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Au rive gauche
21 octobre 2012

Lorsque j'entends le mot culture, je sors mon révolver !

La culture prolétarienne et l'art du prolétarienTrotsky
Chaque classe dominante crée sa culture, et par conséquent son art. L'histoire a connu les cultures esclavagistes de l'antiquité classique et de l'Orient, la culture féodale de l'Europe médiévale, et la culture bourgeoise qui domine aujourd'hui le monde. De là, il semble aller de soi que le prolétariat doive aussi créer sa culture et son art. Cependant, la question est loin d'être aussi simple qu'il y paraît à première vue. La société dans laquelle les possesseurs d'esclaves formaient la classe dirigeante a existé pendant de très nombreux siècles. Il en est de même pour le féodalisme. La culture bourgeoise, même si on ne la date que de sa première manifestation ouverte et tumultueuse, c'est-à-dire de l'époque de la Renaissance, existe depuis cinq siècles, mais n'a atteint son plein épanouissement qu'au XIXème siècle, et plus précisément dans sa seconde moitié. L'histoire montre que la formation d'une culture nouvelle autour d'une classe dominante exige un temps considérable et n'atteint sa pleine réalisation que dans la période précédant la décadence politique de cette classe. Le prolétariat aura-t-il assez de temps pour créer une culture " prolétarienne " ? Contrairement au régime des possesseurs d'esclaves, des féodaux et des bourgeois, le prolétariat considère sa dictature comme une brève période de transition. Quand nous voulons dénoncer les conceptions par trop optimistes sur le passage au socialisme, nous soulignons que la période de la révolution sociale, à l'échelle mondiale, ne durera pas des mois, mais des années et des dizaines d'années ; des dizaines d'années, mais pas des siècles et encore moins des millénaires. Le prolétariat peut-il, dans ce laps de temps, créer une nouvelle culture ? Les doutes sont d'autant plus légitimes que les années de révolution sociale seront des années d'une cruelle lutte de classes, où les destructions occuperont plus de place qu'une nouvelle activité constructive.

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le-pique-nique-de-lulu-kreutzÉdito
Afin d'élever le débat nous dirons que, les années passant, toutes discussions - aussi passionnées fussent-elles - au sujet des oppositions entre la culture bourgeoise et la culture prolétarienne qui suivirent les années 60/70 semblent bien loin, aujourd'hui. Sans doute est-ce dû au fait que la classe ouvrière soit passablement rentrée dans le rang. Défense de l'emploi et "recherche deVictor-Serge repreneurs potentiels" disent les syndicalistes, obligent ! Une tendance conséquemment augmentée aussi par l'inclination qu'eut la petite-bourgeoisie citadine et intellectuelle à verser dans l'écologie tous azimuts. Cette dépolitisation conséquente de la vie quotidienne accentua cette inéluctable évolution et aujourd'hui explique le reste. Et puis, autant dire enfin que l'image que le stalinisme offrit au monde d'un pseudo art prolétarien et réaliste parachèvera le tout. Le débat sur les changements que l'on peut attendre d'une révolution ouvrière et socialiste tomba conséquemment en désuétude. Culturellement et politiquement parlant, nous volons à raz de terre. Mais, ce sont là des questions que la crise ne manquera pas de remettre à l'ordre du jour. Comme un nécessaire retour des choses. Car il ne suffira pas d'être indigné seulement.
Ceci étant précisé, l'apparition de toute culture nécessita l'émergence d'un groupe social homogène d'individus (d'une élite), dont les préoccupations et les occupations ne furent pas totalement accaparées par la nécessité de produire les moyens d'existence de la société entière. Avec au reste la tâche de dégager un surplus que s'appropria la minorité cultivée. En résumé, une culture de classe est tout sauf quelque chose de désintéressé, aujourd'hui encore. Sans parler de la recherche de vérité.
Quant à se poser la question de savoir s'il pouvait-il en aller autrement lors d'une rencontre, avec quelque auteur au sein de ma librairie préférée c'est déjà y répondre ? Que non, bien entendu ! Ce buffet, bien préparé, avait néanmoins des allures de pot de départ ou d'arrivée, c'est selon. Encore que debout, un verre à la main, notre attention soit moins soutenue. Ce n'est certes pas L'ile-nuel'auteur qui nous fit la lecture d'une de ses poésies qui me contredira. Lui, qui eut toutes les peines du monde à se faire entendre, aurait pu se dire : "Autant donner de la confiture à des cochons". M'enfin !
Sans doute l'intervention autoritariste de la nouvelle propriétaire, cassa-t-elle passablement l'ambiance. En effet, on peut toujours se demander ce que serait une librairie rentable. Favorable au "prix unique du livre" Claire, la fondatrice, s'arrachait déjà les cheveux à ce sujet. Ce prix uniforme indépendamment de la concurrence - si "chère" à tous les protagonistes de ce secteur et au lecteur surtout - sauvera-t-il les libraires dits indépendants du naufrage promis par la compétition économique ? Il se pourrait hélas que non, à quelques exceptions près peut-être, dirons-nous ! Une soirée qui n'était pas sans me rappeler le sujet de l'interview que j'accordai à des étudiants de l'école des beaux-arts, à propos des rapports entre culture petite-bourgeoise et classe ouvrière.
Autant dire qu'il était bien difficile de demeurer soi-même - ou comment faire pour y arriver - là où, rien ne ressemblait réellement à ce que pourrait être une assemblée de personnes conscientes et réunies autour des mêmes centres d'intérêt. Sans incriminer en rien les organisateurs ni personne, force nous était de ne pas y reconnaître nos petits. Enfin, l'arrivée dernière de la gauche aux commandes de l'État bourgeois français laissait à penser que de vieux démons culturels, bien de chez nous, allaient ressurgir. Mais, crise oblige c'est un tout autre registre qui apparaît.
À bas la culture bourgeoise !

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