est soumis pour des raisons d'ordre pratique — et pédagogiques — à la discipline des études historiques, mais serait si heureux de trouver dans la plus prestigieuse figure de l'histoire de la guerre de Trente Ans, qu'il étudie, l'occasion d'une nouvelle flambée d'enthousiasme et d'inspiration poétique. Mais le professeur — et l'autodidacte — triompheront. Il faut d'abord achever l'Histoire de la guerre de Trente Ans.
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mere_courage1Extrait du dernier Club de lecteurs (suite)
Les exactions de la soldatesque, c'est ce que nos enseignants nous transmirent. Alors que nous avions les signes avant-coureurs des révolutions bourgeoises sous les yeux. Dans la forme on y voit une guerre classique. Au point que la France et l’Angleterre s'y engagent, quitte à changer de camp si besoin. En France, la seule vraie guerre de religion, c’est la répression des protestants. Tandis que Richelieu soutiendra les protestants allemands, en échange de Metz. Chaque État voisin de l'empire a Une-rencontre-en-Westphalieintérêt à son affaiblissement. Et puis, la question des libertés religieuses, du commerce et celle de lever les impôts ne se dissocient pas. Nous avons, l'Union évangélique d'un côté, contre la ligue catholique. Tuer ou convertir telle est l'alternative. Vaincus sur le terrain, les protestants émigrent, car se convertir ne suffit pas. Quant aux princes, déjà impliqués dans la guerre des paysans peu auparavant, ils y virent une seconde chance d'échapper à l'État central. Au fisc en somme.
Né protestant, combattant pour les catholiques, Wallenstein ne s'est pas mouillé pour rien. Bailleur de fonds de l'Empereur, il n'est pas un gagne petit non plus. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, tout le monde accourt pour le conseiller. Hélas, Wallenstein paie beaucoup de mots seulement. Comme le numéraire se fait rare, Wallenstein achète des terres abandonnées, pour une bouchée de pain, et les revend avec une grosse marge. Il est plus intéressé, spéculateur et calculateur que militaire. Sa fortune sera, paradoxalement, le principal mobile des membres de son entourage qui, retournés, accepteront d'attenter à sa vie. L'aventurière-courage
Des échecs, Wallenstein en eut à la pelle. Qu’à cela ne tienne, il renouvela ses effectifs et il repartit de plus belle. Fort de ses succès et de son opulence, Wallenstein apparaît rapidement comme un rival potentiel de son empereur. Il fait cavalier seul et ira jusqu'à se désolidariser d'autres armées de son propre camp. Parfois. Wallenstein en oublie carrément l'empereur et suit sa bonne fortune. Au point parfois qu'il est difficile de savoir contre qui il se bat. Wallenstein est soit exécré, soit craint. Sa garde du corps est au nombre de 6000 hommes, c'est dire si la confiance règne.
Dépressif, hystérique (épileptique peut-être) Wallenstein connaît de nombreux hauts et bas. C'est au cours de ses nombreuses crises qu'il est le plus imprévisible et vulnérable. Quoi qu'il en soit, "on ne convoque pas" Wallenstein. Il ne reste qu'un moyen pour s'en débarrasser, ce sera de le tuer. Tous veulent le liquider, mais doivent attendre le bon moment.
Puis, c'est la controffensive idéologique de l'Église et le règne esthétique du baroque, à Prague surtout. Là où les hostilités avaient démarré.
Les miracles se produisent comme s'il en pleuvait, presque à la demande. L'un à Faverney en Haute-Saône - où une hostie (soit le corps du christ) aurait réchappé à un incendie -, ô miracle dont un petit garçon aurait été le témoin. En réalité, il s'agissait en fait de résister à l'avancée des protestants qui eux niaient toute intervention divine. Tandis que les catholiques y voient la preuve de l'existence divine, de même que son intervention directe dans les affaires humaines. Cette contre-offensive "baroqueuse" reste la seule explication à la forte imprégnation des populations du Haut-Doubs au catholicisme. Comme si l'Église catholique eût érigé un mur entre le protestantisme et elle.
À bas toutes les religions !

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