Mélenchon : trois petits tours et puis s'en vont !

Pour la Quatrième Internationale : mars 1934
Nous, représentants des communistes internationalistes (bolcheviks-léninistes) de l'URSS, d'Allemagne, de France, d'Angleterre, d'Italie, d'Espagne, de Hollande, de Belgique, de Grèce, de Suisse, des États-Unis, d'Amérique du Sud, de Chine et d'un certain nombre d'autres pays, nous nous adressons à vous, prolétaires de tous les pays, à l'heure d'un redoutable danger historique, et vous lançons cet appel. Après la victoire d'Hitler en Allemagne, après l'écrasement du prolétariat autrichien et les sanglants combats dans les rues de Paris, il est devenu clair, même pour des aveugles, qu'on a épuisé les anciennes méthodes de lutte, conçues dans la perspective d'une évolution pacifique. Au capitalisme pourrissant, il ne reste d'autre issue que d'écraser le prolétariat, détruire ses organisations, piétiner sa volonté, en faire un esclave résigné. La bourgeoisie ne veut ni ne peut attendre l'heure où le prolétariat détiendrait 5196 des mandats parlementaires. La question sera tranchée par la force. Le capital financier organise et arme les bandes fascistes. Le mussolinisme n'est pas un phénomène italien, mais mondial. La gangrène de la réaction barbare gagne un pays après l'autre. C'est maintenant le tour de la France. Le 6 février y constitua la première répétition du banditisme fasciste. En Angleterre, les mêmes phénomènes se préparent. En Amérique, les conditions pour le fascisme ne sont pas moins propices qu'en Europe. Quelle monstrueuse déchéance ! Le prolétariat est la seule classe créatrice de la société contemporaine. C'est de lui que dépend toute la vie du pays, son économie, sa civilisation. Avec les masses semi-prolétaires dont il est appelé à prendre la tête, le prolétariat constitue la majorité écrasante de l'humanité civilisée. Il est inspiré d'un grand idéal social. Tout au long de l'histoire moderne, et de nouveau au cours des dernières semaines en Autriche, il a montré qu'il était capable de faire preuve d'un grand héroïsme, d'une grande abnégation. Et cependant, le fascisme, qui s'appuie sur les pires éléments démoralisés de la petite bourgeoisie, sur la poussière humaine, sur les débris de la nation, remporte victoire sur victoire.
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Édito
Quant à nous, nonobstant le score fleuve de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle hier, nous n'hurlerons pas avec les loups. Et ne crierons pas non plus au danger fasciste pour cela ! Nous nous attacherons pour l'instant à nous retourner, une fois de plus, sur notre passé qui, lui, est aussi lourd de significations que d'expériences. Ce d'autant plus qu'il y a beau temps que la gauche faillit dans le monde entier. Laissant un vide et une place sur l'échiquier électoral que des plus démagogues qu'eux et d'extrême droite, sans scrupules, occupent allègrement. À ce petit jeu, le nationalisme de gauche, parmi les travailleurs, fit assurément le lit de plus nationaliste que lui-même. Toujours est-il que le Front National à 20%, en France, berceau de la démocratie disent les idéologues bourgeois, ça la fiche mal pour eux. Encore qu'un parti politique qui n'offre comme exutoire aux petites gens, aux petits-bourgeois déclassés ainsi qu'aux autres déchus du capitalisme que la haine raciste de "plus petits qu'eux" ne saurait être une solution pour personne. Il ne manque plus que les pogromes anti-immigrés pour que le tableau soit complet, mais ça c'est encore une autre affaire. Car, trouver des gens qui expriment leur souhait de voir les immigrés reconduits à la frontière en catimini, dans l'ombre de l'isoloir, prouve au contraire qu'ils ne sont pas prêts à se salir les mains et à le faire eux-mêmes. Une chose est certaine, on ne combat pas l'extrême droite dans les urnes, contrairement à ce que, hier soir, persistait à affirmer Mélenchon le grand perdant de ce premier tour. Des propos aussi persistants que tonitruants, qui dissimilaient à peine le fait qu'il se montrait incapable de dire quelque chose de consolant à ses fans, déçus d'avoir été ainsi abusés. Nous, on appelle ça prendre une veste. Par ailleurs, les médias qui portèrent le phénomène Mélenchon à bout de bras, le laissèrent tomber dès les premiers résultats affichés ! Hier soir, il n'y en eut que pour Marine qui, somme toute, se maintient au niveau de son père, sans plus. Une manière comme une autre de botter en touche pour les journalistes, n'est-ce pas ? Candidate antisystème clamait-elle encore et toujours devant des dizaines de caméras, on voyait bien qu'elle n'était pas la dernière à en profiter. M'enfin, nous n'allons pas demander plus de lucidité à ses propres électeurs (déjà très courtisés) que n'en ont ceux des quelques autres candidats qui en profitent eux aussi.
Si quelque chose est pourri au royaume du fric, c'est bien la démocratie bourgeoise. Qui après des mois de campagne, aussi onéreuse que stérile, fit que la montagne n'accoucha que d'une souris. Et tous les lieutenants des candidats de se presser autant que de s'invectiver sur les plateaux de télévision, sans jamais avouer ni les objectifs qui étaient les leurs, ni les moyens dont ils disposent. Aux téléspectateurs de reconnaître les leurs dans tout cela. Or, les lampions du premier tour n,'étaient pas éteints que journalistes et politiciens allumaient tout aussitôt ceux du second et des législatives, ce dans un concert de klaxon, aussi inaudible qu'inintéressant.
Pour les uns l'objectif était plus de se montrer que de convaincre, pour les autres il ne s'agissait que d'audimat. Tandis que tous les candidats n'eurent rien à nous dire de plus que nous ne sachions, les trois principales chaines de télévisions diffusaient les mêmes déclarations, au même moment, de peur que le téléspectateur ne zappe. Une overdose de platitudes en somme ! Le pire, c'est que tout va continuer pendant plusieurs semaines encore. Pour nous réveiller un de ces quatre matins, avec plus que probablement une gauche au pouvoir qui appliquera la même politique que la droite et la grosse tête en plus !
À bas la cacophonie électoraliste !