"Protège-moi des mes amis, mes ennemis je les connais !

Une lettre sur les causes de la dégénérescence du parti et de l’appareil d’État par Christian Rakovski.
"Cher camarade Valentinov,
Dans vos "Réflexions sur les masses" datées du 9 juillet, en soulevant la question de "l'activité" de la classe ouvrière vous abordez un problème-clé, celui de savoir comment conserver au prolétariat son rôle dirigeant dans notre État. Bien que toutes les revendications de l'Opposition tendent précisément vers ce but, je suis d'accord avec vous que tout n'a pas été dit sur cette question. Jusqu'à présent, nous l'avons toujours examinée en liaison avec l'ensemble du problème de la prise et de la conservation du pouvoir politique, alors que, pour l'éclairer davantage, il eût fallu lui réserver un sort particulier, la traiter comme une question spécifique et à part entière, caractère qu'en fait les événements se sont eux-mêmes chargés de lui donner. L'Opposition a, en temps voulu, sonné l'alarme devant l'effroyable déclin du militantisme des masses travailleuses et leur indifférence croissante envers la destinée de la dictature du prolétariat et de l'État soviétique, et ce fait restera à jamais son mérite vis-à-vis du parti.
Dans le déferlement actuel de manifestations d'un arbitraire sans précédent, le fait le plus caractéristique, et qui en constitue le principal danger, tient précisément à cette passivité des masses (passivité plus grande encore parmi les communistes que chez les sans-parti) envers ces actes scandaleux. Des ouvriers en ont été témoins, mais, par crainte des puissants ou par indifférence politique, ils les ont laissé passer sans protester ou bien se sont contentés de ronchonner. Depuis l'affaire de Tchoubarovo (pour ne pas remonter plus haut) jusqu'aux tout derniers abus de Smolensk, d'Artemovka, etc, on entend toujours le même refrain "Nous le savions depuis longtemps déjà". Vols, prévarication, violences physiques, extorsion de fonds, abus de pouvoir inouïs, arbitraire illimité, ivrognerie, débauche : on parle de tout cela comme de faits déjà connus, non depuis des mois mais depuis des années, et que tout le monde tolère sans savoir pourquoi."
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Édito : Compagnon de Trotsky lorsqu'il écrivit la lettre ci-dessus à propos des dangers professionnels du pouvoir, Rakovski ne se préoccupait pas de ces ministres véreux qui comme chez nous se vendent à la bourgeoisie pour un plat de lentilles. Non, il tentait d'expliquer à la jeune génération montante ce qui était en train d'émerger sous leurs yeux, dans la nouvelle U.R.S.S. Il n'empêche, c'est une excellente transition pour aborder la politique spectacle et son corollaire : le charlatanisme !
Pas dégoutés depuis longtemps déjà, "nos" gouvernants de gauche ne se préoccupent plus que d'une chose, à savoir leur élection, ou leur propre succession. Tout en ne se consacrant qu'à la défense des intérêts de la bourgeoisie, de son État et de son système capitaliste finissant. Bien qu'ils se présentent, de surcroît, comme nos meilleurs défenseurs. Supercherie que tout ça ! N'est-ce pas madame la ministre Duflot ? Qui, à peine arrivée au gouvernement, s'accroche déjà à son strapontin ministériel. Ex-dirigeante des Verts, elle se servit des négociations PS/Verts pour se hisser à la plus haute marche. Ses potes viennent de lui glisser une peau de banane sous les pieds, en disant non au traité européen. Mais, elle y a goûté et ne veut plus s'en passer. Elle y est, elle y reste ! Coutumier du fait, Cohn-Bendit ne prépare que l'avenir en faisant un pas de côté !
Si cela ne nous suffisait pas, nous avons encore tous en tête la lutte entre Ségolène et les autres, pour accéder au perchoir du parlement. Défaite, celle-ci ne s'est pas tenue pour battue et s'est mise en réserve de la république. Dans le genre arriviste petit-bourgeois, un passé de gauchiste n'est même pas un obstacle, tout au contraire. La bourgeoisie a les moyens de tout acheter. Mélenchon, Cambadélis, Julien Dray (pour ne nommer personne) sont tous d'anciens transfuges du groupe lambertiste. Tel Lionel Jospin, le plus célèbre d'entre eux, qui ressuscite d'entre les morts ! Tous des faux derches !
Ministre des finances, Moscovici - transfuge du pays de Montbéliard via le courant D.S.K. (double écueil) - a toutes les peines du monde à nous convaincre que l'intérêt général n'est que sa seule préoccupation. Alors que c'est clair comme de l'eau de roche qu'il est en course pour 2017. En compétition avec Montebourg, d'une part, lequel n'est pas en reste non plus. De même, d'autre part, avec Valls, ministre de l'intérieur. À moins qu'il n'y en ait encore un 4ième. "La beuz, tous rêvent d'en croquer !"
Le plus célèbre de tous ces présidentiables ou ex, c'est Rocard. Opposant à La Guerre d'Algérie, à la tête de feu le P.S.U., avant de tourner casaque. Il soutint les travailleurs de Lip en lutte (telle la corde qui soutient le pendu). Mais, se cassera le nez sur la dernière marche et erre aujourd'hui entre la droite et la gauche. Tous ces ex-chefs de partis, de courants, de mouvements etc, n'ont ou n'eurent qu'une seule préoccupation en tête, à savoir : accéder à la plus haute marche de l'exécutif républicain ! Belle prise, n'est-ce pas ? Quant à la droite, elle fait comme si elle était toujours chez elle, qu'elle soit dans l'opposition ou au gouvernement. Elle ne cède que momentanément la place à la gauche. Qui, qu'elle le veuille ou non, mène la même politique. "Tous en croquent, je vous le dis !"
En revanche, revoici les indignés qui ressortent en Espagne. Où ils sont allés dire leur fait à leurs députés. Ça bouge aussi dans la rue en Grèce, là où des ex-ministres occupés de faire les poches à leurs concitoyens s'en mettaient plein les leurs. Tout ça : c'est gibier de potence et Cie !