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Au rive gauche
12 avril 2012

"Le passé est devant nous !"

La crise française 25 novembre 1930Trotsky
Cher camarade Hachiman,
La crise latente au sein de la Ligue française est subitement devenue de nouveau aiguë et maintenant tout un chacun doit prendre position. Vous savez que Naville et Molinier nous ont rendu visite pendant quelque temps et que nous avons discuté de toutes les questions litigieuses plus que profondément et nous nous sommes mis d'accord à l'unanimité sur les mesures nécessaires. Naville était sûr qu'il aurait des problèmes avec nombre de camarades - particulièrement avec le camarade Rosmer - mais il était tout à fait prêt à surmonter ces obstacles avec les autres. Lors de son départ, ses derniers mots ont été une promesse tout à fait spontanée de conduire avec moi une correspondance ouverte et non diplomatique. Depuis son départ, il ne m'a pas écrit une seule ligne. Le second numéro du Bulletin International qu'ils avaient fait tous les trois ici et qui aurait dû sortir à Paris quelques jours plus tard, n'a pas encore été publié. Le Secrétariat Provisoire que nous avons constitué ensemble ne fonctionne pas parce que Naville le boycotte. En dépit de tous les essais de Molinier pour placer le travail en collaboration sur une base ferme, rien n'a abouti à cause de la continuelle résistance de Naville. Maintenant cette situation n'est pas purement, ou si vous voulez, n'est pas en dernière analyse un résultat de la mauvaise volonté de Naville; elle s'est plutôt produite à cause de nouvelles complications qui dépassent tout le reste. Vous connaissez par expérience la façon dont sont traitées à Paris les questions d'organisation. Vous-même, mon cher ami, avez également contribué quelque peu à cette organisation négligente tout en me reprochant de ne pas publier ma lettre circulaire par l'intermédiaire du Bulletin International et du secrétariat après la conférence d'avril à un moment où, en dépit de tous les efforts, on n'arrivait pas à susciter une vie internationale à Paris. Mais c'est juste une remarque incidente. Dans les questions françaises, le travail était organisé de façon aussi négligente, surtout dans le domaine le plus important - le travail syndical.
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Chronique-d'une-mort-annoncÉdito
En relisant cette lettre de Trotsky adressée aux militants opposés au stalinisme - laquelle abordait "la crise française" - on se dit que nous ne sommes guère plus avancés qu'à cette époque. Tout en reconnaissant que la situation économique et politique mondiale (aussi bien que les acteurs) aient considérablement changé. Il n'empêche, la récente Mélenchonmania qui s'empare d'une fraction de l'électorat de gauche actuellement, en dit long sur le découragement de cette partie des travailleurs qui aspire à un certain changement.
En conséquence de quoi les deux candidats à "la gauche" de Mélenchon dirons-nous, à savoir : Nathalie Arthaud et Poutou, passent à côté des feux de la rampe.
Sans que cela ne soit forcément une catastrophe, ainsi que nous l'avions déjà vu lors de précédentes campagnes, avec Arlette Laguiller et Olivier Besancenot qui, à eux deux, atteignirent les 10% des voix. En effet, les électeurs occasionnels ne se transforment pas nécessairement en militants potentiels, ni même en adhérents.
Cet effet médiatique, nous le savons, n'est en grande partie dû qu'à la faveur des médias qui,Souvenirs-d'un-p+®ruquier dans ce genre d'affaire doivent eux aussi tirer leur épingle du jeu. Un désintérêt, de même qu'une certaine lassitude du public, ne manquerait pas de se traduire par une notable baisse d'audience. Il leur faut donc nous tenir en haleine, quitte pour cela à flirter avec des notions à connotation révolutionnaire. Et puis, ils le connaissent ce Mélenchon que l'électeur de gauche moyen croit découvrir. C'est leur métier, d'une part, et d'autre part, ils ont des archives tout autant que de la mémoire. Sans compter que tout ceci emberlificote sacrément Hollande, qui ne s'y attendait pas. Du coup, les alliances préventivement concoctées avec les Verts et Chevènement deviennent Les-bolchevics-au-parlementplus gênantes qu'autre chose. Lesquelles  ne font qu'augmenter la pression que Mélenchon et les communistes entendent exercer sur Hollande, dans la perspective où celui-ci serait élu. Au point que ce "tsunami" électoral pourrait bien annihiler les chances des uns et des autres. De nouveaux amis - avec qui je me trouvais hier - se déclarent prêts à voter Mélenchon et à faire voter pour lui. Certes, ils ne sont en rien des révolutionnaires. Ils avouent implicitement n'être que des anti-sarcozystes, doublés d'anti-Hollande. Encore qu'ils ne se prononcent pas sur le second tour. Bref, c'est la gauche qui aime à se faire peur !
Un peu plus loin dans la rue principale, les diffuseurs de la CGT étaient tous de valeureux octogénaires - doublés d'anciens propagandistes du programme commun de gouvernement - sortis des placards à militants. Tous prêts, semble-t-il, à se faire avoir une nouvelle fois. Finalement cette campagne électorale n'arrange les affaires de personne. Les illusions remontent d'un cran et la chute n'en sera que plus difficile. Un blabla, tout juste entrecoupé de quelques images directement importées de Syrie, où le commerce des armes bat son plein.
Or l'action révolutionnaire ne s'improvise pas, nous l'avons vu  avec le printemps arabe. Les jeunes travailleurs et étudiants (principalement concernés par ce qui se présente à nous) devront se réapproprier l'expérience de générations de révolutionnaires, aussi bien que de leur capital théorique. Car, occuper des places publiques, manifester sa colère, affronter les CRS ne suffit pas, loin s'en faut.
Sans théorie, ni parti révolutionnaire, pas de révolution prolétarienne victorieuse !

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