Tel Lazard, du banquet nous n'aurons que des miettes !

Autobiographie (17 avril 1937)
Dans son intervention finale du 28 janvier 1937 Vichinsky se trompe quand il parle de mes trente années de préparation au fascisme. Mais ce ne sont ni les faits, ni l'arithmétique, ni la chronologie, et encore moins la logique qui sont les points forts de cette accusation. En réalité, depuis le mois passé il y a quarante ans révolus que je participe sans interruption au mouvement de la classe ouvrière sous la bannière du marxisme. A dix-huit ans j'organisais l'Union Ouvrière de la Russie du Sud, organisation clandestine qui comprenait plus de 200 ouvriers. J'éditai un journal révolutionnaire polycopié, le " Nache Delo " (Notre Cause). Pendant mon premier exil en Sibérie (1900-1902), je participai à la création de l'Union Sibérienne de Lutte pour l'Émancipation de la Classe Ouvrière. Après ma première évasion è l'étranger, je devins membre de l'organisation social-démocrate " l'Iskra " dirigée par Plekhanov, Lénine et quelques autres. En 1905, j'assumai des fonctions dirigeantes dans le premier Soviet des Députés Ouvriers de Petersburg. J'ai passé quatre ans et demi en prison, j'ai été deux fois exilé, en Sibérie où j'ai passé deux ans et demi environ. Je me suis évadé deux fois de Sibérie. En deux périodes, j'ai passé quelque douze ans en exil sous le tsarisme. En 1915, en Allemagne, je fus condamné à la prison par contumace pour mes activités contre la guerre. Je fus expulsé de France pour le même " crime ", arrêté en Espagne et interné par le gouvernement britannique dans un camp de concentration canadien. C'est de cette manière que je remplissais mes fonctions " d'agent du capitalisme ". La version des historiens staliniens, suivant laquelle j'aurais été un menchevik jusqu'en 1917, n'est qu'une de leurs falsifications habituelles. Depuis le jour où le bolchevisme et le menchevisme prirent forme politiquement et organisationnellement (1904), je suis resté formellement en dehors des deux partis mais, comme le montrent les trois Révolutions russes, ma ligne politique – malgré des polémiques et des conflits – coïncida dans toutes les questions fondamentales avec la ligne de Lénine...
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Édito

Quitte à se "farcir" une propagande médiatiquement idéologique - qui ressemble à s'y méprendre au bon vieux culte de la personnalité - autant le faire avec celle de militants de la trempe de Trotsky et de quelques autres. Des dirigeants ouvriers dont le destin personnel fut déterminé par quelques enjeux historiques et non pas par des ambitions personnelles aussi vaines que mercantiles, seulement. Car, après avoir subi la biographie du "nain" (dixit les Guignols) pendant cinq ans, nous allons devoir l'endurer à nouveau mais avec celle de Hollande, cet ancien "obèse" (les Guignols toujours) ! Décidément, ça nous fait une belle jambe.
D'exploits à la gaullienne, Sarko et Hollande n'en eurent aucun à se mettre sous la dent, question d'époque et de personnalité sans doute. Toujours est-il qu'après une tentative de bonapartisme de droite, nous aurons la même, mais de gauche cette fois. Avec ni plus ni moins de chances de succès, il est vrai. À l'égal de Jospin, Sarko est parti "la queue entre les jambes" et personne ne s'en plaindra. Même pas les cadres de l'UMP, qui n'ont certainement pas été les derniers à militer pour sa déculottée. De la foire d'empoigne à droite, nous voici désormais avec une foire d'empoigne à gauche. Jolie alternance, n'est-ce pas ?
Et puis, c'est fou le nombre d'élections qu'il peut y avoir dans le monde, sans que la tendance de celui-ci n'en soit inversée, ni que la domination des riches ne soit pour le moins menacée. Dès qu'une situation chaotique se fait jour, tous les partis politiques, quels qu'ils soient, se précipitent vers les isoloirs Dès lors, les alliances droite-gauche deviennent ce que les circonstances exigent. Au reste, tous le monde se souvient que la Belgique est restée sans gouvernement pendant des mois, sans s'en porter plus mal que le Portugal, L'Islande, L'Italie et l'Espagne pour ne citer que ces pays-là. Au fond, il n'y a que les opprimés pour encore croire aux élections, finalement. Quant aux puissants, ils ont compris depuis belle lurette qu'un bulletin de vote ne pouvait rien faire, sinon renforcer les illusions des plus faibles. Trois petits tours à droite, un à gauche et l'équilibre est maintenu.
Y compris en Grèce, là où la colère des "petites gens" est certainement plus que décuplée par rapport à la nôtre et pour cause. Les dernières élections confirment la tendance que nous avons-nous-mêmes constatée chez nous. A la seule différence que les partis de gauche et de droite au pouvoir sont sanctionnés dans des proportions identiques. Il n'y eut, là-bas aussi, que l'extrême droite (sauce Marine Le Pen) et l'extrême gauche (l'équivalent de notre Mélenchon) pour faire encore illusion; Rien de très nouveau finalement. Incapables désormais de gouverner seul la N.D. et le P.A.S.O.K. vont devoir s'associer au sein même du gouvernement. Et tous les deux de dire haut et fort qu'ils vont appliquer les oukases européens, sans même exiger des banques qu'elles restituent les sommes indûment perçues. Notons bien que si la situation de ce pays l'exige, l'extrême gauche et l'extrême droite parlementaires seront elles aussi invitées à la mangeoire gouvernementale. Car, côté extrêmes droites, nous sommes loin d'avoir tout vu. Celles que nous voyons se développer sont encore respectables, eu égard à ce qui nous attend. Surtout si la gauche continue sa démagogie électoraliste, d'une part, et, d'autre part, si les révolutionnaires errent en peine. Ce d'autant plus que l'ombre de la dictature des colonels plane toujours sur ce pays. En somme, on fermerait les yeux sur le passé, au nom de l'intérêt national… Autrement écrit, tous les politiciens sont à genoux devant l'autel des intérêts de leur seigneur et maître, à savoir : leur propre bourgeoisie. Dans des proportions moindres, il est vrai, c'est tout de même ce qui préside déjà à la passation des pouvoirs en France.
Quand j'entends la Marseillaise, je sors mon révolver !