Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Au rive gauche
17 mars 2012

Allonger la semaine de travail, obsède la bourgeoisie

Lenine_Oeuvres_compl_tesLe développement du capitalisme en Russie
Chap : IV : LE PROGRÈS DE L'AGRICULTURE COMMERCIALE :
LES THÉORIES POPULISTES SUR LE CAPITALISME DANS L'AGRICULTURE.

LES "LOISIRS FORCÉS D'HIVER"
Afin de compléter les conclusions positives que nous venons d'exposer sur la signification du capitalisme, il nous faut examiner un certain nombre de "théories" que l'on trouve fréquemment dans notre littérature. Dans la majorité des cas, nos populistes ont été absolument incapables d'assimiler les conceptions fondamentales de Marx relatives au capitalisme agraire. Les plus sincères ont franchement déclaré que la théorie de Marx ne concernait pas l'agriculture (M. V. V. dans Nos tendances), tandis que d'autres (comme M. N.-on) préféraient garder un silence diplomatique sur les rapports entre leurs "constructions" et la théorie de Marx. Une des constructions les plus répandues parmi les économistes populistes est celle qu'ils ont élaborée à propos des "loisirs forcés d'hiver". Voici en quoi elle consiste. Sous le régime capitaliste, l'agriculture devient une branche industrielle à part, sans liaison avec les autres. Cependant, elle n'occupe pas les gens toute l'année mais seulement cinq ou six mois par an. Du fait de la capitalisation de l'agriculture, "la période d'hiver est donc libérée" et "le temps de travail de la classe agricole réduit à une partie de l'année"; cela est "la cause essentielle de la détérioration de la situation économique des classes agricoles" (N.-on, page 229), "du rétrécissement du marché intérieur" et du "gaspillage des forces productives" de la société (M.V.V.). Telle est donc cette fameuse théorie qui fait reposer les conclusions historiques et philosophiques les plus larges sur cette grande vérité, à savoir que dans l'agriculture le travail est très inégalement réparti tout au long de l'année. Se saisir d'un seul trait, le pousser à l'absurde à l'aide d'hypothèses abstraites, rejeter toutes les autres particularités du processus complexe qui transforme l'agriculture patriarcale en agriculture capitaliste, - tels sont les procédés simplistes de cette nouvelle tentative de remettre au goût du jour les doctrines romantiques sur "la production populaire" précapitaliste.
>> Lire la suite


arbre_sabots_filmLe_manoir_livreÉdito : Avec cet extrait (ci-dessus et après) du IVe chapitre du livre de Lénine, au sujet du développement du capitalisme en Russie, nous abordons un domaine qui ne me fut pas aussi étranger qu'on pourrait le croire. Ceci écrit, sans céder à la tentation de faire des parallèles ni trop rapides, ni excessivement simplistes.
Là je fais référence à la situation des paysans français du Haut-Doubs, qui, jusqu'à la fin du XIXe siècle - voire même au début du XXe -, eurent une activité professionnelle de remplacement, en fonction du rythme des saisons, de la nature des cultures ainsi que du type d'élevage qui étaient les leurs. Ici, on fabriquait des pinces, là des sabots (spécialité de mon village, avant sa disparition au début des années 50). Ceci était dû, toutes proportions gardées, aux rudes et longs hivers que nous connaissons dans l'Est. D'où une relâche partielle dans tout ce qui touche aux travaux de la ferme, qui contraignait financièrement les agriculteurs à une activité de remplacement. Et puis, passer de longs mois à ne rien faire n'était pas dans les mœurs d'une population aussi besogneuse que ne l'était celle de mes aïeux.
C'est ainsi qu'après la Seconde Guerre Mondiale - et sans être dans une situation analogue à celle des ouvriers agricoles russes de l'époque concernée par l'ouvrage en question, les fils de paysans, ouvriers de Peugeot travaillant en équipe 2x8, n'en faisaient pas moins une seconde journée de travail. C'est une fois mariés seulement, que ceux-ci quittaient la demeure familiale et  qu'ils "prenaient" accessoirement leurs congés payés. Quand ils ne les utilisaient pas pour construire leur propre maison ou donner un coup demain pour celle d'un autre. Une classe ainsi dressée à travailler est une aubaine pour les capitalistes de la région.
Le_domaine_livreAutre exemple : il n'était pas rare que les ouvriers de l'usine Rhodiacéta travaillant en 4x8, à Besançon, ne fasse une seconde journée de travail chez un autre employeur ou à la ferme. Là où ils avaient conservé quelques têtes de bétail, ne serait-ce que pour ne pas perdre de temps.
Les origines paysannes de la plupart des jeunes ouvriers arrivés tout droit de leur campagne au moment de l'exode rural servirent de prétexte au PCF qui avait besoin de justification quant au spontanéisme et au radicalisme des ouvriers d'Alsthom à Belfort, de Rhodiacéta et de Lip à Besançon. Dépassé par Mai 68, le PCF se mit à théoriser sur le manque de tradition ouvrière de cette fraction de la classe ouvrière qui, nous l'avons dit, ne rechignait pas à travailler pour plusieurs employeurs. Lesquels travailleurs, parfois gauchistes et jusqu'auboutistes, n'étaient pas passés par le rouleau compresseur du stalinisme. On a les théories qu'on peut !
Bref, la polémique que Lénine engage avec ceux qu'il appelle généralement : les populistes, touchaient de près ou de loin aux mêmes thèmes que celle que Marx engagea avec les conceptions de Malthus qu'il jugeait réactionnaires. Malthus théorisait au sujet des risques de surpopulation que l'augmentation du niveau de vie entrainerait du côté des moins nantis et vis-à-vis desquels il voulait instaurer un contrôle des naissances. Conceptions alarmistes qui auraient tendance à rebondir, depuis peu, à travers des théories telles que celle du réchauffement climatique entre autres. Sans parler des risques de surpopulation, qui hantent encore les écologistes. Un malthusianisme moderne, en somme.
Les dangers viennent du capitalisme finissant !

Commentaires
Au rive gauche
Visiteurs
Depuis la création 73 436
Derniers commentaires