Un coup de Marx et ça repart !
Œuvres - août 1939
Trois conceptions de la révolution
La Révolution de 1905 fut non seulement "la répétition générale pour 1917" mais aussi le laboratoire d'où surgirent tous les groupements fondamentaux de la pensée politique russe et où toutes les tendances et nuances du marxisme s'esquissèrent ou prirent forme. Au centre des divergences et des disputes se trouvait la question du caractère historique de la révolution russe et de ses futures voies de développement. Cette lutte de conceptions et de pronostics n'a pas en soi de rapport direct avec la biographie de Staline qui n'a pas pris une part indépendante à ces débats. Les quelques articles de propagande qu'il écrivit sur cette matière sont dépourvus du moindre intérêt théorique. Des dizaines de bolchéviks divulguèrent, plume en main, ces mêmes idées et le firent d'une façon bien plus adéquate. Un exposé critique de la conception révolutionnaire du bolchévisme devrait, de par la nature même des choses, avoir sa place dans une biographie de Lénine. Cependant, les théories ont un sort qui leur est propre.
Si pendant la période de la première révolution et plus tard jusqu'en 1923, alors que les doctrines révolutionnaires étaient élaborées et appliquées, Staline n'eut pas de position indépendante, à partir de 1924 brusquement la situation change. C'est depuis ce moment que commence l'époque de la réaction bureaucratique et de la révision énergique du passé. La trame de la révolution se déroule à l'envers. Les anciennes doctrines sont soumises à des nouvelles évaluations ou à de nouvelles interprétations. D'une façon tout à fait inopinée, au premier abord, l'attention se concentre sur la conception de la "révolution permanente" en tant que source de toutes les bévues du trotskysme. Dorénavant, pour un certain nombre d'années, la critique de cette conception constitue le contenu principal de l'œuvre théorique "cit venio verbo" de Staline et de ses collaborateurs. On peut même dire que tout le stalinisme, sur le plan théorique, se développa par la critique de la théorie de la révolution permanente telle qu'elle a été formulée en 1905 . Par conséquent, l'analyse de cette théorie distincte de celles des menchéviks et des bolchéviks, ne peut manquer de faire partie de ce livre, ne fusse que sous forme d'appendice.
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Édito
Le court échange - si je puis m'exprimer ainsi - que je viens d'avoir dernièrement Place du Marché à Besançon, avec un jeune diffuseur du Front de Gauche, m'amène à penser que "le chemin politique théorique à refaire" est aussi long et fastidieux que nécessaire. En effet, sans se préoccuper de savoir à qui il avait à faire, ce jeune s'est lancé dans une longue diatribe, elle-même truffée de tous les poncifs que l'on peut entendre à chaque élection. Tous les mots propres à un discours de gauche ou presque y étaient, mais leur sens n'avait plus rien à voir avec celui qui était le leur initialement. Effet ravageur et destructeur du stalinisme oblige.
Comme pour donner un poids supplémentaire à ses allégations, ce jeune se réclama de son appartenance au PCF, au cas où je l'aie pris pour un jeune loup du FG. Or, si ce militant en herbe avait montré quelques capacités d'écoute, je lui aurais peut-être dit, par exemple : que ses propos, aussi radicaux étaient-ils, ne dépassaient en rien ce que les journalistes écrivent au sujet des élections en France, comme de celles qui vont avoir lieu au USA ou en Égypte. Là, où ces mêmes écrivassiers font encore et toujours allusion à la révolution du printemps arabe, qu'eux-mêmes furent les seuls à voir, et pour cause ! Au point qu'ils en convainquirent les manifestants eux-mêmes. Lesquels protestataires égyptiens se retrouvent aujourd'hui devant un choix cornélien, et au fond marron. Face à une élection présidentielle pour laquelle les candidats ne se distinguent même pas de l'ancien régime, suite à des législatives déjà perdues. De ce point de vue, aurais-je poursuivi, le mot révolution est probablement l'un des plus galvaudé qui soit.
Une révolution encore à venir, à laquelle ce jeune bien désabusé, ne fit même pas allusion. Plus que formaté déjà, ce garçon me lança à la figure qu'ils appartenaient à la seconde "force" électorale de gauche. Une remarque vide de sens et qui, faute d'arguments, en disait long sur les attentes qui sont celles du FG et du PF quant à leur place au sein du prochain gouvernement. Car, là se trouve l'essentiel de leurs ambitions et rien de plus. Ce que ce jeune ne sait pas ou ne veut pas savoir, c'est que toute organisation ne se préoccupe que d'une chose : à savoir sa propre survie. Les syndicats, comme les partis, au sein desquels les ambitieux grouillent. Il n'est qu'à voir les dernières nominations, auquel le gouvernement Hollande vient de procéder pour s'en faire une idée. Ce, conformément au procédé népotique commun à la droite et à la gauche. Un régal pour les journalistes, en mal de papier. Les noms changent, mais les méthodes de gouvernement varient à peine.
Pour s'en convaincre, si la situation intérieure n'y suffisait pas, il conviendrait de considérer les supputations des parties en présence, vis-à-vis de l'éventualité d'une sortie (ou expulsion) de la Grèce de la zone euro. Or, ce n'est pas la situation réelle et quotidienne de la population grecque, qui préoccupe tous les dirigeants politiques. Bien moins que le fait de se retrouver dans le bon wagon. Obama de même, lui qui ne prend ses décisions qu'en fonction de sa prochaine réélection. Ces chefs d'état sont prêts à sacrifier beaucoup de choses, certains sont même enclins à déclencher des guerres. Souvenons-nous de Bush, des armes de destruction massive qu'on n'a jamais trouvées en Irak. Enfin, je dis à ce jeune que si les vieux radotaient en politique, lui, un jeune, n'avait aucune raison ni excuse de le faire. Tandis que de son côté il continuait à répéter insoucieusement ses platitudes.
Néanmoins, les étudiants québécois montrent la voie !