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Au rive gauche
2 décembre 2012

Wallenstein ou la guerre de 30 ans "dite de religions" 1ère

Préfaceimages
Les Aventures de Simplicissimus de Grimmelshausen disent le secret du monde baroque. Où étaient les seigneurs quand ils quittaient Versailles chaque année pour la guerre ? Ils étaient dans ce roman de froid et de saleté, de femmes dont la bouche et le ventre sont avilis et d'hommes au sexe coupé ras, de langage bas, de ruines et de pierres fumantes dans l'hiver. Lorsque Turenne prit la décision d'incendier le Palatinat, Louis XIV donna son accord pour la destruction systématique de tous les bourgs, hameaux et fermes après évacuation des habitants et liberté pour eux de se réfugier dans les bois. Ce sont les "chenapans" : ce mot français du XVIIe siècle transcrit l'allemand Schnapphahn qui désignait ces paysans des guerres de Trente Ans qui fuyaient à moitié nus dans les buissons et gagnaient l'obscurité et le couvert des arbres. Schnapphahn veut dire mot à mot "attrape-coq". Simplex est un de ces chenapans, un de ces attrape-coqs, un de ces "picaro", un de ces hommes hâves, barbus, les chemises et les chausses en lambeaux, qui s'échangeaient dans les fourrés des formules de religion catholique ou réformée comme autant de laissez-passer entre le coup de pique, la pendaison, le viol et la famine. Ils ramassent le bois mort du monde. C'est un fagot de peur et de sang, d'odeurs épaisses, de cris, plein d'exactions, de feintes des maraudeurs et des fourrageurs, de contre-feintes des mousquetaires et des piquiers, de beuveries et de détresses soudain plus ruminantes et silencieuses. Le Simplicissimus est un des grands romans du XVIIe siècle. Non seulement c'est l'envers du monde baroque mais c'est l'envers de l'art de ce monde. Le Simplicissimus raconte la vie, dans les années 1630-1640, d'un enfant, d'un valet, d'un luthiste, d'un secrétaire attaché à un lieutenant-colonel en Westphalie. On songe à John Dowland, l'extraordinaire luthiste élisabéthain, errant à Paris, à Londres, en Allemagne, en Italie, enfin au Danemark dans les années 1620. On songe plus encore à Johann Jakob Froberger, né en mai 1616 à Stuttgart, qui fut un des plus grands clavecinistes du XVIIe siècle, courant Vienne, Stockholm, Londres, Rome, Mantoue, Paris et composant ces pièces aux titres désemparés et dignes de Simplex…

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Les-aventures-du-baron-de-MünchhausenExtrait du dernier Club de lecteurs
Wallenstein (1583-1634), roman de Döblin aux éditions Agone, est un livre à propos de Wallenstein, "héros" de la guerre de 30 ans (1618-1648) Celle qu'on dit de 10 ans en Franche-Comté. (1635-1644.) Sensibilisé à cette guerre - dont j’entendis parler dès mon enfance - je fus toujours "intrigué" par ce personnage, haut en couleurs, que fut Wallenstein-GoogleWallenstein. Manzoni le mentionne dans son roman "Les fiancés"au sujet de la succession du duché de Mantoue, sur laquelle le Saint-empire germanique et le roi de France entendaient se la disputer militairement. Là, Wallenstein se fait remarquer. Ensuite, l'empereur l'appellera, dès qu'il sera en difficulté. Et La guerre de trente ans l'y mettra. Sans être une véritable guerre de conquêtes territoriales, elle en a néanmoins quelques apparences troublantes. Elle témoigne surtout de l'ascension politique de la bourgeoisie en Europe. Autrement écrit : une religion, égal un État. Réforme et contre-réforme, sont deux étendards : l’un de la révolution, l’autre de la contre-révolution. Une lutte de classes doublée d'une guerre civile, lesquelles ne disent pas leur nom pour l’histoire officielle.
Le 1er chapitre m'a immédiatement passionné. C'est du Döblin, attaché à l'analyse psychologique des hauts membres de la cour du plus puissant empereur d'Europe. Lequel n'est qu'un fat, au sens rabelaisien du terme. Sans avoir jamais regretté mon choix, je m'aperçus au fur et à mesure de sa lecture que cet ouvrage était des plus difficiles à lire. Bref !
1618 :C'est la défenestration de Prague. Les protestants s'emparent immédiatement des biens papistes. Victoire, suivie quelques mois plus tard par la revanche des catholiques, qui exigent que tout leur soit restitué. Ils revendiquent que dans les diètes les décisions soient dorénavant prises à la majorité absolue, Gérard-Louiscomme par le passé. C'en est trop pour les protestants et c'est la guerre. Les princes ayant opté pour la Réforme se tournent vers la Suède, puis vers Richelieu. La revanche des catholiques signifie entre autres choses la fin des libertés religieuses.
Le financement de la guerre (soldes et fourniments) est une guerre dans la guerre. Tout manque, en dépit des promesses de l’empereur. Sentant qu'il y a des affaires à faire, les recrues arrivent de partout. Des fortunes changent de mains. En revanche, les villes doivent acheter leur "liberté". Elles paient pour ne pas être attaquées et le sont tout de même. Le pillage devint légal. Les pilleurs se pillent entre eux. Le plus fort l'emporte en dernier ressort, sans recours possible. Qu'il y ait des combat ou non, il faut se faire payer. Et puis il y a la peste, les soldats meurent comme des mouches, au combat ou dans la rue. Wallenstein jette l'argent par les fenêtres. Mais celui-ci lui revient augmenté d'une plus-value. Dévaluation, réévaluation, raréfaction de la monnaie métallique et hausse des prix sont autant de moyens pour détrousser le commun des mortels. Les gens ont faim, se liguent. Ceux qui sont chargés de la surveillance se liguent entre eux. L'endettement augmente sans cesse.  Wallenstein spécule sur le prix du vin et bat monnaie lui-même. Il a promis une armée, mais personne ne sait comment il va couvrir les frais. Or, à trop réussir, Wallenstein se fait des ennemis. Ce, d'autant plus que c'est un "malade".
À suivre…

 

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